14/ Curiosité et amours sages

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— Ma voiture est plus confortable, dit-il en ouvrant la portière.

— Votre voiture ne permet pas d'observer les étoiles.

— Dans ma voiture, il n'y aura pas deux jeunes gens cherchant un moyen de se bécoter sans vous mettre mal à l'aise.

— Done. J'arrive.

Katerine sort en envoyant un message à Sil.

— Mais on est obligé de rester. Au cas où. C'est une convention entre Sylvia et moi. Je ne la laisse pas seule. Jamais.

— Pas de problème. J'ai pris de quoi manger et boire en passant.

— Vous êtes prévoyant, dites donc.

— Et vous trop protectrice mais... je trouve ça charmant.

— N'imaginez pas qu'il va se passer quoi que ce soit entre nous ! Je vous préviens ! dit-elle avec un regard noir en entrant dans la voiture de Campbell.

— Je n'imagine rien. Vous n'êtes pas mon genre.

— Je m'en doutais.

— Ah, bon ?

— Rapport au maillot de bain de cet après-midi.

— Je suis un peu perdu. Le maillot de bain vous a indiqué que vous n'étiez pas mon style ?

— Il appartient à quelqu'un de plus rembourrée, si vous voyez ce que je veux dire, lâche Katerine en montrant sa poitrine.

— C'est sûr ! Celle à qui appartient ce maillot est beaucoup mieux proportionnée de ce point de vue-là ! dit Campbell en éclatant de rire. Mais je vous arrête tout de suite. Contrairement à ce que vous pensez, je n'ai pas une fille pour chaque jour de la semaine. La propriétaire du maillot est ma sœur ! lance-t-il amusé, en croquant dans un sandwich.

— Votre sœur, s'exclame Kat en rosissant. Heureusement la pénombre dissimule sa gêne.

— Oui, ma sœur. Enfin, l'une de mes sœurs ! J'en ai trois, pour tout vous dire. Trois nageuses hors pair et trois enquiquineuses de premier choix.

Campbell sait tout ou presque d'elle. Elle ne sait rien de lui. Et dans cette voiture noyée d'obscurité, elle se découvre une curiosité dévorante pour cet homme. Peut-être arrivera-t-elle à comprendre l'intérêt qu'il semble développer pour son insignifiante petite personne ?

— Elles sont plus jeunes ou plus vielles ?

— L'une d'entre elle a le même âge que moi puisque c'est ma jumelle. Les deux autres sont arrivées après nous. Deux chipies très curieuses. D'ailleurs, elles étaient très excitées de me voir partir ce soir sans arriver à me tirer les vers du nez...

— Elles vivent avec vous !

— Non. Mlle Bridgewater ! Je ne vis pas chez mes parents ! Mais je leur rends visite régulièrement ! La maison sur la plage leur appartient, dit-il en croquant de nouveau dans son sandwich.

Katerine n'a pas encore touché au sien. Elle regarde dehors. Elle voit Charles et Sil dans la décapotable à quelques mètres. Ils discutent vraiment. Ces deux-là ! Ils se sont trouvés ! Kat se rend compte brusquement que si son amie tient le coup avec Charles, son existence entière va changer. Elles ne font rien l'une sans l'autre depuis si longtemps.

— Ils ont l'air de bien s'entendre... et d'être... très... très sages... dit Campbell en souriant.

— Le contraire aurait été étonnant. Avec des cerveaux comme les leurs, l'instinct de préservation de l'espèce ne prime pas...

— En d'autres termes ?

— Aucune spontanéité et pas d'élans passionnés. Ce qui m'arrange parce que j'aime bien Charles. J'aurais été très ennuyée de lui refaire le portrait.

Matthew éclate de rire en la regardant.

— Quoi ?

— Je vous imagine en train de vous ruer sur ce pauvre Charles, telle une furie...

— Et bien ceux à qui ça arrive ne rigolent pas longtemps en général. Je suis ceinture noire de karaté et je pratique d'autres arts martiaux avec beaucoup d'assiduité.

Mais il savait déjà. Le dossier de recrutement était bien documenté.

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant