47/ Amour perdu ou à reconquérir

980 139 0
                                    

— Je ne comprends pas, Kate.

— Tu as vu la photo que je t'ai envoyée ? La boite ? Dedans, il y a des tonnes de photos de moi et une lettre. Une lettre qu'il a écrite récemment. Il t'aimait maman. Il t'aimait toujours. Et sa veuve l'a toujours su. Elle a vécu dans ton ombre toutes ces années. Il t'aimait et tu lui avais donné un enfant, ce qu'elle s'est révélée incapable de faire.

— La pauvre...

— La pauvre ? Tu n'étais pas là ce matin ! Je te jure qu'elle ne m'a pas fait pitié !

— Elle a dû souffrir énormément, Katerine. Ne pas pouvoir enfanter quand on le désire vraiment est sans doute encore plus douloureux que de ne pas se sentir aimé...

Katerine n'imagine pas. Elle ne désire pas d'enfant. Pas maintenant. Peut-être jamais. Mais elle sait écouter. Elle sent une fêlure dans la voix de sa mère. Lydia prend conscience que si elle n'avait pas tranché dans le vif à l'époque, si elle avait accepté de partager James, si elle avait accepté d'espérer, si elle n'avait pas eu si peur d'un amour durable... Tout aurait été différent pour elle. Pour Katerine.

— Maman.

— Tu dois être bouleversée... ma chérie. Tu veux que je vienne. Je vais demander un congé. Tant pis si...

— Non, maman. Sylvia arrive.

— Sylvia ? Mais je croyais qu'elle ne pouvait pas prendre l'avion.

— Oui... Mais écoute, je ne sais pas ce qui se passe. Elle m'a juste envoyé un message pour me dire qu'elle serait là demain matin... j'ignore comment elle va s'y prendre...

— C'est totalement...

— Je sais, mais je suis trop contente pour tenter de trouver des réponses.

Lydia est étonnée. La terreur de Sylvia vis-à-vis de l'avion ne peut se soigner aussi vite, ni même disparaître tout à fait ! Puis, elle songe à Matthew Campell qu'elle a aperçu cet après-midi à l'hôpital. Il venait chercher une ordonnance pour des somnifères... des somnifères... Lydia sourit.

— Pourquoi souris-tu ?

Fichue appel vidéo ! Lydia se reprend aussitôt.

— Je suis contente qu'elle te rejoigne. Vous allez vivre de grands moments là-bas ! J'imagine qu'elle a concocté un programme...

— Tous les lieux magiques des comédies romantiques tournées à New-York... En attendant, je crois que je vais aller faire un petit tour avant d'aller me coucher...



— C'est elle ?

— Oui. Elle m'envoie des photos. Elle est allée se promener.

— Toute seule ? Mais elle est ...

Campbell serre les poings plus que de raison. Savoir Katerine seule dans New York avec tout ce que cette ville recèle de dangers... Ça le met hors de lui ! Il en veut à Lydia. Quel genre de mère laisse sa fille aller toute seule à l'ouverture du testament de son père dans une ville inconnue ?

— Ceinture noire de karaté ! Vous vous rappelez ?

— Parfois, ça ne suffit pas.

— Vous savez qu'elle a réussi à vivre 23 ans sans vous ? dit Sylvia en souriant. Et puis, à bon entendeur, la dernière photo, c'est elle dans un lit immense... Je pense qu'elle a trouvé le chemin du retour sans problème. Vous devriez cesser de vous en faire pour elle, et plutôt vous inquiétez de ce qu'elle va faire quand elle va nous voir arriver...

— Le conseil vaut pour toi aussi, non ?

Le passage du vouvoiement au tutoiement étonne Sylvia. Elle se doutait que ce voyage avec son patron allaient changer la nature de leurs liens. Mais pas aussi vite. Elle n'est pas prête.

— Je sais. À cause de vous, nous expérimentons des situations jusqu'alors inconnues. Je lui mens. Nous nous fâchons...

— Je suis désolé.

— Vous ne devriez pas. Ça met notre amitié à l'épreuve. Ça nous montre que nous sommes très attachées l'une à l'autre. Ça renforce nos liens. C'est comme dans un vieux couple. Il faut parfois faire de nouveaux efforts pour convaincre l'autre de notre affection. Il faut parfois se fâcher pour mieux se réconcilier.

— Tu es une vraie philosophe, ma parole.

— Moquez-vous ! Moi, je sais qu'elle ne m'en voudra pas longtemps... mais vous...

— Hé ! C'est quand même elle qui a rompu !

— Vous ne lui avez pas laissé le choix !

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant