À l'heure du déjeuner, Sylvia donne rendez-vous à Katerine dans les cuisines.
— Alors ?
— Pas de problème majeur pour le moment. Charles est un homme charmant.
— Tu veux dire un gentil garçon ? Parce qu'il a une coupe ringarde et des lunettes disgracieuses, mais il doit avoir... Allez ! À peine quelques années de plus que nous. C'est sûr.
— Et bien, c'est un garçon charmant. Et pas trop bavard. Ce qui est bien.
— Mais ?
— On ne peut pas en dire autant de M. Greengard. Il est passé quatre fois dans la matinée pour savoir si ça allait !!! Charles m'a dit que c'était la première fois qu'il le voyait autant en une seule journée...
— Greengard est peut-être très prévenant... ou il a flashé sur toi ! dit Katerine en donnant un petit coup de coude à Sylvia.
— N'importe quoi ! Je pense plutôt que mon père lui a raconté n'importe quoi sur moi... je vais le...
— Tut ! Tut ! Tut ! Tu ne vas rien du tout ! Ton père te protège.
— C'est lui qui m'a envoyée ici ! S'il me protégeait, il n'aurait pas fait ça !
— Il ne t'a pas envoyée toute seule...Tu as la chance d'avoir ta meilleure-amie-pour-la-vie avec toi, et moi, j'ai l'infime félicité d'être sous les ordres de Mlle Beautemps, s'exclame Katerine en mimant l'air pincé de la femme en question. C'est moi qui vais étriper ton père...
— Qu'est-ce qu'elle t'a fait faire ? demande Sylvia avec un petit sourire contrit.
— Les salles de bain, et principalement les toilettes. Voilà une ligne que je vais adorer ajouter à mon CV plus tard : « nettoyeuse professionnelle de toilettes ». Ça devrait le faire.
— Tu te souviens quand tu voulais devenir nettoyeuse de scènes de crime...
— Ah, oui ! C'était ma période police scientifique... mais comme je n'avais pas les moyens intellectuels pour un jour prétendre intégrer ce genre de service, j'avais opté pour la gamme en dessous... rit Katerine. Tu as raison, je vais imaginer que je suis sur des scènes de crime...
— Des scènes de crime ? s'exclame une voix masculine derrière les filles.
Elles se retournent en même temps. Sylvia pique un far immédiatement devant le regard interrogateur de Katerine, qui ne voit pas pourquoi son amie se sent gênée face au type qui se trouve devant elles.
— Pardon, mais on se connaît ? dit Katerine d'un air agressif. Dans la matinée, elle a déjà eu à faire à des serveurs et des commis pénibles. Certains ont senti a chair fraîche.
Sa tirade est immédiatement suivie d'un coup dans les cotes de la part de Sylvia, qui, contre toute attente, prend la parole.
— Katerine, je te présente Matthew Campbell, le bras droit de M. Greengard.
— Autant pour moi, murmure Katerine.
Grand. Baraqué. Brun. Les yeux océan. Une coupe de cheveux un brin martiale que toute personne saine d'esprit aurait envie de mettre en désordre. Costume trois pièces très élégant. Autant le dire de suite, ce Matthew Campbell n'est pas mal du tout. Malheureusement, à voir son sourire en coin et son regard qui jauge les deux jeunes femmes, il le sait. Un tombeur, donc. Katerine a une tactique imparable avec ce genre de gars. Elle les fait douter. Ce qui immanquablement les met en rogne. Elle adore ça. C'est tellement amusant de voir ces grands garçons tellement sûrs d'eux et de leur séduction, se prendre une veste !
Elle va pour commencer à répliquer, quand elle sent de nouveau un petit coup qui la surprend. Sylvia lui fait non de la tête. Allons bon. Sylvia en pince pour ce type ? Mais elle le connaît à peine ! Et puis, il est un peu vieux... la trentaine bien tassée ! Bon, il va falloir ruser alors...
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Faire le grand saut
أدب نسائيQuand le père de Sylvia la contraint, elle et sa meilleure amie, à accepter un job d'été dans un hôtel, il n'imaginait pas qu'il allait non seulement changer l'existence de sa fille qu'il adore, mais aussi, et d'une manière bien plus radicale, celle...