44/ Solitude et nouvelles perspectives

959 143 0
                                    

Katerine n'avait rien dit à M. Philips. Elle lui avait juste tendu l'adresse inscrite sur un papier.

— Il y a un hôtel à cette adresse ? Je ne le connais pas... J'espère que ça n'est pas un bouge ! Si c'est le cas, j'ai plein d'adresses bon marché et tout à fait acceptables.

— Ça va aller, M. Philips. Je suis sûre que ce sera bien, dit Kate avec un sourire serein.

— Une chose est sûre, la cantine est sur le chemin ! Une belle part de cheesecake est ce qu'il vous faut ! J'en suis sûr ! s'exclame M. Philips qui n'a pas manqué de remarquer les yeux rougis de la jeune fille.


— Tourne encore... bon sang ! Mais c'est gigantesque ! s'écrie Sylvia.

— 100 m² seulement, dit-elle avec une voix pincée. Et c'est ... je te le donne en mille !!! Dans la rue du film avec Meg Ryan et Tom Hanks ! Tu sais « Vous avez un message » ! Je suis dans la rue du film et j'ai vu sur le parc où le film finit !

— C'est pas vrai !

— Mais si !

— J'adore ! J'adore ! C'est trop génial ! C'est un signe ! C'est sûr... Mais dit donc princesse ! Tu vas y rester combien de temps, du coup...

— J'ai dit à maman de me rejoindre ce week-end, mais elle ne peut pas. Je vais faire le programme que tu m'as concoctée et puis je rentre. Sans doute samedi. Je vais voir. Peut-être avant.

Sylvia voudrait ne pas être terrorisée par les voyages en avion. Elle voudrait tant rejoindre son amie pour faire ensemble le tour des endroits vus dans des films romantiques. Mais elle ne peut pas. Rien que de penser à une carlingue tentant de se soustraire à l'apesanteur alors qu'elle est dedans lui donne des sueurs froides.


Charles, qui est dans le couloir juste à l'entrée du bureau, la voit clairement se tordre les mains.

— Que se passe-t-il Charles ?

— Oh ! M. Campbell ! Rien. Rien ! Je retourne à mon bureau pour ...

— Vous savez pourquoi Mlle Bridgewater est absente aujourd'hui ? L'excuse avancée est «problèmes familiaux ». L'aérodrome m'a confirmé qu'elle n'avait pas repris de rendez-vous. Elle n'est quand même pas allée sauter en parachute dans un autre État ?

— Je ... Je ne sais pas, Monsieur Campbell, marmonne Charles en jetant un œil vers Sylvia.

— Elle vous a dit de ne rien me dire ? C'est ça ?

— Oui, lâche Charles en fixant le parquet.

— Alors, je vais devoir aller directement à la source, dit simplement Campbell en posant une main amicale sur l'épaule de son responsable financier.

Matthew Campbell entre dans le bureau, et dès qu'elle le voit, Sylvia sait qu'elle va avoir du mal à ne rien dire. Même si ce job n'est que pour l'été, même si Campbell n'est certainement pas assez vindicatif pour se venger sur Charles, elle craint quand même des représailles. Et puis, au fond d'elle, elle pense que Matthew est parfait pour Katerine. Même si cette dernière ne veut rien entendre pour le moment.

— Kat ! Il va falloir que je raccroche. Je t'appelle ce soir ? Tu me raconteras... Je veux tout savoir de ta vie de new yorkaise.

À ces derniers mots, Sylvia voit Matthew tressaillir. Elle pose son appareil sur le bureau mais reste assise.

— Que fait Mlle Bridgewater à New-York, demande-t-il immédiatement.

— Son père est mort.

— Pardon ? Quoi ? Mais je croyais qu'elle ne savait pas qui c'était ? D'ailleurs, je n'ai pas cette information dans son dossier...

— C'est que cette information était confidentielle. Elle ne l'est plus.

— Son père vivait à New-York ?

— Il faut croire.

— Elle rentre quand ? Parce que nous sommes en sous-effectifs...

— Je croyais que vous ne vous occupiez pas des plannings, dit Sylvia en souriant.

— Vous êtes bien plus diabolique que vous ne le paraissez, Mlle Benford.

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant