Sylvia apparaît sur le seuil de l'appartement une heure plus tard. Katerine a eu le temps de se préparer. Pas son amie qui affiche un air renfrogné et des vêtements chiffonnés. Elle est seule. Katerine l'étreint avec force. Elle est si heureuse de la voir ici.
— J'ai besoin d'un café ultra fort et d'une douche...
— Pas de soucis. La salle de bain est à toi. Je t'ai préparé une serviette. Vas-y ! s'exclame Katerine en souriant. Je vais préparer du café.
Alors que Syl disparaît dans la salle de bain, Kat rouvre la porte d'entrée pour scruter le couloir. Se serait-elle trompée ? Sylvia serait-elle venue seule ? La veste serait une coïncidence ? Mais ça n'explique ni la présence du vêtement sur son amie, ni l'expédition mystérieuse de la photo...
— Je n'ai pas réussi à faire fonctionner cette foutue machine ! s'exclame Kat en tapant sur la cafetière sophistiquée qui trône dans la petite cuisine, quand Sylvia sort fraîche et changée de la salle de bain.
— Pas grave. On peut sortir...
— Tu as raison. Mais tu te sens en forme ?
— Ça va mieux. J'ai un peu mal au crane, mais bon... rien d'insupportable ! Je n'y crois pas ! Je suis là avec toi ! À New-York !
— Oui ! Et il va falloir que tu m'expliques comment tu as fait !
— Comment ça, comment j'ai fait ? J'ai pris l'avion !
— Oui... et donc...
— Quoi ?
— Arrêtes Sylvia ! Comment tu as fait pour ne pas avoir peur ?
— Somnifères.
— Mais je croyais que tu ne pouvais pas monter dans l'avion... qu'il fallait t'assommer avant ! Que...
— J'ai obtenu de l'aide.
On y était. Ce fut au tour de Katerine de prendre un air renfrogné.
— Et tu as eu l'aide de qui ?
— On va le prendre ce café ? dit Sylvia en marchant plus vite sur l'avenue.
Elle avait bien imaginé plusieurs manières d'amener la chose dans la conversation, mais aucune ne lui semblait satisfaisante. Et puis, à quoi bon prendre des pincettes ? Il fallait lui dire de toute façon.
— Sylvia !
— Matthew. Ok ! Bon ! J'ai eu l'aide de Matthew !
— Matthew ? Parce que tu l'appelles par son prénom maintenant ! s'exclame Katerine en arrêtant son amie au milieu de l'avenue sous le regard de quelques passants pressés. C'est l'heure de l'embauche.
— Et pourquoi pas !
— Pourquoi p... Sylvia !
— Quoi ! Tu crois que j'ai eu le choix ! C'était soit le suivre, soit te laisser seule avec ton chagrin ! C'était une opportunité, je l'ai saisi ! Même si j'étais morte de trouille à l'idée que ça ne fonctionne pas ! Mais je l'ai fait Kat ! Pour toi ! Grâce à lui !
Katerine est muette. Elle ne peut empêcher la colère d'être là, tapie, mais en même temps, elle comprend parfaitement l'effort surhumain que vient d'accomplir sa meilleure amie. Pour elle. Elle l'enlace.
— Pardonne-moi, Sylvia. Pardonne-moi. Merci ! Merci d'être venue. Peu importe qui ou comment. Je suis heureuse que tu sois là. Je suis tellement heureuse.
Elles restent ainsi un long moment avant de reprendre le chemin du café. Elles choisissent bien sûr, d'aller dans le Starbuck où Meg Ryan croise Tom Hank dans "Vous avez un message". Leur découverte de New-York ne peut commencer que par là !
Elles ne remarquent pas la silhouette de Matthew de l'autre côté de la rue. Il est resté pour être sûr que les deux filles ne s'écharpent pas. Mais il a eu tort de s'inquiéter. Elles s'aiment trop pour en arriver là.
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Faire le grand saut
ChickLitQuand le père de Sylvia la contraint, elle et sa meilleure amie, à accepter un job d'été dans un hôtel, il n'imaginait pas qu'il allait non seulement changer l'existence de sa fille qu'il adore, mais aussi, et d'une manière bien plus radicale, celle...