22/ A l'approche de la tempête

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Katerine n'a pas le choix. Quand elle a proposé le marché à sa mère, elle pensait que Lydia n'accepterait pas. Mais elle l'a fait. Et maintenant, c'est à son tour de vider son sac.

C'est alors que Sylvia apparaît avec l'air catastrophée d'une amie alarmée.

— Katerine ! Katerine ! Est-ce que ça va ? J'étais morte d'inquiétude... Bon sang, tu m'as fichu une de ces frousses en partant seule ! Bonjour, Mme Bridgewater ! Votre fille est un affreux monstre sans cœur...

Comme d'habitude, l'excitation qui a gagné Sylvia provoque chez elle une diarrhée verbale sans fin.

— Je vous laisse, les filles... ne crois pas t'en être sortie, Kat. Je veux la vérité... plus tard, dit Lydia en s'éclipsant.

— Kat ? Que s'est-il passé ?

— J'ai crevé la bulle, Sil. Il le fallait... Je ...

— Non ! Kat ! Tu n'as pas fait ça ! Kat ! Tu l'aimes !

— Je ne sais pas ! Sylvia ! Je ne sais plus rien ! Tout est si confus ! Tu avais raison... Je ne suis pas capable de supporter le bonheur... J'ai eu peur. J'ai tout fait foirer !!

Sylvia enveloppe son amie et s'allonge avec elle sur le lit. Elle est heureuse de pouvoir le faire. Après toutes ces années où elle a été un vrai boulet, c'est son tour d'être celle qui protège et console. Et la conscience de l'importance de ce rôle la rend plus forte. La rend fière. Elle aime Kat comme une sœur. Elle ne l'abandonnera jamais. Et comme Kat l'a aidée sur le chemin de l'amour, elle va tenter de faire de même.


Lydia prépare une tourte au poulet, plat préféré de sa fille. Elle a demandé à échanger sa garde de ce soir. D'habitude, elle est celle qui dépanne. Pour une fois qu'elle demande un service, on ne lui a pas refusé. Elles vont s'asseoir autour de cette table et discuter. Dès que Sylvia sera partie bien sûr. Pour le moment, elle les entend murmurer dans la chambre au-dessus.

Puis quelqu'un frappe à la porte.


— Katerine ? Sylvia ? Je peux entrer ?

— Oui, madame Bridgewater. Ça va.

— Il y a quelqu'un qui veut te voir, Katerine.

À la porte, juste derrière sa mère, la grande silhouette de Matthew Campbell paraît totalement surréaliste à Katerine. La jeune femme se redresse comme si elle était montée sur ressort. Sylvia se tient près d'elle. Indéfectible. Lydia les fixe un bref instant. Elle voit leurs visages défaits. Leur jeunesse. La culpabilité et la perplexité sur le visage de sa fille. La force nouvelle mais fragile de son amie. Deux gamines qui vont affronter la tempête. Car Matthew Campbell est la tempête. Lydia le pressent. Néanmoins, elle ne peut pas laisser Sylvia dans cette chambre. Elle n'y a pas sa place pour le moment.

— Sylvia ? Tu viens, dit-elle doucement en incitant la jeune femme avec un sourire.

Katerine doit impérativement discuter seule avec l'homme avec qui elle vient de rompre. C'est nécessaire. Pour elle. Pour lui. Lydia a toujours aimé les coupes franches.

Sylvia serre la main de son amie et sort de la chambre en suivant Lydia. Sur ce coup-là, elle ne peut pas aider Kat. Elle aussi veut croire que c'est la meilleure solution. Elle veut croire que Matthew Campbell est différent. Peut-être qu'il va pouvoir arranger les choses ? Aucun des anciens petits-amis de Katerine n'est jamais venu la voir après s'être fait méchamment fait larguer...

Matthew entre et ferme la porte. Il fixe Katerine qui se tient à l'autre bout de la chambre. Elle a mis autant de distance que possible entre eux dans cette petite chambre. Elle serre les poings et son visage reflète un ensemble de sentiments contradictoires. Elle en est consciente, mais ne peut empêcher la confusion qui règne en elle. Elle se pose mille questions. La première étant : que fait-il ici ?

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant