37/ Celle qui contrôle sa vie... ou presque !

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La matinée s'achève sur un long tunnel de nettoyage intense de salle de bain et de toilette. Ses collègues ont profité de sa bonne humeur, et elle les a laissés faire. Pour se faire pardonner sa conduite envers Campbell ? Qu'est-ce qu'il pourrait bien en avoir à faire qu'elle nettoie ou non toutes les salles de bain de la terre ? Elle est stupide, des fois ! Et qu'est-ce qui lui a pris d'accepter la proposition du serveur ? Elle ne connaît même pas son nom !

Sylvia la rejoint à leur coin habituel. Elle a un petit air gêné qui confirme les soupçons de Katerine.

— C'est toi qui lui as dit ?

— Oui. Désolée. Ça m'a échappé. Il m'a demandé gentiment ce qui me tracassait, et j'ai répondu spontanément. Sans réfléchir. C'est après que je me suis rendue compte à qui je parlais réellement... il avait l'air si furieux... comme dans la chambre...

Sylvia s'arrête. Elle ne sait pas si elle peut en parler sans provoquer de catastrophe émotionnelle chez son amie.

— Ne t'inquiète pas, Sil. Ça va bien...

— Il tient encore à toi, Katerine.

— Heureuse de l'entendre. Mais ça ne lui donne pas le droit de contrôler ma vie. Et certainement pas de cette façon.

— Il a fait quoi ?

— Peu importe. C'est ce que ça a provoqué qui risque de te déplaire.

— Quoi encore.

— On va à l'aérodrome avec trois des serveurs...

— Quoi ? Mais ? Tu les as invités ? Qu'est-ce qui t'as pris ?

— Matthew m'avait énervée ! Et puis, les trois autres sont arrivés et ils semblaient ne pas croire que je puisse faire ça...

— Moi non plus, je n'arrive pas à y croire !

— Ils m'ont défiée ! Alors j'ai accepté l'invitation d'y aller avec eux.

— Qu'est-ce que Campbell a dit ?

— Rien. Il ne pouvait rien dire, ni faire ! Pas devant eux.

— Je comprends mieux pourquoi il était si en colère en remontant... mais je ne crois pas qu'il ait dit son dernier mot.

— Et qu'est-ce que tu veux qu'il fasse ?



— Désolés les filles, mais ce sera sans nous !

— Comment ça ? Je croyais que tu voulais voir ?

— On nous a rajouté au planning du restaurant ce soir...

Katerine et Sylvia échangent un regard. Elles savent toutes les deux qui a pu faire ça. Kat est fâchée. Pas Sylvia qui sourit.

— Pas grave. Je vais rappeler M. Roberts, dit-elle en se tournant vers son amie.

— Le temps qu'il arrive et qu'on reparte, je serai en retard à mon rendez-vous !

— J'appelle un taxi ?

— Non ! Il va m'y emmener !

— Qui ça « il » ? demande Sylvia en suivant Katerine qui marche vers les ascenseurs, un air déterminé dans le regard et l'air revêche.

— Lui ! Campbell ! C'est de sa faute !

— Tu ne peux pas faire ça, Kat ! Il est notre patron et rien d'autre, à présent !

— Tu as dit qu'il tenait à moi !

— Oui, mais ça ne l'empêchera pas de nous virer si tu commences à lui créer des problèmes à l'hôtel ! Je te rappelle que c'est toi qui l'as jeté !

— Je sais, merci ! Mais ça n'empêche que Matthew Campbell ne va pas gâcher...

— Qu'est-ce que je ne vais pas gâcher ? demande l'intéressé en sortant de l'ascenseur dont les portes viennent de s'ouvrir devant les deux jeunes femmes.

Pendant une brève seconde, Katerine reste la bouche ouverte en suspend. Puis, elle se reprend. Pas question qu'il l'impressionne.

— Mon saut en parachute...

— Je ne vois pas de quoi vous parlez, répond-t-il avec un demi-sourire.

— Vraiment ? C'est un pur hasard si les trois serveurs de ce matin ont été rajoutés au planning ?

— Je ne m'occupe pas des plannings, Mlle Bridgwater. Et j'ai à faire !

— Mais oui ! Vous avez à faire ! Vous allez m'emmener à l'aérodrome !

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant