— Vous parliez de scène de crime ?
Ah ! Il n'a pas oublié. Bon. Ben, s'il faut être sympa ! Autant faire la cruche ou la psychopathe. La psychopathe... Ça mettra Sylvia en valeur, et ça aura le mérite de la faire rire un peu, elle.
— Oui. Je rêve d'en voir une en vrai. Je suis fan de ce genre de truc, dit-elle avec un air extatique de folle furieuse.
— Vraiment ?
— Ce doit être ... affreux. Tout ce sang, dit-elle avec un grand sourire devant le regard perplexe de Campbell.
Un silence est tombé. Elle voit le doute s'insinuer dans l'esprit du type. Elle voit même la question qui tourne en boucle dans son esprit : Et si cette fille est aussi déséquilibrée qu'elle le parait en cet instant ? Kat se retient de rire.
— Oui... Bon, ben, c'est pas tout ça. Il faut que j'y aille. Les toilettes vont pas se nettoyer toutes seules, dit-elle en tentant de se lever, mais le bras de Sylvia s'est enroulée autour du sien.
Aïe ! Ça, c'est pas bon signe. Plan d'urgence activé. Elle tombe le masque de la psycho et attrape son amie pour l'embarquer à sa suite.
— Excusez-nous M. Campbell. On a des trucs de filles à faire...
Et sans attendre, elles sortent sous le regard amusé de ce Matthew beaucoup trop séduisant. Il a manifestement compris qu'elle s'était moquée de lui.
— Mais c'est qui ce gars à la fin !!! murmure-t-elle en se dirigeant vers les toilettes.
Une fois à l'intérieur d'une cabine, les deux filles se mettent à parler en chuchotant.
— Il est venu lui aussi ce matin. Plusieurs fois. Pour s'assurer que j'allais bien.
— Tu as travaillé, en fait ? Parce qu'à force de recevoir la visite des patrons, tu n'as pas eu trop de temps, non ? dit Katerine en souriant.
— C'est que...
— Ce Matthew te plait ?
— Oui. Il est trop, trop, trop....
— Ok ! Ok ! J'ai compris... Tu sais qu'il est sans doute marié ou a une ex et trois gosses, ou bien une tripotée de fiancées... genre une pour chaque jour de la semaine !!! Un mec aussi canon ça à forcément une fille dans sa vie. Ou alors, il est gay ! C'est peut-être Charles qu'il venait voir !
— Arrête de dire des bêtises, exprès !
— C'est pas des bêtises !
— Si s'en est. Il n'a pas d'alliance, et il n'y a aucune femme en photo sur son bureau.
— Mais dis donc ! T'as vraiment pas bossé ce matin !
— Si ! J'ai revu le bilan annuel de l'année dernière pour me « familiariser avec les usages dans l'hôtellerie » comme a dit Charles.
— Et il en dit quoi Charles, de ton béguin !
— Rien, parce qu'il ne sait rien. Et puis, lui aussi, il flash sur M. Campbell.
— C'est une blague ?!! Dis-moi que c'est une blague ?! Tu es entourée d'un tombeur et d'un homo sympa... Arghhh ! Moi, je n'ai droit qu'à Mlle Beautemps. Elle m'a même interdit de discuter avec les femmes qui travaillent dans les chambres en même temps que moi... Tiens, en parlant de... Merde ! Faut que j'y retourne ! Sylvia attends-toi à me donner tous les détails ce soir... Tous les détails... Tu entends ! Et n'oublie pas ! Une fille pour chaque jour de la semaine ! Je t'aurais prévenue !
Katerine a dit ça à la volée en sortant des toilettes. Elle ne s'attend pas à croiser Matthew Campbell dans le couloir menant aux ascenseurs. A-t-il entendu ? C'est peu probable. Elle n'a pas parlé si fort que ça...
Ils entrent dans la cabine avec deux autres personnes. Des hommes de la maintenance qui discutent d'un problème de chaudière. Campbell se met près d'elle, mais sans être trop près tout de même. Puis, sans la regarder, il marmonne :
— Une fille pour chaque jour de la semaine... Vous avez éveillé ma curiosité. Je me demande de qui vous parliez...
— De... de son voisin... Du voisin de Sylvia. Elle a un faible pour lui.
Mais qu'est-ce qu'elle raconte ??? Elle est dingue ou quoi ? Le plus proche voisin de Sylvia a dans les soixante-dix ans et vit heureux en ménage avec sa femme !!!
— Le voisin de Sylvia... Je n'aurais pas pensé une aussi jeune femme attirée par les vieillards. Surtout Mlle Benford.
Katerine a failli avaler de travers. Comment sait-il pour le voisin ?
Les portes s'ouvrent sur l'étage de la direction, il va s'avancer, mais se penche d'abord vers Katerine.
— Nous n'embauchons personne sans nous renseigner un minimum, Mlle Bridgewater. Amie de la famille ou non ... Une femme pour chaque jour de la semaine... J'aime assez l'idée. Il faudra que j'y songe...
Et, il sort sans un mot de plus.
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Faire le grand saut
ChickLitQuand le père de Sylvia la contraint, elle et sa meilleure amie, à accepter un job d'été dans un hôtel, il n'imaginait pas qu'il allait non seulement changer l'existence de sa fille qu'il adore, mais aussi, et d'une manière bien plus radicale, celle...