Faire le grand saut

51/ Jeu de piste

Katerine reçoit la première photo alors qu'elles vont entrer au muséum d'histoire naturelle. On y voit une rue étrangement vide.

— C'est quoi ça ?

— C'est lui ?

— Toujours numéro masqué. J'imagine que oui. Sinon ça voudrait dire qu'il y a un autre psychopathe dans New-York et qu'il nous suit.

— Matthew n'est pas un psychopathe. Il est amoureux. C'est différent !

— Tu crois ? Et bien, s'il est amoureux, il devrait comprendre que j'ai besoin de temps et d'espace !

— Kat...

— Quoi ? Il veut tout décider ! Et il s'impose encore !

— Arrête ça, Kat !! Arrête ça, tout de suite ! Tu ne peux pas lui en vouloir d'être venu ! Il a fait des milliers de kilomètres pour toi ! Merde !

Katerine regarde Sylvia éberluée. Les coups d'éclats de son amie ne se comptent plus. Ça la perturbe.

— Sylvia. Qu'est-ce qui t'arrive ?

— Il m'arrive que tu es une vraie tête de mule !

— Ça n'est pas nouveau...

— Oui, mais là, tu exagères ! Bien sûr qu'il ne lâche pas l'affaire ! Il a la chance d'être amoureux d'une fille exceptionnelle ! Il ne va pas te laisser tomber comme ça ! Quoi que tu fasses !

Katerine sourit.

— Alors comme ça je suis une fille exceptionnelle !! dit-elle en lui donnant un petit coup de coude.

— Ce que tu peux être bête quand même !

— Probable... en tout cas, si la photo est un message, je ne le comprends pas.

— C'est pourtant évident. Il est seul. Sans toi, tout est vide.

La seconde photo arrive plus d'une heure après. Elles sont encore au musée, mais Sylvia s'est éclipsée aux toilettes. Katerine est seule. Cette fois, elle regarde avec attention la photo car elle cherche à savoir où se trouve Matthew. Elle reconnaît très vite l'endroit pour l'avoir vu dans de nombreux films dont au moins une comédie romantique. Elle prend aussitôt la liste de Sylvia et cherche le nom de la fontaine qui apparaît en arrière-plan des colonnades. Bethesda Terrace. « Quand Harry rencontre Sally ». Matthew n'est pas si loin. En fait, il est même tout près.

— C'est ce que je crois ? dit soudain son amie derrière elle.

— Exactement. Tu crois qu'il fait lui aussi les lieux romantiques ou plutôt, là où il y a eu des scènes d'actions mythiques. Je crois que cet endroit apparaît dans un « Mission impossible » et dans un « John Wick »... au moins.

Sylvia rigole.

— Attendons la prochaine. Pour voir.

Plus de doute. Il joue au petit Poucet avec leur liste de comédies romantiques. La suivante est au Metropolitan (encore « Quand Harry rencontre Sally ») près d'un temple égyptien. Katerine ne sait pas si elle doit en rire. Elle ne sait plus trop quoi penser. Si elle n'était pas si en colère contre lui, elle trouverait le procédé charmant, voire excitant. Mais la colère est encore là, même si elle s'atténue, elle doit bien le reconnaître.

— On pourrait y aller... pour voir... de toute façon, c'est sur notre liste.

— Hum... mais c'est encore lui qui mène la danse.

— Arrêtes avec ça ! C'est pas vrai ! Et alors ? Il mène la danse ! Et alors ? Imagine un peu ce que je ressens moi quand je suis avec toi ! Je te suis partout, Katerine ! Partout. Tu mènes la danse ! Je ne râle pas pour autant !

— Un petit peu là, quand même.

— C'est pour te montrer la bêtise de ton raisonnement.

— J'ai compris.

— Alors suis-le ! Suis-le ! Et tu verras où ça te mène !