52/ Se sentir chez soi

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Katerine découvre que suivre n'est pas si désagréable. Elle observe plus. Elle prend son temps. Elle ouvre grand les yeux sur cette immense ville tellement différente de la sienne. Ici le soleil est moins chaud. Le vent plus froid. Les gens plus pressés. Mais elle l'aime de plus en plus. Comme elle sent que son cœur se réchauffe à l'idée de revoir Matthew.

La quatrième photo montre la façade du Katz's delicatessen – Encore « Quand Harry Rencontre Sally » ! Décidément ! -. Et c'est justement l'heure de manger !

— Tu crois qu'il n'a vu que celui-là ?

— De quoi tu parles ? demandes Sylvia en avalant l'énorme bouchée de son sandwich au pastrami.

— Je parle de Matthew et de « Quand Harry rencontre Sally ».

— C'est possible. Tu sais les mâles dominants ne sont pas très romcom en général... En tout cas, c'est bien trouvé. Pile à la bonne heure pour manger ! Et c'est le meilleur pastrami que j'ai jamais mangé.

— Tu as tout à fait raison... maintenant, de là à avoir un orgasme !

Sylvia éclate de rire manquant rejeter tout ce qu'elle a dans la bouche. Elle est heureuse, mais elle sait qu'elle va devoir mettre un peu d'obscurité dans cette journée qui a pourtant si bien commencé. Il le faut, parce que malgré le mystérieux parcours de Matthew, elles ne sont pas là par hasard. Le père de Katerine vient de mourir. Il faut qu'elles en parlent.

— Tu sais ce qui est le plus étrange Sylvia ?

— Non, quoi ?

— C'est qu'ici, dans cette ville, j'ai l'impression d'être à ma place. C'est étrange comme sensation. — C'est perturbant.

Sylvia continue à mâcher. Elle attend la suite. Il y en aura forcément une. Katerine a le regard dans le vague. Elle réfléchit.

— Hier, quand je suis arrivée, j'ai cru que j'allais me perdre. Que la ville allait m'avaler et me faire disparaître. Los Angeles est aussi extraordinaire et exubérante mais de manière différente. C'était effrayant. Dans le cabinet de Maitre Lombardo, j'ai atterri. J'ai pris conscience que rien n'était différent en réalité. Il y avait les mêmes petites et mesquines personnes, les mêmes ennuis et les mêmes contrariétés qu'ailleurs. Et surtout, il y avait aussi des gens sympathiques faisant mentir la mauvaise réputation des New-yorkais.

— Et grâce à ton père, tu vas pouvoir profiter de cette ville, Kat.

— Oui. Grâce à mon père. Ou plutôt grâce à sa mort. Je ne sais pas si je dois me réjouir ou en pleurer. Pourquoi n'a-t-il pas voulu me connaître avant ? Nous aurions pu partager tant...

— Hé ! Katerine ! Il t'aimait. Tu le sais maintenant. Quelles que soient les raisons qu'il a invoqué pour son absence, il t'aimait et c'est tout ce qui compte. Et grâce à cet amour qu'il avait pour toi, tu vas pouvoir vivre tes rêves de voyages et de découvertes.

Katerine observe son amie. Sylvia se veut positive, même si elle sait qu'elles ne seront pas ensemble, à moins qu'elle n'arrive à gérer ses phobies...

— Je vais attendre que tu puisses m'accompagner de ton plein gré.

— La méthode somnifère est pas mal. Il faudrait juste que j'arrive à monter dans l'avion sans défaillir...

— Je sais que tu y arriveras un jour.

— Bien sûr, qu'elle va y arriver.

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant