Chapitre 27

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La chambre était calme, et il était là, dans cette lumière blanche éclairant l'ensemble de la pièce, terré presque seul dans ses lamentations. Il avait peur. Et ce sentiment, il avait su l'oublier. Il augmentait insalubrement, ses angoisses refaisaient surface. Et si, il échouait, qu'il n'y arrivait pas cette fois-ci. Que tout ce travail ne servait à rien. Tout comme ce voyage. Peut-être que son professeur avait placé trop d'espérance en lui. Cette n'était pas comme les autres fois. Il se sentait pesant, et il avait le souffle lourd. Pourtant il devait se ressaisir. Mistuya passa ses mains sur son visage pour le déformer afin de se ressaisir, refroidissant en lui cette envie constante de larme et de nausée. Sa gorge lui brûlait et il restait là allongé dans ce lit. Enfermé dans cette chambre qui n'était pas la sienne, il se sentait partagé entre plusieurs sentiments, mais cet endroit le réconfortait par l'odeur qu'il dégageait.

Il adorait l'odeur des lys. Aussi pur que beaux, ils symbolisaient tellement de choses à ses yeux. Cette couleur majestueuse, cette forme particulière avec ses six pétales tachetés, ces pistils proéminents si colorés, ce parfum si sauvage. De la noblesse en ressortait. La chambre de son amant semblait si belle, si calme... si reposante. Et elle sentait l'érotisme. Leurs valises étaient prêtes demain ils partiraient pour une semaine dans ce vaste monde qu'est la mode... L'idée de partir ne l'effrayait pas, non. Ses devoirs étaient bouclés, enfin ses vêtements pour son mannequin, qui était son amant depuis un bon moment. Mais l'ambiance des podiums, la scène, les coulisses et cette pression dans une ville réputée pour ses goûts en matière de mode, regroupant les grands créateurs, tout ça lui donnait le traque. Mistuya ne voulait plus rien. Quitte à abandonner et tout plaquer, il ne savait pas quoi faire d'autre.

Il souffla, s'étalant dans cet énorme lit ; est-ce qu'il allait y arriver. Il allait fermer les yeux, mais quelqu'un le coupa cet élan. Yuzuha était posée contre l'encadrement de la porte, elle semblait inquiète pour ce garçon qui ne voulait rien faire. Son grand frère de cœur semblait ailleurs...

Yuzuha est une fille mince de grande taille, et ses grands ses jaunes orangés vous regardent vous pouvez vous mettre à croire qu'ils vous menacent, mais cette fois-ci, ils paraissaient inquiets. Elle avait une fois de plus laissait ses cheveux de couleur gingembre et de longueur moyenne détachés. Habillée simplement d'un haut marin noir et d'un large pantalon de ville, des écouteurs autour du cou, elle se dirigea vers Mitsuya.

- « Taka... ça va ? T'as l'air ailleurs... »

- « Hum... »

- « Tu veux que j'appelle Hakkai ? »

- « Non. » elle arriva pour s'assoir au pied du lit, penchant légèrement la tête sur le côté, elle ne supportait pas voir son grand frère de cœur dans cet état. Mitsuya soupira fortement avant de se redresser, il le savait, la jeune femme voulait savoir ce qui n'allait pas. « S'il te plaît... il va s'inquiéter encore plus, et je ne veux pas qu'il le soit... »

- « Il l'est déjà, ça fait une demi-heure que tu fixes ce plafond... et lui... » il se mit à rire, se grattant le côté de son crâne. « Et lui, il déprime en parlant de toi... Pitié. Parlez-vous. »

- « Pardon... je ne... »

- « Taka, t'es stressé ? » il se mit à souffle, laissant tout l'air partir de ses poumons, essayant de ne pas craquer. Il devait rester fort, encore une dernière fois.

- « Non, c'est le traque du défilé c'est normal. » elle le regarda intensément, ses yeux jaunes semblaient le mettre à nu. « Peut-être que je ne devrais pas y aller après tout... »

- « C'est ça ouais. Tu sais, tu n'es pas tout seul à gérer tout ça. On est là, moi, et surtout Hakkai.» elle souffla à son tour. « D'ailleurs n'adopte jamais d'enfant... il ne sait pas gérer Mana et Luna... » puis un petit rire se fit entendre, il lâcha petit à petit prise. Il ne se sentait tout bonnement pas capable de réussir cet évènement, il ne se sentait pas capable d'y aller. « T'es incroyable, je ne t'ai jamais vu renoncer, tu ne vas pas commencer aujourd'hui quand même...»

𝘓𝘦 𝘴𝘰𝘯 𝘥𝘶 𝘑𝘢𝘻𝘻 | ᵇᵃʲⁱᶠᵘʸᵘ ᵈʳᵃᵏᵉʸ ᵐⁱˢᵗᵘᵏᵃⁱ |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant