Chapitre 3 : Jessica

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On arriva devant un grande maison, une très grande maison magnifique. Quelque chose que ma mère et moi n'aurions jamais pu rêver d'habiter. Nous avoir quitter pour une belle maison dans un coin perdu c'est plutôt limite, mais soit. On ne peut pas revenir en arrière de toutes façons. Je rentrai, suivis de mon père. Il monta ma valise je ne sais où, pendant que je restai plantée dans l'entrée comme une potiche. Je n'étais pas chez moi, je pourrais même dire que j'entrai chez un inconnu et je n'étais clairement pas à l'aise. Il redescendit pour me faire visiter. Après avoir vu le premier étage, belle cuisine, beau salon, beau jardin et tout ce qui va avec, il m'emmena au deuxième étage et me montra ma chambre, la salle de bain, sa chambre à lui, enfin tout quoi. Ma chambre était, je dois l'admettre, très jolie. Blanche, grise et un peu de bleu, sobre, parfait. C'était bien le seul point qu'il avait réussit à marquer depuis mon arrivée, ne pas me faire de chambre rose. Il me montrai rapidement le grenier mais on était bien conscient tout les deux que ce n'était pas franchement intéressant.

On redescendit au salon, et il me proposa de m'asseoir sur le canapé. Je le fis sans un mot, je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas si je devais être énervée, pleurer, crier, sauter de joie, j'étais complétement perdue.

- Je préfère te prévenir, il y a une cave mais je préfère vraiment que tu n'y mettes pas les pieds.

- Pourquoi ? lâchais-je un peu surprise.

- Il y a des ... Des fuites. Oui, souvent des fuites de gaz, c'est dangereux, des gens s'en occupent déjà mais mieux vaut ne pas prendre de risque.

- D'accord.

Il avait un ton très nerveux d'un coup. Quelqu'un frappa à la porte pour me sortir de cette situation plus que gênante.

- J'ai une surprise pour toi ! Dit mon père en entrant de nouveau dans la pièce.

Manon et Cindy firent leurs apparitions dans le salon et la joie envahit mon être.

- Tu as tellement grandis depuis la dernière fois ! me dit Cindy en me regardant de haut en bas avec un grand sourire.

Je ne pouvais m'empêcher de sourire.

- Et vous , vous avez tellement changées aussi !

Elles ont toujours été très jolies, autant la mère que la fille. Je rêvai de ressembler à Manon quand j'étais plus jeune, sans pour autant ressentir quelconque jalousie car elle était réellement comme ma soeur. Mais à l'époque je n'aurai pas été contre avoir son physique, aujourd'hui non plus d'ailleurs.

Mon regard se tourna vers mon père, qui regardait Cindy en souriant. Je refusai de penser à ça. Je ne pouvais pas m'imaginer mon père avec une autre femme, avec Cindy. C'était déjà assez compliqué comme ça de me dire qu'il allait jouer un pseudo rôle de père jusqu'à ma majorité, alors je ne voulais pas me rajouter de cauchemars.

Je les suivis jusqu'à la table de la salle à manger, et je n'avais même pas remarquer mais mon père avait commandé des sushis. L'ambiance était détendue, surtout parce-que j'y mettais du miens. Je voulais garder mon sourire le plus longtemps avant de tirer la gueule pendant des mois. Plusieurs sujets de conversations atterrirent sur la table, je n'y participais pas trop et répondais vaguement lorsqu'ils me posaient des questions. Non pas que j'avais quelque chose à cacher, mais c'était encore trop tôt pour parler de la personne que j'étais devenu grâce à ma mère en face de mon père. Au fond, je ne voulais pas lui donner le privilège d'apprendre à me connaitre.

Je ne sais pas comment, mais le sujet des garçons arriva sur la table pour mon plus grand déplaisir.

- Comment ça pas de petit copain ? demanda Cindy en faignant d'être extrêmement choquée.

- Pas de petit copain, répétais-je en haussant les épaules.

- Mais comment c'est possible ? Tu es magnifique ! lâcha Manon, ce qui me fis légèrement rougir.

Qu'est-ce que je déteste les compliments !

- J'ai pas dit que j'ai pas reçus de demandes , juste que ne les ai pas accepter . Pour moi , les hommes sont tous hypocrite et l'amour n'existe pas. Ils ne cherche qu'une chose et dès qu'ils l'ont, ils nous quittent ou nous font du mal. Je préfère m'amuser, je suis jeune, et rester célibataire me convient parfaitement.

Même si j'étais consciente que ça allait jeter un petit froid je ne pouvais pas m'empêcher de dire ce que j'avais sur le coeur à ce sujet. Oui, depuis le départ de mon père je n'ai fréquenté personne, par peur de souffrir, par peur de finir comme ma mère à attendre que mon mari rentre d'un bar à pas d'heure en sachant qu'il me trompe mais ne rien dire pour mon enfant. Je refuse que cela m'arrive. Je refuse d'être amoureuse, je m'en suis fait la promesse à partir du moment où j'ai appris que mon père avait trompé ma mère de nombreuses fois et que je pouvais être sûre qu'il ne reviendrait pas. je suis catégorique à ce sujet, c'est peut-être dommage, mais c'est la vie.

Manon changea de sujet en me parlant de l'école où je serai obligée de faire ma rentrée demain . Apparemment , elle n'est pas très grande et il n'y a pas beaucoup d'élève. Normal pour un lycée de campagne. Heureusement que j'ai fait beaucoup de shopping avant de partir, je n'ai vu aucun magasin sur la route. Pauvre de moi et mon armoire. Comment aurais-je fais pour me barricader derrière mon image si je n'avais pas eut les moyens de me trouver jolie.

A la fin du repas, je montai dans ma chambre avec Manon. Elle commença par me raconter quelques potins, qui était avec qui, qui couchait avec qui, qui détestait qui, je ne retenais aucun prénoms mais bon c'était toujours des informations à prendre. Elle me raconta que le niveau n'était pas très élevé et qu'il n'y avait qu'environ 500 élèves. Toutes ces informations ne m'accablaient pas de problèmes, car tout était déjà décidé : à 18 ans je partirai d'ici, même si j'aime beaucoup Cindy et Manon et que je risque potentiellement de me faire des amis ici, ce ne sera jamais assez pour me retenir dans ce trou paumé. Je retournerai dans ma ville, et commencerai un stage chez la soeur de ma mère qui est à la tête d'une entreprise d'édition. J'avais déjà réfléchi à tout, une fois mon diplôme en poche et ma majorité atteinte, tout ça ne sera plus qu'un lointain souvenir.

Manon décida de partir environ une heure après, et me proposa de venir me chercher demain matin. J'acceptai avec plaisir. Elle était toujours aussi naturelle et sympa, j'espérai vraiment pouvoir reprendre notre amitié là où on l'avait laissé.

Même si j'appréhendai un peu, j'avais un peu hâte de rejoindre ce nouvel établissement. Sans trop savoir à quoi m'attendre, j'espérai tout de même bien m'entendre avec certaines personnes malgré mon caractère des fois un peu trop trempé à mon goût.

Mon père était en train de dormir devant un film à la télé. Un soupir m'échappa. Même si ça ne changerait rien, j'espérai profondément qu'il avait changé. Pour lui, pour sa santé, j'espérai vraiment qu'il ne soit plus la même ordure. Malgré mon envie de monter dans ma chambre, j'éteignis doucement la télévision et hésitai même à lui mettre un plaid sur lui mais je me secouai de l'intérieur. Je ne vais pas être gentille avec lui, il ne le mérite pas. Pourtant, je sais que je devrais lui en vouloir plus, je lui en ai voulu tellement plus, mais de savoir qu'à part une tante à des milliers de kilomètres il est la seule famille que j'ai est un peu piquant.

J'allais me coucher en me forçant à penser uniquement à ma journée de demain. Je voulais bien dormir, ne plus penser à mon père.






You Don't Scare Me Bad BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant