Chapitre 11 : Jessica

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C'était plus agréable que ce j'aurais cru. Je devais bien admettre qu'il sentait bon. 

Je sentis son souffle sur mes cheveux. Je le vis tressaillir légèrement, sûrement un frisson, ce qui me fis sourire. Ce n'était pas prévu, pas explicable à qui que ce soit qui me poserait une question là-dessus, mais aucune envie de le repousser ne se fit ressentir dans tout mon être. 

- Tais-toi.

- Je n'ai rien dis ...

- Tu l'as pensé tellement fort que j'ai entendu. 

Je me mis à rire, il me rejoignit quelques instants après, laissant derrière lui pendant quelques secondes son déguisement de mauvais garçon mystérieux, et je ne pouvais que me rendre à l'évidence : le vrai Thomas était plus que mignon. 

Une toux nous fit sortir de ce moment aussi particulier qu'étrange. Bizarrement, nos deux corps reculèrent instinctivement. Manon et Cameron se tenaient devant la porte menant au sous-sol, un sourire enfantin collé aux lèvres. 

Le retour à la réalité était plutôt brutal. Je ne pouvais pas oublier tout ce qui venait de se passer, je n'étais pas aussi insouciante. 

- Il est réveillé , me dit Manon en perdant son sourire en voyant sûrement mon visage se refermer d'un coup. 

Je n'avais pas envie de redescendre là-bas. Pendant un instant, j'hésitai à y aller. A quoi bon affronter mon père ? Je n'étais pas sûre d'être prête ni pour la vérité ni pour d'énièmes mensonges. Je tournai la tête vers Thomas. En croisant à peine son regard je savais déjà qu'il attendait que j'avance, il ne pouvait pas se mettre à ma place, personne ne pouvait. Au milieu de toute cette haine existait encore un peu d'amour pour mon père malgré ces années de colère, et je ne pouvais pas me résoudre à ne pas aller m'assurer de son état. 

Thomas me tendit la main, et je n'hésitai pas à l'accepter. Cette situation n'était que pur mélange de bizarrerie et d'évènements surprenants. Me retrouver main dans la main avec Thomas ne faisait pas partie de mes plans pour la journée, et encore moins retrouver mon père à moitié mort dans un sous-sol. 

Il me maintenait fermement la main, comme s'il pensait que j'allais déguerpir à tout moment. C'est exactement au moment où je croisai le regard de mon père sur nos mains liées que je me rendis réellement compte de la situation. Nos mains n'avaient pas à être liées, nos corps n'avaient pas à être en contact et je n'avais aucune raison de me laisser aller avec ce garçon. Il était très beau, mais pas assez pour me faire baisser la garde plus longtemps et surtout en public. Je lâchai instinctivement sa main, que dis-je, je la rejetai d'un geste brusque comme si elle venait de me brûler.

Le silence était pesant, mais je ne savais pas quoi dire ou plutôt je ne savais pas par quoi commencer. Je finirais par crier si fort que ma voix allait se casser, mais je ne savais pas comment encore. 

- Alors tu sais tout ? 

Il me demandait ça comme si j'étais sa mère et lui un enfant ayant fait une bêtise. Je ne supportais pas ce regard, cet air triste, comme si je l'avais pris la main dans le sac. Je ne savais pas par quelle insulte commencer. 

- Écoute , je ...

- Non. 

Je ne voulais pas qu'il se justifie. Je n'avais besoin d'aucune justification, il n'y avait rien d'assez acceptable pour moi pour que cette discussion puisse être civilisée. Oui, l'histoire de Thomas était belle et sûrement que celle d'autres personnes l'est aussi, mais je ne voulais rien entendre, ni éloges ni excuses. Rien ne pouvait changer le passer, et mon père aurait pu devenir un grand prête spirituel adulé que cela n'aurait rien changé au passé, son passé et le mien par la même occasion. Pourtant, tout n'est pas si simple, un regard de mépris ne pouvait pas laisser transparaitre toute ma rage et ma colère. Le visage de ma mère faisant semblant de sourire pour me rassurer, ces années de galères et de débrouilles, de peurs et de pleurs, rien au monde ne pourrait effacer tout ça. 

You Don't Scare Me Bad BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant