Putain de coloc

Chapitre 36

PDV Gabriel

On arrive enfin au chalet. Chaque année, nos parents louent le même chalet avec leur bande d'amis. Il faut dire qu'on est nombreux, dix-neuf, et que ce n'est pas si simple de trouver un logement qui peut tous nous accueillir.

Au programme : ski, soirées et rigolades entre potes durant une semaine.

L'avantage de louer le même chalet chaque année, c'est qu'on n'a pas à refaire l'organisation des chambres qui peut franchement s'avérer problématique. Les parents ont chacun la leur avec salle de bain privative, et nous, on est répartis dans les trois restantes. Les petits (Elise, Claire et Léa) dorment ensemble, Charlotte et Juliette ont une chambre pour elles deux et les garçons, nous dormons ensemble, c'est-à-dire Seb, Baptiste et moi. Depuis deux ans, Jonathan a quitté la chambre des petits et est aussi dans notre chambre, les parents avaient décrété qu'ils étaient trop grands pour être encore mixés (filles-garçons je veux dire). Je dois dire que ça se passe plutôt bien, même si c'est un peu chiant quand on rentre de soirée car il est déjà couché et on doit faire plus attention. Non clairement, tout roule, sauf peut-être niveau salle de bain. Parce que, et c'est là que les problèmes arrivent, il n'y a que deux salles de bain pour nous, soit neuf personnes – dont cinq filles. Les parents ont donc tranché, une salle de bain filles, une salle de bain garçons, ce qui ne convient pas du tout aux filles. Evidemment, ce sont elles qui passent le plus de temps devant le miroir et elles doivent la partager à cinq alors que nous partageons la notre à quatre.

Je dois dire qu'on s'en est plutôt bien tiré et que ça nous a donné un sacré avantage, vous n'imaginez pas ! Comme notre salle de bain est bien plus libre que la leur (on est plus rapide – pas de lissage, frisage, séchage, ... – à quoi il faut ajouter que Jojo est dans sa phase je ne me lave pas) nous nous sommes lancés dans le marché noir de salle de bain. Eh oui ! Nous leur échangeons du temps dans notre salle de bain contre des services ou la récupération de certaines de nos tâches ménagères. Vous savez ce qu'on dit, dans la vie, c'est marche ou crève ! D'ailleurs, je me dis que cette année, je pourrais proposer à Charlotte de squatter un peu ma salle de bain, en échange d'accepter que je sois à l'intérieur également. Il faudra juste être discret sur la sortie.

Toutes les voitures sont enfin déchargées et chacun a pris ses quartiers. L'autre inconvénient à avoir Jojo dans notre chambre, c'est qu'on peut un peu moins parler de filles. Enfin c'était le cas des deux précédentes années car maintenant, il a treize ans, il et temps qu'il apprenne et avec nous il sera à bonne école !

- Bon, ce soir on sort, nous dit Baptiste. Il faut que je trouve une fille, vous vous rendez compte, je n'ai rien fait depuis le vendredi avant qu'on parte en Bretagne.

- Quoi ? La meuf que t'as dragué au bar la semaine dernière t'a recalé ?

- Tu plaisantes, c'est moi qui l'ai recalée, une fois aux toilettes, avec le changement de lumière, je me suis rendu compte qu'elle était dégueulasse.

- Et alors ? Tu fais quoi de ta devise « un trou est un trou » ?

- Figure-toi que je me suis aperçu qu'il y avait des limites ! dit-il en grimaçant, ce qui nous fait rire.

- Bon et toi Jojo, t'en es où avec les filles ? lui demande Seb.

- Mouof ...

- Ça veut dire quoi ça ?

- Franchement, elles sont bêtes, elles n'arrêtent pas de rigoler tout le temps, et elles ne parlent que de trucs nuls.

- Dis-toi qu'elles pensent la même chose de toi !