BONUS 2

1.7K 147 21
                                    

BONUS –

                    PDV Charlotte



Avant de vous laisser définitivement, je voulais vous parler du vaste complot de la maternité ! Il est temps de lever le voile sur tout ce qu'on ne nous dit pas. Et Vous et moi, on a tellement partagé que je ne me voyais pas vous laisser dans l'ignorance et le mensonge.

Le mariage, c'est fait, c'était merveilleux, et maintenant je suis Charlotte Le Guellec, femme de Gabriel Le Guellec et mère de Louise Le Guellec. Je suis aussi une femme épuisée et fâchée contre le monde car on lui a menti. Et le pire dans tout ça, c'est que même ma mère m'a menti ! Oui, Noémie Miller a participé au vaste complot de la maternité. Et je ne m'en remets pas.

Car lorsqu'on vous parle bébés, famille, enfants, on vous vend du rêve. Eh bien sachez que ce n'est pas la réalité. Le bébé qui fait ses nuits, la grossesse merveilleuse avec la libido exacerbée et les cheveux et la peau magnifiques, l'accouchement sans douleur et sans stress, toussa ... MENSONGES EHONTES !

Il ne m'a pas fallu longtemps pour tomber enceinte quand nous avons décidé d'agrandir notre famille Gabriel et moi. Et très vite, j'ai commencé à entrevoir l'existence du complot. On vous parle des petites nausées matinales, mais pas des gros vomissements geysers perpétuels. Je pourrais vous en écrire une thèse que je nommerais : ou l'art de bien choisir ce qu'on mange pour moins souffrir quand ça ressort. Si j'avais quelques kilos de trop au début, je suis donc devenue super bien foutue très rapidement à coups de kilos en moins, et aussi très fatiguée. Ce n'est pas compliqué, je crois que je n'ai pas vu plus de quinze minutes du film du soir pendant ma grossesse.

Et la libido on fire on en parle ? Non parce que c'est plutôt ma libido qui a brûlé en fait. En même temps, comment voulez-vous avoir envie de vous savez quoi entre deux gerbouillis ? Et quand les gerbouillis vont mieux et que vous êtes moins fatiguées, c'est la phase cachalot qui démarre, celle où vous êtes plus profonde que large, où quand vous marchez, vous balancez de droite à gauche et où les positions ne sont pas franchement confortables (et je ne parle pas du changement de position qui prend facilement cinq minutes et dont s'ensuit la débandade).

Mais comme je vous le disais juste avant, il ne s'agit là que de la partie superficielle du complot, parce que quand on creuse un peu plus, en gros quand arrive l'accouchement, on découvre la suite, mais pas la fin croyez-moi !

Pour commencer, on vous laisse souffrir le martyr jusqu'à ce que les chiffres soient bons. J'entends par là, jusqu'à ce que le personnel médical arrive à vous caler assez de doigts au niveau du col de votre utérus pour décider qu'enfin la personne la plus appréciée de la maternité, j'ai nommé l'anesthésiste, puisse enfin vous soulager. J'aime Gabriel, profondément, mais ce n'est rien à côté de cet homme que je vénère littéralement.

Puis vient le moment de l'expulsion après que de nouveau un certain nombre d'heure ait défilé. Et là, j'ai envie de dire que si vous avez eu de la chance, vous avez déjà fait caca avant la péridurale, mais sinon ... il est possible que bébé ne sente pas la rose en atterrissant dans vos bras ! Si vous avez un peu moins de chance, vous pouvez avoir droit à un petit retour des gerbouillis pour vous signaler l'expulsion imminente. Et si vous avez encore moins de chance cette expulsion peut s'accompagner d'une magnifique déchirure de votre chair ou devrais-je dire de votre pourtour vaginal, que le personnel médial prendra grand plaisir à recoudre ensuite. En même temps, vous vous attentiez à quoi, si déjà vous vous sentiez bien remplies avec le sexe de votre chéri, comment vouliez vous qu'un melon passe sans dommage ?

Ah et j'ai oublié de vous parler de la pudeur. Qu'on soit clair, à partir du moment où vous mettez un pied à la maternité, votre foufoune et vos seins passent domaine public. Entre le défilé pour voir qui vous calera le plus de doigts avant que bébé ne soit là, puis les visites pour voir si le lait sort bien et vous caler encore quelques doigts. Alors bien sûr, on vous demande toujours avant si vous êtes d'accord. Et quoi ?! Peut-on vraiment dire « non, pas aujourd'hui, repassez demain ! »

Et l'allaitement, tiens, parlons-en ! Un véritable chapitre dans ce complot. Le lien mère-enfant, l'immunité, la facilité, les économies ... l'esclavage car bébé est entièrement dépendant de vous et de votre production, les gens qui jugent la quantité de lait produite et la fréquence des tétés, les suggestions perpétuelles de « il pleure ... il a faim, mets bébé au sein » ! Euhhh comment dire, il vient de finir de me pomper y'a pas dix minutes ! Et la douleur, oui parlons-en de la douleur. Un suçon perpétuel sur vos tétons, des crevasses, de l'engorgement, mais là encore, on ne vous dit pas tout !

Et puis il y a aussi le glamour. Est-ce que porter des espèces de couches-culottes pour contenir le flot de sang qui coule pendant les dix jours suivant l'accouchement c'est vraiment sexy ? Pas sûr. De même que le bidou tout flasque qui persiste plus ou moins longtemps après l'accouchement.

Et puis il y a la maternité en soi ! La perte des libertés. Ben oui, maintenant, si vous voulez vous barrer au ciné, il faut quand-même vérifier que quelqu'un sera là pour jeter un œil sur votre progéniture. Et les nuits ? Fini les grasse mat', bonjour les multiples réveils nocturnes durant lesquels bébé peut se montrer farceur et décider de faire pipi pile au moment où vous étiez en train de le changer. Pas grave, vous vous changerez aussi, puis ce n'est que du pipi, ne vous plaignez pas, vous avez eu de la chance, ça aurait pu venir du trou plus derrière !

Maintenant, vous ne pourrez plus dire que vous n'étiez pas au courant. Mais deux questions persistent.

Pourquoi ne pas dire la vérité et participer à ce complot ? Tout simplement car l'espèce humaine s'éteindrait.

Ça c'était la première question. Et voici la seconde.

Pourquoi as-tu fait un deuxième enfant alors que tu savais ? Parfois je me demande ! Mais quand je réfléchis, je me dis que tous ces inconvénients, ce n'est rien à côté de ce que vous apporte votre enfant. Et puisque beaucoup y repassent, c'est bien la preuve que finalement, ce n'est pas si terrible ! Et c'est comme ça que deux ans après je me retrouve en train de pousser, Gabriel me tenant la main, pour enfin accueillir notre petite Eva.

Et quand je vois l'amour dans les yeux de mon mari quand enfin Eva est posée sur moi, et quand je regarde cette petite tête parfaite, je sais. Je sais tout le bonheur que je ressentirai à l'aimer, je sais déjà à quel point je serai heureuse quand j'assisterai à toutes ses premières fois, et je sais comme nous serons comblés par la famille que nous avons. 

Putain de colocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant