Chapitre 41

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PDV Charlotte



Mon cœur est en mille morceaux, piétiné et broyé par Gabriel Le Guellec. Ce garçon que j'aime depuis toujours m'a fait entrevoir la possibilité d'un avenir à deux pour finalement transformer mon rêve en cauchemar avec seulement quelques mots.

Les mots blessent et tuent de l'intérieur, et en ce moment même, je ne souhaite que rester dans mon lit, seule. J'ai passé ma nuit à pleurer et mon flot de larmes ne se tarit pas. Imaginez-vous goûter enfin à la chose que vous désirez tant depuis des années, qu'elle soit encore meilleure que ce que vous avez imaginé et qu'on vous la reprenne si brutalement. Je n'ose même pas sortir pour aller aux toilettes, j'ai trop peur de croiser mon frère et cette fiotte de Gabriel. Mes yeux sont à coup sûr rouges et bouffis, et je ne veux pas qu'ils me voient comme ça. Alors je continue à pleurer. Vous connaissez le dicton, pleure, tu pisseras moins. Ben parfait, ça me permettra peut-être de tenir un peu plus longtemps sans aller me soulager. Par contre, ça ne fonctionne pas pour le caca, mais je n'ai pas envie pour l'instant donc ce n'est pas un problème.

- Chacha, il est bientôt deux heures, tu viens manger ?

- Mhhh, pas faim, je veux dormir encore.

- Charlotte, tu es au lit depuis hier après-midi.

- Je suis fatiguée, j'ai le décalage horaire mauvais.

- Tu veux que je t'amène à manger dans ton lit ?

- J'ai pas faim.

- Je te préviens, ça fait deux mois que je ne vous ai pas vus, hors de question de ne pas profiter de nos retrouvailles, ce soir on sort alors tu as intérêt à être d'attaque.

- Non, Ba, je sortirai avec vous demain. Je ne me sens pas top en plus, j'ai du prendre froid dans l'avion.

- Ah c'est possible, tu as la voix un peu enrouée et le nez qui coule on dirait.

- Oui ... du coup je préfère me reposer ce soir et ne sortir que demain.

- D'accord. Tu vas quand-même pointer le bout de ton nez avant ce soir ?

- Je ne pense pas ...

- Ok, alors repose toi bien, ajoute-t-il en me faisant un bisou sur la tempe.

Je m'enfonce un peu plus dans mon lit et souffle enfin lorsqu'il referme la porte. Je n'aime pas cacher des choses à mon frère, il est ma moitié et mon tout, mon oxygène et mon énergie, à ses côtés, je suis prête à affronter tous les monstres que l'univers mettrait sur mon chemin. Et depuis environ neuf mois, je lui mens. Je suis sûre qu'au fond, il aurait fini par entendre raison, il a trop besoin de nous. Mais ça, Gabriel ne l'a pas compris, il n'a pas voulu prendre le risque, je ne valais pas ce risque, qui n'en n'était même pas un.

- Charlotte, c'est moi.

- Non, toi tu n'as plus le droit de me parler, tu dégages.

- Charlotte, s'il te plaît, ne reste pas là, sors, viens avec nous.

- Tu veux que je sorte ? Regarde ... dis-je en allumant la lumière. Tu veux peut-être que j'explique à mon frère ce qui me fait ressembler à un lapin atteint de myxomatose ? Je veux dire la vraie raison, pas le coup de froid dans l'avion doublé du décalage horaire.

- Charlotte ... Je suis désolé ...

- Maintenant dégage, va t'amuser et baiser des salopes à tout va, fous-moi la paix !

Putain de colocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant