Chapitre 6

2.4K 158 63
                                    

Aujourd'hui commence le premier jour du reste de ma vie. Pour la première fois, je suis séparée de ma moitié. Avec Baptiste on a toujours tout fait ensemble. On est certes de sexe opposé, mais ça ne nous a jamais empêché d'être hyper fusionnels. Mêmes classes, mêmes amis, mêmes sports, nous n'avons jamais été vraiment séparés (sauf quand il va tirer son coup mais ça ne dure pas non plus des heures). Alors bien sûr, en moi se mélangent la joie, l'excitation et l'appréhension. Pour la première fois, je vais devoir naviguer dans un monde sans repère, enfin à un détail près : Gabriel Le Guellec.

Ça devrait m'enchanter, malheureusement c'est tout l'inverse. Je vous l'ai déjà dit, même si au fond, en creusant vraiment très loin, il reste des traces d'amitié, malheureusement la majeure partie de moi ne peut plus supporter sa présence. Je ne supporte pas de le voir tous les jours, chez moi, à ma table, quand je sors, alors autant dire que l'avoir en plus à l'école, trop c'est trop.

Alors je vous vois venir, je sais, c'est incompréhensible, d'autant que je viens de vous dire que j'ai dormi avec lui cette nuit. Pourtant c'est simple. Non vraiment, vous ne voulez pas comprendre ? Alors vous devrez attendre, on n'a pas élevé les cochons ensemble et je ne vais pas vous raconter toute ma vie comme ça. Et ce n'est pas parce que vous connaissez celle de ma mère que ça vous donne un droit quelconque sur la mienne.

Bref, me voilà prête à partir, j'ai mis une jolie robe à fleurs et des sandales avec par-dessus un bomber bleu marine. Côté maquillage, j'ai fait simple, anticernes et trait noir au niveau des cils. Je suis nulle en maquillage, et pour le coup, ça je le dois intégralement à ma mère qui déteste ça. Pour mes cheveux, j'ai fait ... rien ! Un coup de brosse et c'est bon ! Ils m'arrivent au niveau des aisselles et présentent juste de légères ondulations, ce qui est parfait car ils ne nécessitent ainsi aucun soin particulier.

J'attrape donc mon sac, un sac à main un peu grand dans lequel je peux fourrer une trousse et un bloc de feuilles, et me voilà prête à décoller. Baptiste est parti depuis un moment déjà, il a une bonne heure de transports en commun pour se rendre à son école. Pour ma part, je n'ai qu'un quart d'heure de trajet, et ce n'est pas plus mal, ça me permet de trainer un maximum au lit. J'essaye donc de m'éclipser discrètement, j'arrive à la porte, je l'ouvre, je sors, et au moment de la refermer ...

- Tu ne m'attends pas ?

Et merde ...

- Je t'ai dit que j'étais prête et tu n'as pas répondu, je mens, évidemment que je ne lui ai rien dit !

- Tu n'as pas dû y mettre assez de conviction, je n'ai rien entendu.

- Ou tu devrais aller voir un ORL pour te faire déboucher les oreilles.

- Ouhhh je suis touché. Après la nuit qu'on a passée, je me serais attendu à plus de considération. Tu brises mon cœur Mini Pouce !

- Et toi tu me brises les ovaires, je suis pressée !

- Encore touché ! D'habitude quand je passe la nuit avec une fille, je lui réveille les ovaires plutôt que je ne les lui brise ... Et pour ce qui est d'être pressée, dois-je te rappeler que nous sommes à un quart d'heure de l'école et que nous devons y être dans une heure ?

- Oui, ben j'ai envie d'y être en avance, pour me repérer, voir où je dois aller, tout ça tout ça.

- Il en est hors de question, dit-il en me tirant le bras pour me faire rentrer dans l'appartement, tu vas passer pour une grosse fayotte dès ton premier jour, et moi pour le pote de la fayotte, ce qui ruinera d'emblée ma réputation. On part dans quarante minutes !

Putain de colocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant