Chapitre 1

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Prologue

Ma sœur s'agite dans le taxi au rythme de « Ghost » de Justin Bieber, tandis que je la regarde, mi-amusée, mi-embarrassée. Le chauffeur nous jette des regards surpris 

- Comment lui en vouloir ? Clara vient de recevoir son premier salaire de baby-sitter et m'a obligée à sortir en boîte avec elle pour, je cite : « inaugurer la première paie que j'ai gagnée toute seule, sans papa et maman ! ».

Ma sœur et moi sommes des Evans. Ce nom ne signifie peut-être rien pour vous, mais ici, à Manhattan, il est connu. Notre père est avocat dans un prestigieux cabinet qu'il dirige avec notre mère. Hélas pour lui, il n'a eu que deux filles, aucune d'elles n'ayant suivi le chemin prestigieux qu'il nous avait pourtant tracé dès notre premier cri.

Pour ma part, mes deux passions ont toujours été l'écriture et les enfants. J'ai donc décidé de devenir institutrice. Mon père s'y est opposé, mais il a fini par céder quand j'ai refusé toute autre forme d'étude, ce qui m'a valu des mois de disputes où ma mère n'a pas pris ma défense. Selon elle, j'aurais dû être avocate, juriste, ou même mannequin, un métier bien payé qui ne ferait pas de moi une simple fonctionnaire. Quant à ma sœur, elle est stagiaire pour une agence de mannequins, à défaut de pouvoir défiler elle-même. Ce choix n'a pas non plus ravi notre père, et lorsqu'elle a pris un job de serveuse, il a failli faire un malaise. Depuis, papa nous en veut un peu, mais il a finalement accepté, du moment que nous faisons quelque chose de nos vies.

Je suis tirée de mes pensées par un brusque virage du taxi qui me projette presque contre la vitre. Je laisse échapper un grognement en observant la ville qui défile sous mes yeux, panorama de lumières et de gratte-ciel illuminés dont les sommets se perdent dans les dernières lueurs orangées du coucher de soleil. Les rues sont aussi animées que le jour, les néons des bars et des magasins encore ouverts éclairant les passants pressés. Le vacarme des klaxons et le grondement sourd de la ville créent une symphonie urbaine à laquelle mes oreilles se sont habituées depuis mon enfance. Chaque coin de rue dévoile une nouvelle facette de Manhattan, cette ville qui ne dort jamais...

Je me surprends à rêver qu'un jour, je pourrai observer le coucher de soleil depuis ma propre maison, une tasse de café à la main et un bon livre. Oui, je crois que je ne rêve de rien de plus.

Arrivées devant la boîte de nuit, le taxi s'arrête, et je suis surprise de constater que l'endroit est chic. Je m'attendais à ce que Clara nous entraîne dans un bar bondé d'ados enivrés où l'odeur de la sueur se mêle à celle de l'alcool. Pourtant, je devrais me rappeler que les lieux que nous fréquentons sont toujours huppés, remplis de personnes qui connaissent nos parents. Le bâtiment est décoré de néons bleu ciel indiquant « Night Club ».

À l'entrée, deux vigiles vérifient les invitations et encaissent les entrées. La longue file d'attente de personnes surexcitées me fait grimacer. Déjà, j'entends la musique assourdissante et les basses étouffées derrière les murs épais.

Je règle le taxi et descends précipitamment, tirée par ma sœur qui m'entraîne vers l'entrée.

- Clara, attends ! hurlai-je alors qu'elle se faufile au premier rang, passant devant tout le monde. Je n'ai pas le temps de me sentir gênée que nous sommes déjà devant les vigiles.

Clara fait un câlin à l'un des vigiles, qui la connaît visiblement, et nous laisse entrer sans vérifier nos cartes d'identité. Si elles avaient été contrôlées, nous ne serions pas là à en parler, car nous n'avons ni l'une ni l'autre 21 ans. Les murmures des gens derrière nous ne se font pas attendre : des commentaires sur les « sales riches » fusent. Suivant ma sœur, nous pénétrons dans la foule en mouvement, esquivant des verres de toutes sortes de cocktails aux odeurs alcoolisées.

Breath without you (EN RÉÉCRITURE M :))Où les histoires vivent. Découvrez maintenant