Prologue

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Le soleil se couchait à l'horizon, signe qu'il serait, bientôt, l'heure pour moi de rentrée à la maison. Je baissais le regard sur ma montre. Elle indiquait qu'il était sept heures moins vingt. Je ne m'étais pas rendu compte du temps qui était passé. Étrangement, le temps était rapidement passé aujourd'hui. Habituellement, je pouvais trouver le temps long mais je ne quittais jamais cette chambre avant d'y être contrainte. Cela avait commencé deux ans plus tôt. Poussé par mon instinct et mon empathie, je n'avais jamais lâcher le jeune homme...

« Je m'étais rendu à la fête de Miranda, en compagnie de mes deux meilleurs amis, Katie et Keyron, de faux jumeaux, que je connaissais depuis nos naissances. Nos parents étaient amis depuis que nos mères avaient partagé une chambre à la maternité. Nos pères avaient suivi en devenant, tout aussi, amis. Il avait été logique qu'une amitié avait germé entre nous trois, avec le temps.

Dans l'après-midi, Keyron nous avait supplié pour que nous nous rendions à la soirée organiser par les soins de Miranda, la fille la plus populaire du lycée. Celui-ci était amoureux de cette pimbêche. Il n'avait aucune chance mais il s'accrochait à ses espoirs. Au bout d'un long moment, Katie et moi avions cédé. Enfin heureux, il avait levé le poing en l'air, sous nos rires moqueurs, et était parti se préparer en vue de séduire sa proie.

C'était ainsi que je m'étais retrouvé à une fête où je n'avais aucune envie de me retrouver, à observer mon ami se prendre un râteau magistral devant tout le monde et boire pour oublier. Affligée, j'avais suggéré qu'il était temps pour nous de partir afin d'essayer de réparer le petit cœur de Keyron mais celui-ci avait refusé. Sa sœur, qui contre toute attente, s'amusait, n'avait aucune envie de partir, non plus. Cette dernière avait retrouvé deux de ses amis de volley. Personnellement, je n'avais aucune envie de rester. Je m'ennuyais. Je ne me sentais pas à l'aise, non plus. J'avais passé ma soirée à surveiller chaque fait et gestes de Keyron, assise sur ma chaise, tout en repoussant les avances de trois garçons, un peu trop éméchés.

Ma décision de quitter la fête fut prise lorsque je vis Keyron debout sur la table du salon pour faire une démonstration de ses talents de danseur. Cela avait été dans un soupir bruyant que je m'étais lever de ma chaise et attraper le bras de mon ami, alors que tous avaient commencé à se moquer de lui, et l'avait tiré à moi pour l'entraîner jusqu'au jardin, où se trouver sa sœur.

Assise au bord de la piscine en compagnie de Mallory et Sara, je m'étais poster devant elles, exaspérée.

- Je rentre, annonçais-je. Tu veux rester ?

Katie jeta un œil à ses deux copines avant de revenir à moi.

- Oui, Mallory m'a proposé de me ramener si tu souhaitais partir.

Je hochais la tête d'un air entendu.

- Très bien. Je ramène ton frère aussi. Il ne tient même plus debout.

Katie se leva en zieutant son frère d'un air inquiet.

- Mes parents vont le tuer.

- Ils dormiront, fis-je valoir.

- Ils vont l'entendre. Regarde-le, Roxie, fit-elle un geste dans la direction du pochetron.

Je soupirais une nouvelle fois.

- Je le ramène chez moi, alors. Je l'installerais dans la chambre d'amis. Mes parents ne rentreront pas avant deux heures du matin. Ils ne le verront pas.

Katie me prit dans ses bras en me remerciant dans un chuchotement. Je tirais Keyron, difficilement, à ma suite, sous les râlements de celui-ci, qui ne voulait pas quittait la soirée et le poussais à entrer dans ma voiture, à l'arrière. Il s'allongea, toute résistance oubliée, en gémissant. Je redoutais pour la propreté de ma voiture. J'espérais qu'il ne vomirait pas tout de suite. Je fermais la portière derrière lui et m'installais au volant.

- Je voulais danser, marmonna-t-il à moitié conscient.

- Tu aurais pu si tu n'étais pas un abruti d'alcoolique, râlais-je.

Il voulut répliquer mais, de toute évidence, sa bouche n'était pas d'accord. Cela donna un marmonnement comique mais je n'étais pas d'humeur à rire. Cela avait un véritable fiasco. Il s'était ridiculisé et allait devoir y faire face la semaine d'après. Les gens de notre âge pouvaient se montrer extrêmement cruel entre eux. On ne pouvait pas dire que j'avais ma langue dans ma poche. Aussi, je ne laisserais personne s'en prendre à lui. Tout le monde vivait, à un moment donné, un chagrin amoureux dans la vie et je doutais que ces personnes veuillent subir l'humiliation à cette suite.

Je vivais à l'autre bout de la ville. Il me fallait vingt minutes pour arriver dans mon quartier. Je priais pour qu'il puisse tenir le coup durant ce temps-là et ne pas souiller ma toute première voiture, acheter par mes parents pour mes seize ans. Mes parents m'arracheraient la tête.

C'était encore contrarier que j'entrais dans le centre-ville. Keyron s'était endormi. Il ronflait comme un ogre. J'arrêtais la voiture lorsque j'arrivais à un feu rouge, à une intersection. Les rues étaient désertes. Rares étaient les fêtards rentrant aussi tôt. Après tout, nous étions un samedi soir et la nuit était loin d'être terminée. Je tournais la tête vers la banquette arrière pour m'assurer que mon ami était toujours allongé sur le côté afin qu'il ne s'étouffe pas avec son propre vomi lorsque j'entendis une voiture arrivée. Elle semblait roulée à pleine vitesse, sur la route en face de la mienne. Je fronçais les sourcils, les yeux plissés pour y voir plus clairement. Quelques secondes plus tard, une voiture blanche approchait trop rapidement face à moi. C'étaient les yeux écarquillés que je me rendis compte qu'une autre voiture, noire celle-ci, venant de la route à droite se diriger vers une collision fatale vers le chauffard, certainement ivre. L'accident semblait inévitable. Je pris le parti de reculer de quelques mètres et regardais la scène avec appréhension et complètement impuissante.

Le bruit fracassant de la collision m'arracha les entrailles alors que la voiture blanche fut projetée à deux mètres de là. Les deux voitures furent totalement brouillées par l'impact. Figée par l'horreur, je tremblais de tout mon corps. Ce fut un gémissement de mon ami qui me réveilla de ma transe. Je me détachais et attrapais mon téléphone afin d'appeler les secours tout en courant vers la voiture noire. Un garçon s'y trouvait. Il était inconscient et du sang s'écoulait de plaies profondes, de partout. Mon cœur s'affola un peu plus. La peur d'assister à la mort était pétrifiante.

Lorsque l'opératrice me répondit, je lui indiquais le lieu de l'accident et les blessés. Inquiète pour la deuxième personne, je me précipitais vers l'autre voiture. Une femme s'y trouvait. Inconsciente, également, je tentais de la réveillée en l'appelant mais elle n'eut aucune réaction. Elle était écrasée par le toit de sa voiture. Je tendis le bras vers son cou afin de vérifier si elle était en vie mais ne sentie aucun pouls. Elle était morte sur le coup. Je me redressais en me passant une main dans les cheveux en donnant plus de précisions à l'opératrice dans un souffle tremblant. Je me dépêchais de retourner auprès du jeune homme. J'effectuais les mêmes vérifications que pour la femme et fus soulagé de sentir un pouls. Il était en vie. Les sirènes de l'ambulance se firent entendre au loin. J'essayais de parler à l'homme afin qu'il s'accroche en tenant sa main ensanglantée. Je ne voulais pas assister à une nouvelle mort. Bouleversée, je m'investissais de sa survie avec une dévotion totale.

Il s'avérait que le jeune homme se battait pour vivre. Les ambulanciers, une fois sur place, n'avaient pas tardé à l'embarquer afin de l'emmener au plus vite à l'hôpital. La police me questionna durant de longues minutes sur le contexte de l'accident alors que je n'avais, en tête, que le jeune homme et son état. Incapable de lâcher prise, je ne me doutais pas que mon investissement auprès de lui prendrait cette ampleur... »

Je m'étais, par la suite, rendu à l'hôpital afin d'avoir des nouvelles de l'homme. Il s'était avéré qu'il était dans le coma. Les médecins ne savaient pas quand il se réveillerait, ou même, s'il se réveillerait. Cela ne m'avait pas empêché de me rendre dans la chambre de l'homme, qui, je l'appris par la suite, s'appelait Riley Mancini, tous les jours, depuis un peu plus de deux ans.

Jusqu'au jour où j'avais dû me séparer de lui afin de poursuivre mes études, à l'université de Baltimore, dans le Maryland... à plus de huit cents kilomètres d'Indianapolis...

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant