Chapitre 26 : Roxie

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Je soufflais en sortant de la voiture, crevée. Je n'étais pas particulièrement fatiguée physiquement mais émotionnellement, il en était tout autre. Alors que nous préparions le programme de la semaine pour Riley, j'avais reçu un appel, aux alentours de cinq heures du matin, de l'hôpital, m'annonçant qu'une de mes patientes venait d'attenter à sa vie. Il avait fallu me rendre à son chevet afin de suivre ce qui se passait. Il s'avérait que la femme n'avait pas supporter plus longtemps la solitude dans laquelle elle vivait.

La solitude était un fléau, une croix à porter pour beaucoup de mes patients. Elle pouvait autant tuer que la dépression. Cela avait failli être le cas pour Niamh. Depuis des années, elle s'était mise à boire plus que de raison à cause de celle-ci. Orpheline et seule depuis ses neuf ans, elle avait dû apprendre à se débrouiller toute seule. Cela avait eu des conséquences. Elle vivait pratiquement recluse dans son studio, vivant des aides de l'État car il lui était impossible de faire face à la vie. Sa peur de l'abandon l'avait mené à vivre loin de tout pour ne plus être déçue. Les conséquences de ses choix avaient un effet abominable sur son quotidien, de nos jours. Je l'avais fait passer par plusieurs séjours dans divers endroits qui auraient pu l'aider à se confronter aux gens de manière douce mais elle n'avait jamais adhéré à aucune méthode. Elle semblait avoir perdu tout espoir d'une vie normale. Elle n'avait aucune envie de vivre. Elle se contentait de voir la vie depuis la fenêtre en espérant que celle-ci ne soit pas trop longue pour elle. Cela était d'une tristesse. J'étais resté un long moment auprès d'elle. Le médecin de garde du service psychiatrique de l'hôpital l'avait endormie lorsqu'elle j'étais arrivée. Il m'avait fait un rapide topo de la situation. De toute évidence, cela avait été ses voisins du dessous qui avaient appelé la police. Habitués au comportement de leur voisine fantôme, ils avaient appelé la police lorsqu'ils avaient entendu un son fort et sourd au-dessus de leur tête. Malheureusement, ce n'était pas la première fois qu'elle tentait de mettre fin à ses jours. Ils étaient à remercier pour leur réactivité. J'avais pris la décision de rester à ses côtés jusqu'à son réveille. Je ne voulais pas qu'elle se réveille seule, entourée de têtes inconnues. Cela aurait eu bon de la faire paniquer. Aussi, je m'étais posé sur le fauteuil, près de son lit et attendu. Je ne pouvais décemment pas la laisser rentrer chez elle, seule. Elle devait être surveillée. Cette crise tombait on ne peut plus mal. La surveillance constante de deux patients allait être compliquée mais je n'avais pas le choix. Niamh m'avait toujours personnellement touchée. Elle vivait d'une manière si esseulée qu'il était impossible de ne pas se sentir touché par sa situation. Il me faudrait simplement gérer mon temps entre Riley et elle. Il était hors de question de la transférer dans une maison de repos et l'abandonner à cela. J'allais devoir être omniprésente. Aussi j'avais fait le choix d'envoyer un mail à Nora afin de lui donner deux semaines de congé payé après qu'elle est informé mes autres patients que le cabinet allait être fermé durant ce temps-là, rappelant, tout de même, mon numéro de téléphone professionnel en cas d'urgence.

Après avoir, moi-même, emmené Niamh au Admiral at the lake, je l'avais installé dans une chambre et discuté un long moment avec elle. Suite à cela, où les larmes de la femme avaient inondé son visage et ses sanglots, déchirer la pièce, ses supplications, de la laisser partir, broyer le calme serein de l'endroit, j'avais demandé à ce qu'elle reçoive un sédatif. Avant qu'elle ne s'endorme, je lui avais promis de revenir au plus vite car malheureusement, un autre patient m'attendait à l'autre bout de la ville.

Les pieds en compote, je troquais mes escarpins pour des converses, plus confortable, avant de retourner à l'intérieur afin de me confronter à ce qui se passait à l'intérieur. Une douce mélodie emplissait les lieux, contrastant avec la tension à laquelle j'avais dû faire face jusqu'à présent. Un petit sourire étira mes lèvres face au calme de la salle. Stephen était assis, près du lit de Riley et semblait lire son journal en sirotant un café alors que le premier semblait déjeuner un plateau préparer par les soins du dernier. Je cherchais du regard mon deuxième collègue et ami et le vis assis à la table, un peu plus loin. Il me regardait l'air inquiet. Je les avais tenus au courant de chaque étape du transfère de Niamh afin d'expliquer mon absence à l'annexe. Je m'approchais de Gilbert alors que celui-ci s'était levé pour me servir une tasse de café. Je me laissais tomber sur une chaise en zieutant vers Riley, qui m'avait suivi du regard tout le long de ma traversée à travers la grande salle, les sourcils froncés. Il allait falloir que j'aille le voir afin de prendre la température de son état mais j'avais besoin d'un petit moment de calme avant tout cela.

- Comment tu vas ? Me demanda Gilbert en posant ma tasse devant moi.

- Moi, je vais bien, répondis-je dans un soupir.

- Elle est bien installée ?

- Oui. Ils ont pu lui trouver une chambre individuelle. Elle y sera bien. Elle ne sera pas tout de suite confrontée aux autres personnes qui résident là-bas. Je suis désolée mais il faudra que j'y retourne assez souvent. J'ai fait fermer mon cabinet pour deux semaines.

- Elle a besoin de toute ton attention ?

- Elle a besoin d'attention tout court. Elle perd pied avec la réalité à force de s'isoler. Elle est persuadée que le monde est mauvais et que les gens vont lui faire systématiquement de mal si elle se permettait de quitter son rythme de vie mais sa tentative montre qu'elle ne peut plus supporter tout cela. Il faut que je trouve un putain de moyen de la sortir de ce schéma de penser mais elle contre toutes mes tentatives. Sa peur l'oblige à la fuite et celle-ci est d'un niveau que je n'avais jamais rencontré.

- Tu sais que nous pouvons gérer ce patient-là tout seul, Rox. Tu n'as pas besoin d'être ici en permanence.

- Je sais, ne t'en fais pas, mais il a besoin, lui aussi de soin psychiatrique, pas seulement médicale, expliquais-je en jetant un coup d'œil au concerner. C'est pour ça que j'ai fait fermer le cabinet.

Il hocha la tête, conscient que j'avais raison et posa une main sur la mienne, posée sur la table.

- Je suis désolé de mettre montrer aussi dur envers toi.

Je relevais la tête du liquide chaud qui m'avait tant manqué ces dernières heures et adresser un sourire à mon ami.

- Tu as toujours tant à faire pour les autres. J'y ai beaucoup réfléchi... tu n'as pas besoin, en plus, que quelqu'un te fasse des reproches. Je reste sur mes positions quand même mais je vais te laisser tranquille. Cet homme avait une signification particulière pour toi. Ça m'a fait peur pour toi et ta carrière, et ça continue à me faire peur, mais tu as besoin du soutien d'un ami, pas des reproches d'un collègue.

- Merci, Bert.

Il me souriait avant de dévier son attention sur l'homme en question.

- Ses constantes sont bonnes, pour le moment. Il ne ressent pas encore le manque alors tout va bien pour lui mais il a certaines attitudes qui m'inquiètent.

- Dis-moi tout, le priais-je.

- Il a été agité depuis son réveil. Il semble que les liens lui soient difficile à supporter. On a mis un temps fou à lui faire avaler quelque chose. Il a pourtant choisi lui-même son plat. Il est difficile à suivre... Il t'a réclamé à plusieurs reprises, aussi, finit-il par avoué, réticent.

Mon cœur rata un battement. Je n'avais pas le droit de laisser mon corps réagir de la sorte. Cela était parfaitement inapproprié. Aussi, je me repris rapidement et ne laisser rien transparaître.

- Chaque patient à son histoire, Bert, et celles-ci ne sont jamais les mêmes. Ne l'oublie jamais, lui rappelais-je avant de me lever et reprendre ma journée de travail...

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant