Chapitre 20 : Roxie

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J'astiquais chaque recoin de l'entrepôt en compagnie de Gilbert et Stephen après avoir libéré Jerry. Nous l'avions gardé près de trois mois avec nous. Il demeurait fragile mais je ne le lâchais pas en pleine nature. Il poursuivrait ses soins à domicile et à mon cabinet. J'avais suffisamment confiance à sa capacité de résistance lorsque j'ai décidé, à l'accord de mes collègues, de lui rendre sa vie. Lorsque nous avions ouvert la porte, par laquelle il était entrée, trois mois plus tôt, il s'était mis à pleurer. Cela avait été émouvant. Il nous avait remercié de lui avoir rendu la force qui lui avait fait défaut dans le temps. Il se sentait en capacité de poursuivre son chemin et renouer avec sa famille. Aussi, mon travail était partiellement accompli. Cependant, il serait en thérapie encore un moment. Le sevrage ne guérissait pas les blessures profondes. Aussi, nos séances allaient être indispensable pour un réel rétablissement.

Il s'agissait pour nous, à présent, de remettre tout en ordre afin d'accueillir ce nouveau patient qu'on n'attendait pas si tôt. Habituellement, nous nous autorisions un mois de relax après un retour du programme mais cela ne serait pas le cas, cette fois-ci. Au grand dam de Gilbert et Stephen, j'avais décidé de rempiler, tout de suite, avec Riley. Encore une preuve qu'il avait une certaine priorité pour moi. Je ne faisais pas entrer une personne dans le programme aussi rapidement, normalement. Je préférais attendre quelques mois afin d'apprendre à connaître la personne face à moi. Cependant, je connaissais notre prochain patient. Il était loin d'être un inconnu pour moi. J'avais eu, à de maintes reprises, l'occasion de scruter ce dossier médical, que j'avais eu bien avant sa réapparition dans ma vie entre les mains. Seuls, ses réactions demeuraient un mystère pour moi. Je connaissais son passé pour avoir enquêté, à l'époque. Je connaissais, également, ses antécédents médicaux. Après notre dernière séance, j'avais pleinement connaissance de ses difficultés familiales. Au vu du bonhomme qu'il était devenu, de sa façon de s'exprimer, autant verbalement que physiquement, je savais qu'il allait nous réserver quelques surprises. Il nous demanderait la vigilance. Malgré cela, je ne me sentais aucunement décourager. J'avais même hâte. Je souhaitais lui apporter mon aide au plus vite. Cet homme était spécial pour moi. Il avait ouvert une voie pour moi sans le savoir. J'ai emprunté ce chemin et j'en étais heureuse. Aussi, je mettais mon empressement à vouloir lui apporter mon aide sur le compte de la reconnaissance. Après mon doctorat, j'aurais dû engager des démarches pour le retrouver, m'assurer qu'il allait bien, s'il était sorti du coma, et faire ce pour quoi je m'étais tant battu, grâce à lui, pour lui offrir un avenir meilleur. Seulement, j'avais vite été prise dans l'engrenage de la vie active et des nombreuses personnes ayant besoin et envie de mon concours pour reprenne les rênes de leur vie. Je devais, aussi, avouer que j'avais peur de me retrouver de nouveau devant ce lit d'hôpital. Je n'avais aucune envie d'apprendre qu'il n'avait toujours pas bougée de cette chambre. Je craignais cette mauvaise nouvelle.

Cependant, la vie l'avait replacé sur mon chemin et j'allais enfin pouvoir l'aider de façon concrète. J'étais prête à tout. Ce programme avait vu le jour pour lui. Il devrait pouvoir en bénéficier les yeux fermés.

Lors de mon annonce, au téléphone, il n'avait pas semblé aussi angoisser et exciter que mes autres patients. Sa voix grave avait été monocorde, quoiqu'un peu essouffler. Cela m'avait étonné car il avait tant insisté pour être le prochain que je m'étais attendu à une tout autre réaction de sa part. je me doutais bien qu'il ne sauterait pas au plafond, après tout, il allait vivre un enfer, mais je pensais pouvoir entendre transpercer dans voix, un minimum d'émotion. Riley n'avait l'air d'être un homme très expressif. Il semblait dur et froid mais je savais que cela n'était qu'une carapace qu'il me faudrait percer. J'avais besoin qu'il s'ouvre à nous pour une réussite totale. Le boulot de Gilbert était de le garder en bonne santé. Le boulot de Stephen était de veiller sur lui. Mon boulot était de le décortiquer, de le vider, de briser ses barrières et de l'aider à se reconstruire sur le champ de ruines qu'il avait à l'intérieur. Cela était une sorte de remaniement cérébrale. Nous étions indispensables, les uns aux autres. Ce programme ne pourrait marcher sans l'un de nous. Notre présence, à tous les trois, était obligatoire. Si cela n'était pas faisable, alors nous repoussions jusqu'à être libre en même temps. Nous étions une équipe compétente ensemble mais rien du tout, seuls.

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant