Chapitre 6 : Roxie

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Cela faisait, précisément, quarante jours que je ne quittais, pratiquement, plus l'annexe. Je ne voyais que très rarement le soleil, le ciel, que je respirais l'air frais. Je n'abandonnais que très peu mon patient. Cela arrivait seulement lorsque je devais honorer un rendez-vous urgent. Je me devais d'être au plein service de Govern. L'homme devait se savoir entourer. Nous commencions à envisager à lui accorder plus de liberté. En effet, Govern était déterminé, comme je l'avais pressenti lors de sa démarche d'intégrer le programme. Il ne lâchait rien malgré la douleur et le manque. Il demeurait fragile, cependant. Il ne s'agissait pas de lui accorder toute notre confiance. Il nous fallait être sur nos gardes. Certains malades étaient malins. Ils inspiraient confiance et lorsqu'on relâchait notre attention, ils cherchaient à fuir en quête de drogue. Dans ces cas-là, nous perdrions plusieurs semaines de travail. Cela n'était bénéfique pour aucun de nous.

D'une impulsion, je me redressais de mon lit de fortune, le dos en compote et ramenais mes cheveux derrière mes oreilles avant d'attraper un élastique et de me les attacher rapidement. Il était huit heures trente du matin. J'avais eu besoin de sommeil. J'avais fait une grasse matinée, de toute évidence. Habituellement, je ne m'autorisais pas plus de quatre heures de sommeil pour prendre la relève dans la surveillance de Govern. Mes collègues avaient, apparemment, décidé de me laisser dormir. Je me dépêchais de prendre une douche et m'habillais afin de prendre mon service et les libérés. Ils devaient, également, avoir besoin de se reposer.

Lorsque je pénétrais dans l'immense salle, Gilbert était en train de boire un café alors que Stephen auscultait Jerry. Lorsqu'ils me virent, leurs mines fatiguées s'éclairèrent d'un sourire.

- Bonjour, la belle au bois dormant, me salua Gilbert.

- Vous auriez dû me réveiller, culpabilisais-je à la vue de leurs cernes bleutés.

- Tu avais besoin de repos. Cette nuit, nous avons décidé, sans toi, qu'il nous faudrait nous accorder, chacun son tour, une nuit complète.

- Nous procédons de cette manière que lorsque nous déterminons que le patient est stabilisé, fis-je remarquer.

- Je pense que c'est le bon moment, Rox. Il s'en sort très bien.

Je jetais un œil à Jerry, qui discutait avec Stephen. Il semblait aller bien malgré les tressautements de ses mains. Il se battait. Aussi, je hochais la tête. Ils avaient raison. Nous pouvions relâcher un peu la pression. Je me dirigeais vers la machine à café et verser le liquide dans une tasse avant de m'attabler avec le médecin.

- Comment s'est passé la nuit ?

- Quelques plaintes. Nous lui avons injecté un calmant léger pour l'apaiser. Il a pratiquement dormi toute la nuit.

- Pas de perturbations cardiaques ?

- Non. Son corps réagit plutôt bien au sevrage comparé aux précédents patients. Tu ne trouves pas ?

- Je suis d'accord avec toi. Je ne me l'explique pas. Nous avons bien plus de difficulté habituellement.

- Crois-tu que le mental peut jouer sur les réactions physiques au sevrage. J'ai besoin de ton avis de psychiatre.

- Eh bien, c'est une possibilité à laquelle je pense depuis quelques jours. Sa détermination induit son cerveau en erreur de façon positive. Si cela pouvait être ainsi à chaque fois...

- Je ne te le fais pas dire... je vais aller dormir un peu. Je suis épuisé et ce soir, je suis de garde à l'hôpital.

- D'accord. Je vais envoyer Stephen aussi et aller commencer une séance avec Jerry.

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant