Chapitre 41 : Roxie

122 19 0
                                    


Cela était le premier jour où Riley allait pouvoir respirer l'air frais et revoir le soleil après plus de trois mois enfermer sous la lumière artificielle. Cela semblait lui provoquer des émotions contradictoires. Contrairement à ce que j'aurais pu penser, il n'était pas aussi emballé par cette sortie que je l'aurais cru. Je n'aurais pas parié sur autant de réticence. Cela était déjà arrivé avec de précédents patients mais lui, semblait si presser de commencer une nouvelle vie, durant nos séances que je pensais qu'il montrerait plus d'ardeur à cette première sortie. Cela n'était néanmoins pas le cas. Il avait pris un temps considérable, enfermer, dans la salle de bain, avant le départ. Il traînait presque des pieds en quittant l'annexe. Il était parti avec Stephen, étant donné qu'ils avaient noué une improbable amitié, tous les deux. J'avais pensé que cela serait une bonne chose qu'il soit accompagné par lui, en conséquence. Cependant, je ne comptais pas perdre une miette de ce qu'il pourrait se passer. J'avais besoin d'analyser, sans qu'il n'en sache rien, ses réactions face aux bruits, aux interactions et la grandeur des espaces. Ces résultats dépendraient de notre décision finale.

Nous avions, tous trois, convenu des endroits qu'il visiterait, pour cette première.

La première étape avait été de se promener dans les rues de Boston à une heure peu chargée. Nous ne voulions pas prendre le risque d'anéantir tous ces efforts en le plongeant dans le bain trop précipitamment. Cela s'était parfaitement passé. Son angoisse, de début de journée, démontrer le manque de confiance qu'il avait en lui. Contrairement à lui, nous étions unanimes, tous trois. Il était capable de croquer le monde sans problème. Cet homme avait une détermination et une volonté qui pourrait être une entité, à elles toutes seules.

Stephen l'avait, ensuite, emmené dans un café et l'avait laissé commandé, seul, alors qu'il était allé s'installer en terrasse. Je n'avais, malheureusement, pas pu assister à l'échange mais cela avait semblé bien se passer, également. Il n'avait pas montré l'hostilité qu'il avait pu avoir en début de sevrage. Il nous avait démontré l'attention d'un tout autre homme, ces derniers temps. Cela se confirmait, un peu plus, que cela n'était pas un jeu d'acteur. Il était transformé et cela faisait plaisir à voir. Malgré son angoisse, il prenait, à présent, plaisir à profiter de son temps libre.

Il avait deux étapes à mener avant de rentrer, ce qui serait, en soi, une étape supplémentaire. Il pouvait être difficile de réintégrer l'annexe après avoir goûté au grand air.

Stephen et lui se trouvait, à présent, dans un magasin de vêtements. Le but, pour lui, était de trouver des vêtements adapter à d'éventuel entretien d'embauche future. Riley n'avait plus vraiment interagi avec des gens sans être sous influence. Aussi, je tenais à analyser si la situation n'était pas une source de stress trop intense pour lui mais, comme à son habitude, il surpassait, pour le moment, mes attentes. Il semblait poli, coopératif et prendre du plaisir à rencontrer d'autres personnes, ce qui était vivement encourageant. Stephen semblait le conseiller sur les vêtements à choisir. Il m'aperçut et me fit, discrètement, signe. Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais autant découverte à leur vue. Il me fallait être discrète. Savoir, ainsi, qu'il pouvait être scruté pourrait biaiser ses agissements. Je fis deux pas sur ma droite et ne fus plus visible pour eux. De toute évidence, je commettais erreur sur erreur avec Riley, même si cela ne prêtait pas à conséquence. Il me perturbait.

J'avais abandonné l'idée d'oublier ce sentiment oppressant qu'il me faisait ressentir. Je me contentais de l'accepter et le cacher, pour son bien. Ainsi, il avait pu progresser. Il avançait à pas de géant et cela était tout ce qui comptait. Quant à ce que je pouvais ressentir... c'était mon problème, pas le sien. Savoir qu'il pouvait encore ressentir quelque chose pour moi me motivait à garder mes émotions pour moi. Rien ne devait être contre-productif pour lui. Cela était essentiel. De plus, qu'avais-je à espérer ?

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant