Chapitre 10 : Roxie

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Je ne pouvais pas me plaindre d'avoir affaire à un récalcitrant. Il n'avait pas cherché à me cacher quoi que ce soit. Nous étions, pourtant, passés par tous les moments de sa vie, notamment les plus douloureux. Malgré cela, il s'était montré ouvert et peu enclin à entraver sa thérapie.

Ses réactions étaient fascinantes car à l'opposer de ce qu'on attendait de lui, à première vue. Il semblait si fermé et hostile mais cela n'était qu'une façade. Je n'avais jamais vu un patient aussi peu difficile. J'avais besoin de plusieurs semaines de patiente, habituellement, afin d'obtenir une once de ce que m'avait donné Riley, aujourd'hui. J'étais aussi satisfaite que soupçonneuse. C'était une situation inédite et je me doutais que cela cachait quelque chose mais je n'allais pas m'en plaindre. Lorsqu'il se sentirait prêt à m'expliquer son ouverture d'esprit, je serais présente pour lui... plus que pour n'importe qui. Riley avait une signification particulière à mes yeux. Après tout, il avait été l'instigateur de ma vie présente. Il était le déclencheur de ce quotidien que j'aimais tant. Il avait été, également, le premier homme ayant captivé mon attention, en dehors de mon père. Plus je l'observais, assis devant moi, plus l'émotion revint en force. L'instinct de protection, de compassion et de tendresse qui m'avait, auparavant, assailli grandissait, petit à petit, à nouveau, en moi. D'autant plus que son histoire, qui m'était ainsi exposée, n'arrangeait rien. En tant que professionnelle, je me devais de garder une certaine distance émotionnelle envers mes patients mais comment faire lorsque cela concernait une personne dont j'avais été proche par le passer ?

Normalement, j'aurais dû envoyer Riley à un de mes confrères afin d'éviter toute déviance dans mon travail auprès de lui mais voilà, il demandait ce qu'aucun de mes collègues ne pouvait lui offrir. Il insistait fortement pour être le prochain à entrer dans le programme. Il tenait absolument à faire partie de cette fameuse thérapie choc. On pouvait dire qu'il était plus que déterminé.

- Bien... je ne vois aucun problème à vous inscrire, excepter un point essentiel, et je vais devoir vous demander de passer un dernier examen.

Il semblait agacer mais demeura silencieux.

- Vous devrez passer un électrocardiogramme, annonçais-je, faisant fi de son air irrité. Vous avez subi un accident grave, il y a quelques années. Vous avez fait deux arrêts cardiaques et était dans le coma un long moment. Il me faut l'assurance que tout est revenu à la normal. Je ne veux prendre aucun risque. Je dirais qu'il n'y a aucune restriction à votre demande pour le moment mais je préfère attendre ces résultats avant de vous donner ma décision finale, monsieur Mancini.

- Si vous croyez que c'est nécessaire. Vous allez vous en occuper ?

- Non. je ne suis pas cardiologue, monsieur Mancini...

- Arrêtez de me servir du monsieur Mancini. Appelez-moi Riley, exigea-t-il, me surprenant une nouvelle fois.

Mes patients aimaient la distance que j'instaurais entre eux et moi avant de s'attacher à moi et me réclamer plus de proximité, auquel je ne réponds pas favorablement. Néanmoins, Riley n'était pas n'importe quel patient. Il me fallait, d'autant plus, instaurer de la distance entre nous. Cependant, je fus, moi-même, surprise de m'entendre acquiescer à sa demande. Je me tapais le front, intérieurement, à ma connerie. Par cette action, je sus que ce malade ne serait pas des plus faciles à gérer pour moi. Je sentais que mes fautes allaient être nombreuses. Gilbert me reprochait déjà de traiter Jerry de façon trop affecter. Qu'en serait-il de Riley ?

Je sentais que j'allais me recevoir en pleine poire beaucoup de reproche de mon ami. Il fallait que j'explique le passé commun entre Riley et moi, à mes collègues, afin d'éviter toutes suspicions de leur part mais cela ne serait pas aisé sans qu'ils ne se braquent quant à son intégration. Ils allaient certainement me conseiller de le transférer à un confrère, qui le dirigerait dans un centre de désintoxication agréer. Cependant, je savais comment cela se passerait. Beaucoup de personnes parvenaient à sortir de leur addiction grâce à ces centres mais il demeurait minoritaire, malheureusement. On traitait ces malades par des substituent médicamenteux et les relâcher dans la nature, une fois plus fort et capable de se contenter de ces médicaments. Ce n'était pas ce que je voulais pour mes patients. J'avais bien plus d'attente et d'exigence. Pour ma part, c'était tout ou rien. Lorsque je les relâchais dans la nature, il était apte à se débrouiller, et faire face à leurs émotions, avec détermination et force. Je leur donnais les clés nécessaires pour qu'ils ne retournent plus vers la facilité mais apprendre à se battre avec énergie. Tant qu'ils n'y étaient pas prêts, ils restaient sous ma garde, même si cela devait durer des mois. Jerry était enfermé dans ce foutu entrepôt depuis deux mois et même s'il se débrouillait bien, il n'était pas prêt à récupérer sa liberté. Cela en était ainsi pour tous ceux qui passaient entre mes mains. J'aimais tant mon travail et j'étais plus qu'investi dans celui-ci.

Un coup d'œil à ma montre m'apprit que nous avions dépassé l'heure de rendez-vous de plus d'une heure. Je me levais précipitamment. Le dossier de Riley tomba au sol et les feuilles volèrent partout dans le bureau. Riley se décolla du canapé et commença à rassembler le dossier. Je me baissais afin de l'y aider alors qu'il porta une feuille devant son visage afin de la lire. Un sourire en coin étira ses lèvres. J'attrapais rapidement la feuille et la chiffonner, gênée à l'extrême. Il se redressa, l'air malicieux.

- Très jolie représentation de moi. J'aime beaucoup votre description de ma personne.

- Très drôle, monsieur Mancini, râlais-je en insistant bien sur le nom du rigolo, ce qui eut bon de lui rabattre son caquet.

Je posais le dossier su mon bureau et me tournais vers lui.

- Bien. Nous avons dépassé, très largement, l'heure. Je suis désolée de devoir vous quitter aussi grossièrement mais je suis horriblement en retard. Dirigez-vous vers Nora, ma secrétaire, afin de prendre un nouveau rendez-vous. Elle vous donnera, également, le numéro du cardiologue avec lequel je travaille régulièrement. Elle est un excellent médecin.

Je pris en main mon téléphone portable, qui était resté posé sur mon bureau afin de ne pas déranger la séance. Gilbert et Stephen avaient tenté de me contacter un nombre incalculable de fois.

- À la prochaine fois, Riley, le saluais-je, oubliant mon rôle, en sortant précipitamment du bureau pour m diriger vers Nora.

- Eh bien, que s'est-il passé pour que cela est pris autant de temps ?

- Pas le temps. Désolée. Tu peux lui fixer un nouveau rendez-vous et le numéro de téléphone de Mira ?

- Ce sera fait.

- Je dois filer. Ils m'attendent et je n'ai pas vu le temps passer, courais-je hors du cabinet pour grimper en voiture.

Avant de mettre le contact, je rappelais mes collègues afin de leur assurer être en chemin, tout en m'excusant de mon retard et démarrer sans plus attendre, avec à l'esprit mon tout nouveau patient. Riley Mancini. Je n'aurais jamais cru le recroiser un jour. Je n'aurais tout simplement pas pensé qu'il sortirait du coma. Alors, le retrouver dans ma salle d'attente avait été un véritable choc. Cependant, cela avait été positif, du moins jusqu'à ce qu'il m'annonce vouloir se sevrer. Je me savais dans la merde. Néanmoins, cela ne m'empêcherait pas de l'aider.

J'avais veillé sur lui, à l'époque, ou du moins, je lui avais tenu compagnie durant deux années. Cela avait créer des liens, dans mon sens. Il me demandait assistance et je n'avais aucune envie de répondre par la négative. Riley n'était pas n'importe qui. Il avait été, en quelque sorte, mon premier patient. Cela comptait. S'il me fallait me battre pour mes convictions auprès de Gilbert et Stephen, j'allais le faire.

Après un énième soupir, je sortis de mon véhicule, vingt minutes plus tard, garer devant l'annexe, et me préparer à la confrontation. Cela s'annonçait sportif mais je n'étais pas du genre à abandonner sans combattre... je n'en étais pas arrivé à ce stade de ma vie sans affronter l'adversité et les préjuger.

Riley, l'homme du changement, avait toute mon attention et mes amis devraient s'en faire une raison. 

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant