Chapitre 23 : Riley

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Cela faisait une bonne demi-heure que je stationnais devant l'immeuble dans l'attente de ma belle. Cependant, je commençais à m'inquiéter de ne pas la voir arriver. Aucune trace de sa voiture. Elle m'avait appelé la veille afin de fixer le rendez-vous, le lendemain, à dix heures du matin. Trop défoncer pour préparer mes affaires, la veille au soir, j'avais consommé plus que nécessaire, dans un signe d'au revoir à ce moi qui avais sacrifié sa santé pour cet instant. Je m'étais réveillé tard et l'urgence m'avait rendu frénétique dans les préparations de mes bagages. J'avais enfourné tout ce qui m'était passé devant les yeux dans ma valise. J'espérais simplement ne pas me ridiculiser lorsqu'elle apercevrait le contenu de celle-ci.

Je me passais une main dans les cheveux. J'avais l'impression d'avoir un fout pivert dans mes tempes. C'était horriblement douloureux. Presser par le temps, je n'avais pas pensé à prendre un antidouleur avant le grand départ. Je soufflais un bon coup et sortie prendre l'air frais, en dehors de la voiture. Adossé à celle-ci, je laissais ma tête tombée sur le toit du véhicule, complètement avachi contre celle-ci, et fermais les yeux, profitant de la légère brise de ce mois de mars. J'aurais dû être excité par le dénouement tant attendu mais au lieu de cela, je n'avais qu'une envie, trouver le premier lit qui se présenterait à moi et sombrer dans un coma de deux jours. Mon corps entier était douloureux. J'avais réellement abusé des substances. J'étais allé trop loin. J'en payais, maintenant, les conséquences.

Je n'étais pas prêt à rouvrir les yeux lorsque j'entendis un raclement de gorge qui me fit dresser tous les cheveux sur la tête, m'arrachant une grimace de douleur. Je relevais doucement la tête sans ouvrir les yeux. Il fallait que je procède par étapes afin de ne pas tomber au sol par évanouissement. Lorsque je fus redressé, j'ouvris une première paupière puis la deuxième. Malgré la vision trouble, je reconnus la chevelure sauvage de Roxie face à moi. Je tentais de stabiliser ma vision et ne pus manquer la mine désolée de ma belle. Elle se tenait devant moi, les bras croisés, les traits tirés par la fatigue. Elle fit un pas en avant et tendit un bras vers moi. Je crus qu'elle allait m'apporter compassion mais je me trompais, constatais-je, lorsqu'elle se penchait en avant pour attraper mon bagage. Je voulus le rattraper mais elle ne me laissa pas faire. Honteux de mon état, je me laissais de nouveau aller contre la carrosserie de la voiture.

- Ne vous en faites pas, monsieur Mancini. Vous n'êtes pas le premier à vous trouver dans cet état à l'aube du sevrage. Je suis seulement heureuse de constater que vous n'ayez pas profité au point de vous retrouver aux urgences, m'offrit-elle un regard oscillant entre le reproche et la compassion.

Elle fit basculer mon lourd bagage sur son épaule et attrapa mon bras afin de m'aider à avancer jusqu'à sa voiture qui était, à présent, stationné devant l'immeuble de ses bureaux, face à nous. Elle me fit traverser la rue, prudemment jusqu'au siège passager, où elle m'aida à m'installer avant de fermer la portière derrière moi. Je voulus la suivre du regard mais la nausée m'empêcha de faire le moindre mouvement de tête. Je me sentais suffisamment ridicule. Je n'avais pas besoin, en plus, de vomir sur le sol de sa voiture. Je fermais, alors, les yeux et attendis qu'elle range mes affaires dans son coffre et vienne s'asseoir derrière le volant. Le silence dans l'habitacle était assourdissant. Cela ne démarrait pas comme je l'avais rêvé. Intérieurement, je m'insultais pour ma connerie. J'aurais dû prévoir ce moment en me réfrénant, la nuit d'avant.

- Buvez un peu et prenez ceci. Ça va vous soulager, conseilla-t-elle dans un murmure prévenant.

Incapable de faire l'effort de rouvrir, une nouvelle fois, les yeux, je tendis la main mais rien ne vint. Au lieu de cela, je sentis l'odeur d'un médicament et la pression sur mes lèvres alors qu'elle forçait le barrage de mes lèvres. J'entrouvris les lèvres et la laisser introduire le précieux médicament dans ma bouche. Elle posa la bouteille d'eau dans ma main. Dans un effort, que je n'aurais jamais cru capable, je levais celle-ci jusqu'à ma bouche et avalais le médicament, ans jamais ouvrir les yeux.

- Vous aurez l'occasion de vous reposer dès notre arrivée.

Je hochais légèrement la tête dans une grimace de souffrance et me laissais aller au sommeil sans m'en apercevoir.

Lorsque je refis surface, une main agitée mon épaule, délicatement. Me sentant un peu mieux, j'ouvris un œil. La première chose que je vis, était un entrepôt grisâtre. Je tournais, prudemment, la tête, pour tomber sur ma psychiatre adorée. Son regard semblait hanté, ce qui m'anima un peu plus.

- Tout va bien ? Demandais-je de ma voix rauque de sommeil.

Elle força un sourire et pointa du doigt quelque chose sur ma droite, à travers la fenêtre de la voiture. Je n'y prêtais pas attention, trop obnubiler par cette lueur dans ses yeux. J'aurais aimé la questionner sur ce qui la tourmentait mais me retint. Nous n'étions même pas à la phase d'une certaine amitié. Aussi, je ne pouvais me permettre de lui demander à se confier à moi. Cela était grandement frustrant. J'abandonnais l'idée de tenter d'en savoir plus sans que cela ne soit trop intrusif et tournait le regard sur l'annexe qui n'attendait que nous. Je revins à elle, rapidement. Elle affichait une expression plus sereine que précédemment avant d'ouvrir sa portière et sortir du véhicule. Elle fit le tour de la voiture et vint devant la mienne. Elle m'aida à me lever de mon siège, ayant certainement l'habitude de voir ses patients dans une position précaire à ce stade-là. Je voulus lui montrer que tout allait bien mais la terre se remit à tourner autour de moi. J'étais dans un état pathétique. J'avais été qu'un abruti de première pour m'être autant laissé aller. Pour qui allait-elle me prendre ?

Je voulais qu'elle est l'image d'un homme fort et solide en pensant à moi. J'avais tout raté. À croire que j'aimais me draper dans l'humiliation. À cet instant, je me détestais.

Elle passa mon bras sur ses épaules mais ma haine de moi-même fut atténuer par la proximité, de nos deux corps, que m'offrait mon état. La chaleur de son corps était fabuleuse. Son odeur florale enivrante. Je n'aurais besoin d'aucune drogue si j'avais l'occasion de respirer sa magnifique odeur chaque jour.

Elle nous fit avancer jusqu'à la porte de l'entrepôt, à mon rythme, me permettant quelques pauses lorsque mes jambes se faisaient plus fébriles. Sa prise sur mes hanches, dans ces moments-là, me poussait à feindre presque plus de douleur et de vertiges que j'en avais réellement. Cela était si agréable. J'en profitais avant qu'elle ne soit contrainte à me lâcher afin de m'attacher solidement à mon tout nouveau lit. Arrivé à la porte, je pivotais mollement vers la voiture. Cela l'arrêta et l'obligea à se tourner vers moi pour m'adresser un regard interrogateur.

- Ma valise, me contentais-je de rappeler.

- J'irais la chercher plus tard. Vous devez savoir qu'elle va passer une inspection par mes collègues. Nous devons nous assurer qu'aucune drogue ne passe la porte de cet endroit. C'est une règle.

- Il n'y a aucune drogue dedans.

- Votre nouveau médecin veut s'en assurer par lui-même, expliqua-t-elle, l'air de nouveau désolée.

Son comportement était étrange. Elle n'agissait pas avec autant de compréhension et douceur, habituellement avec ses patients. Cela me perturbait mais agréablement. J'avais l'impression de subir un traitement spécifique à ma personne, de ne pas être un patient lambda pour elle. Je savais que cela serait mal perçu par son entourage mais je m'en foutais. Être spécial pour elle, autant qu'elle l'était pour moi, m'apportait honneur et privilège. Je n'étais pas un patient comme les autres pour elle. Son attitude envers moi, me l'apprenait. L'espoir grandissait, malgré mon état, en moi.

Ressentait-elle aussi cette chose entre nous ? J'en avais l'impression.

Elle posa une main sur la poignée de la porte et j'eus la sensation qu'elle n'était pas prête à franchir celle-ci. Elle eut l'air de prendre une inspiration avant d'abaisser la poignée et nous faire pénétrer les lieux, nous présentant les deux silhouettes des deux hommes qui allaient nous accompagner durant ces prochains mois. L'un affichait une expression bienveillante et avenante, alors que l'autre semblait plus fermer, faisant stopper dans sa progression mon ange.

Les ennuis commençaient...

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant