Chapitre 25 : Riley

139 23 0
                                    


Que dire de la situation ?

Je me sentais partagé. Je me trouvais à l'endroit où je voulais être, auprès de la personne qui m'était le plus important et cela m'apportait une satisfaction indescriptible. Néanmoins, je me retrouvais attaché à un lit, incapable de bouger, privé de liberté. Je ne m'étais pas attendu de la sensation que cela me procurerait. Il fallait dire que je ne m'étais pas préparer aux petits détails. Je me sentais diminué, impuissant. Cela n'avait rien d'agréable. Alors que les deux hommes me tournaient autour, comme si j'étais un foutu sujet d'expérimentation, je testais les attaches à mes poignets et chevilles. C'était du solide, spécialement conçu pour résister aux masses les plus lourdes. Une pression s'anima en moi, comme une chape de plomb qui m'empêchait de respirer. J'essayais de garder mon calme afin de ne pas me donner en spectacle mais il était compliqué de feindre l'indifférence. Il ne fallait surtout pas que Roxie puisse voir un seul mouvement d'humeur négatif. Il fallait que je contrôle cette chose qui m'oppressait. Silencieusement, je prenais de profondes inspirations et expirais lentement. Cela avait été une technique de relaxation que m'avait apprise mon kinésithérapeute, le docteur Cramer, après mon coma. J'avais régulièrement des crises de panique suite à cela et il avait trouvé la méthode pour parvenir à me calmer. Cela apaisait toujours la charge mentale instantanée qui m'assaillait. Je m'exhortais à ne penser à rien d'autre que la jeune femme qui se trouvait dans une des salles du fond. Son souvenir avait toujours eu un effet relaxant sur moi. Je m'y accrochais férocement tout en continuant mes exercices de respirations.

Une brûlure me prit, cependant, par surprise et je tournais la tête pour tomber sur la jeune femme en question, une seringue à la main. Je baissais les yeux sur mon bras alors que ma vision se troublait.

- Ça va vous aider à vous détendre, expliqua-t-elle d'une douce voix.

En effet, chacun de mes muscles se relâchèrent, un à un, et mes pensées s'éparpillèrent pour ne devenir qu'une bouillit mentale et distante. Mes yeux se fermèrent doucement jusqu'à me plonger dans l'inconscience.

Lorsque je refis surface, l'infirmier se tenait près de moi, un journal à la main, inconscient de mon réveil jusqu'à ce que j'essaie de porter mes mains à mon visage. Entraver, je n'y parviens pas mais le son métallique des sangles lui fit relever la tête. Il se leva en affichant un petit sourire bienveillant.

- Bonjour monsieur Mancini. Comment vous sentez-vous, aujourd'hui ?

J'avais un mal de crâne de tous les diables. Cela m'empêchait de réfléchir sereinement. Cependant, j'avais noté qu'il parlait comme si nous avions changé de jour. Les sourcils froncés d'incompréhension, je le fixais.

- Combien de temps j'ai dormi ?

Ma voix était rauque de sommeil et ma gorge douloureusement sèche, si bien que parler me provoqua une toux pénible.

- Vous avez dormi plus de vingt heures. Il est normal d'avoir besoin de temps pour se faire à ce brutal changement. Votre corps et votre esprit réagissent de manière désordonné parce qu'ils ne savent pas encore comment s'adapter à la situation. Cela ira pour le mieux à l'avenir, ne vous en faites pas.

- Vous m'avez piqué, lui rappelais-je lorsqu'il semblait insinuer que je m'étais endormi tout seul.

- Le docteur Adams agit de la sorte lorsqu'elle voit un patient ne pas réussir à sortir d'une crise d'angoisse tout seul, en début de sevrage. Il faut lui faire confiance. Elle sait ce qu'elle fait, prêcha-t-il un converti.

- Quelle heure est-il ?

- Il est sept heures vingt quatre du matin.

Cela me semblait invraisemblable d'avoir autant dormi. Je ne dormais jamais plus de quatre heures par nuit. Cela faisait des années que je n'avais plus dépassé mes horaires habituels. Je me sentais reposé comme je ne l'avais plus été depuis des années malgré mon mal de crâne.

- J'ai mal à la tête.

- C'est tout à fait normal, expliqua-t-il en contournant mon lit pour s'arrêter devant une sorte d'armoire à roulette. Le diazepam a souvent cet effet-là au réveil. Ne vous en faites pas.

Il pivotait pour me faire, de nouveau, face avec un verre d'eau à la main et un comprimé.

- Prenez ça. Ça va vous soulager d'ici un quart d'heure.

Je m'exécutais, prêt à avaler n'importe quoi pour éteindre ce foutu marteau-piqueur dans mes tempes. Pendant ce temps-là, Stephen positionna mon lit en position assise et prit ma tension puis m'examina minutieusement.

- Avez-vous des douleurs quelque part ?

- Non.

- Quand avez-vous consommé pour la dernière fois ? Demanda-t-il circonspect.

- La nuit avant d'arrivée ici.

Il hocha la tête puis déposa mon verre sur une table d'appoint non loin.

- Très bien. Il est encore trop tôt pour ressentir les effets de manque. Du moins, pas autant que ce qui se prépare. Autant en profiter. Vous avez envie de manger quelque chose de particulier ? Demanda-t-il, toujours aussi gentil qu'il pouvait l'être. Je suis un excellent cuisinier, précisa-t-il, l'air on ne peut plus fier.

Je portais mon attention aux alentours, surpris que tout ce temps nous ayons été seuls.

- Où sont les autres ?

- Le docteur West est à l'arrière. Il est en train de recevoir tous les résultats des examens que nous vous avons procurés durant votre sommeil. Nous vous avons prélevé du sang, ainsi que de l'urine. Nous vous avons posé un cathéter pour vos... besoins. Les premiers résultats sont importants. Nous nous devons de surveiller chaque aspect de votre santé durant votre séjour ici. Quant au Docteur Adams... laissa-t-il planer, comme s'il cherchait quelque chose dans mon regard, elle a dû nous quitter pour deux petites heures afin de rencontrer ses autres patients.

Contrarier par la nouvelle, je rejetais la tête en arrière, me foutant que ce que pourrait conclure Stephen de ma réaction. J'avais espéré me rapprocher d'elle en intégrant son programme mais pour le moment, je n'avais pas pu profiter de ces moments avec elle. Si j'étais parvenu à maîtriser ma crise de panique, la veille, j'aurais eu l'honneur de la côtoyer comme bon me semblait mais j'avais été trop faible face aux sangles. Quel abruti faiblard !

L'infirmier regarda autour de lui avant de se pencher sur moi. Son visage, à quelques centimètres de mieux, était souriant et malicieux. Les sourcils froncés, je reculais la tête autant que possible dans mon oreiller afin de mettre de la distance entre lui et moi.

- Ne vous en faites pas... elle ne va pas tarder à revenir, conspira-t-il dans un clin d'œil à mon intention avant de se redresser, l'air de rien. Vous avez choisi votre petit déjeuner ?

Je l'observais un moment avant de comprendre ce qu'il avait cherché à me faire comprendre par ce chuchotement. J'avais un improbable allié. Il avait compris et étrangement, il semblait ne pas vouloir me mettre des bâtons dans les roues, comme son collègue.

Je lui donnais le nom du plat que je souhaitais manger avec la sensation que les choses allaient être bien différente que je l'aurais pensé. À voir si cela allait être en ma faveur ou non...

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant