Chapitre 45 : Roxie

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Il était resté près de deux heures, enfermé dans mon bureau, en communication avec son frère. Tout le long, nous étions resté fébriles. Nous avions eu espoir qu'il n'aurait pas à vivre l'après-annexe tout seul. C'était alors qu'il était sorti avec un sourire qu'il parvenait difficilement à cacher, qu'il nous avait rejoints, nous annonçant que son frère souhaiterait l'accueillir chez lui durant sa convalescence. Gilbert et Stephen en avaient été heureux pour lui. Je l'étais également mais cela fut plus mitigé. Le Nevada n'était pas la porte d'à côté. Sa décision se voulait la plus sensé. Néanmoins, je ne parvenais pas à me sortir de la tête qu'il serait bien loin, que je n'aurais pas l'occasion de continuer moi-même sa thérapie. Il serait suivi par quelqu'un d'autre. Il allait de nouveau disparaître du décor. Il était fou comme les choses changeaient si vite. Lorsque j'avais appris qu'il avait fait tout cela dans l'unique but de me rencontrer, j'avais été vindicative et avais voulu le transférer à un de mes collègues. L'attirance que j'avais pour lui m'avait effrayé, au point que j'avais fui mon propre travail. À présent, savoir qu'il allait quitter la ville me nouait l'estomac. Je me sentais piégé par mes propres conseils et mes actions. Cela n'avait aucune cohérence mais comment pouvais-je l'être alors que je me battais pour ne pas me mettre en travers le chemin de cet homme qui vivait le renouveau ?

Je me haïssais de devoir feindre la joie, plutôt que la ressentir. Je ne pourrais jamais l'avouer de vive voix mais j'avais juste l'impression que le pincement dans ma poitrine, qui semblait avoir élu domicile depuis un moment, se transformait en gouffre. Je n'avais aucun droit de ressentir ce que je ressentais.

Après des échanges animés et des tapes dans le dos qui se voulaient viriles, Riley s'était approché de moi. J'avais, alors, tenté un sourire de circonstance et avais prié pour ne pas échouer. Il s'était arrêté à ma hauteur et m'avait observé un moment sans dire un mot. Ses yeux exprimaient tant de choses qu'il n'en avait pas eu besoin, de toute manière. La gratitude y était imprimée.

- Je suis heureuse pour vous, monsieur Mancini.

- Riley... Je pense que vous pouvez vous autoriser à m'appeler Riley, à présent.

Je n'aimais pas tellement lever cette barrière mais aux vues des circonstances, cela était ridicule de continuer à persister dans cette voie. Aussi, j'acquiesçais.

- Riley... Votre entretien avec votre frère s'est, de toute évidence, bien passé. Je ne vous demanderais, donc, pas comment vous allez.

- Je vais plus que bien et c'est grâce à vous, Roxanne. Je ne sais comment vous remercier. Jamais, je n'ai trouver une oreilles attentive. Il fallait que ce soit vous.

- Détrompez-vous. N'importe quel autre médecin psychiatre pouvez-vous apporter ça. La vie s'ouvre devant vous. Elle vous attend, c'est pour ça que je pense qu'il est temps pour vous de la découvrir sous un œil neuf. Demain matin, vous pourrez appeler votre frère pour lui annoncer votre très prochaine venue. Vous serez libre dans trois jours.

- Trois jours ? S'étonnèrent mes collègues en même temps.

- Vous êtes prêt, continuais-je sans faire attention aux deux autres.

- Je suis confiant et je ne serais pas seul. Steven est prêt à m'y aider.

- J'en suis persuadé. Vous avez une branche solide à laquelle vous accrocher alors courage !

Il hocha la tête puis, sans que je m'y attende, il se pencha sur moi et m'enserra la taille de ses bras. Surprise, je ne bougeais pas d'un pouce. Ses muscles roulèrent sur mes côtes alors qu'il resserrait sa prise sur moi et mon corps se détendit si brutalement que j'en fus étonnée. Son torse m'envoyait des ondes si chaude qu'il me fallut toute mon énergie pou ne pas fermer les yeux de plaisir. Mon cerveau passé en pilote automatique envoya l'ordre à mes bras de se lever afin de rendre l'étreinte à l'homme. J'en aurais été révulser, habituellement, mais cette fois-ci, je m'en foutais. Cela était trop agréable et si vibrant. Les bras de Riley se resserrèrent un peu plus lorsqu'il sentit les miens l'entourait. Cela n'avait rien d'un câlin de remerciement. Il y avait bien plus dans ce rapprochement mais à ce stade, cela ne m'importait plus.

J'aurais pu vivre dans ces bras-là, me fis-je la réflexion avant de me reprendre.

Mon corps se raidit. Je ne pouvais pas faire cela. Il devait prendre son envol. Je ne pouvais pas me permettre de donner de démonstration. Je savais qu'il ne ressentait plus cette foutue obsession pour moi mais nous n'avions plus parlé de ce sujet sensible et je ne savais pas où il en était, à ce propos. Il y avait bien des regards qui pouvaient en dire long mais j'avais préféré occulter, ces dernières semaines, cet aspect-là de nos relations. De plus, il avait fallu poursuivre sa thérapie tout en bataillant contre les sentiments grandissants qui m'animaient. Aussi, j'avais été quelque peu distraite.

Il avait dû sentir mon changement de comportement car il me relâcha doucement. Il se redressa, face à moi, et me fixa quelques secondes avant qu'un sourire malicieux étire ses lèvres. Il fit un pas en arrière et dans un clin d'œil, il s'éloigna pour rejoindre Stephen, qui l'accueillait avec une énième tape dans le dos.

Je ne parvenais pas à détacher mon regard de Riley alors qu'il discutait joyeusement avec son ami. J'étais comme pétrifier. Que voulait dire ce clin d'œil ?

J'avais peur de mal interpréter ce geste. Un avenir lumineux s'offrait à lui. Il devait apprendre à se gérer tout seul, avant d'espérer entreprendre une relation. Alors pourquoi ce clin d'œil ?

M'étais-je trop acharné dans le travail pour ne plus distinguer les différentes relations sociales du genre humain ? Ou m'étais-je tant aveuglé afin de mener ma mission a bien pour ne pas voir qu'il n'avait pas évolué à ce sujet ?

Je sentis une main se poser sur mon épaule et dans un mouvement brusque, je me tournais vers Gilbert, qui me regardait avec une exécrable compassion.

- Il va bien aller, Rox.

- Je sais.

- Nous le reverrons peut-être.

- Si ce n'est pas le cas, c'est une bonne nouvelle.

- Ne me mens pas. Ça se lit si clairement ce que tu ressens qu'il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. Il tient à toi.

Ne sachant pas quoi répondre à cela, je restais silencieuse en zieutant discrètement les deux compères rigolant ensemble.

- Je suis désolé d'avoir été aussi emmerdant avec toi. Je sais que je peux être irritant avec mes règles, parfois. Je n'ai pas su détecter ce qui se passait réellement jusqu'à cinq minutes...

Je fronçais les sourcils dans incompréhension de ce revirement.

- Lorsque vous vous êtes pris dans les bras l'un de l'autre, j'ai compris... Ce gars n'est pas seulement une partie de ton passé. Ce n'est pas seulement une personne que tu as, simplement, connu. Je reconnais ce que je viens de voir, Rox. Je le sais pour l'avoir vécu, une fois... avec Bruce.

Je fixais son dos alors qu'il me laissait avec ces dernières pleines de sens avant de revenir à Riley. Gilbert insinuait-il que Riley pouvait être mon Bruce ?

Un poids sur la poitrine, je secouais la tête pour sortir cette idée de mon esprit car même si cela avait été vrai... il était trop tard... il allait nous quitter... il allait quitter l'état... il allait poursuivre sa vie... et je refusais me mettre en travers sa route une nouvelle fois...

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant