Chapitre 2 : Roxie

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J'avais renvoyé mon patient chez lui avec l'ordre de se reposer. Je lui avais conseillé de ne pas chercher à se sevrer tout seul mais de ne pas consommer seul. Il ne fallait pas qu'il fasse d'excès avec l'idée que cela serait fini par la suite. C'était le meilleur moyen pour faire une overdose. Je faisais confiance à mes patients. Ils venaient me trouver pour une chose bien précise. Ils choisissaient la vie.

Je ne pouvais pas le prendre en charge dans l'immédiat. Cela l'avait beaucoup déçu mais il avait compris que je me devais de lui laissait un peu de temps pour prendre conscience de ce qui se jouait. Je voulais m'assurer que cela n'était pas une décision prise à la va-vite. Je devais le laissais réfléchir à tout cela et reviendrais vers lui lorsque les préparatifs seraient prêts. S'il venait à changer d'avis entre-temps, il pourrait se rétracter. Je ne prenais pas mes patients en otage. Il était hors de question d'agir ainsi. Chaque personne, passant entre mes mains, était à cent pour cent consentant. De plus, cela me prendrait du temps pour une préparation optimale.

Je retournais derrière mon bureau et composais le numéro de Gilbert puis laissais sonner trois fois avant de raccrocher. Cela était le code qui lui permettait de comprendre que nous avions un nouveau patient et qu'il nous fallait communiquer, rapidement, via nos téléphones portables jetables. Ce que nous nous apprêtions à faire n'était, pour ainsi dire, pas vraiment légal.

J'avais réuni une équipe solide et engager. Gilbert, médecin, et Stephen, infirmier, avaient, tout autant, à cœur que moi à aider ces gens qui cherchaient une porte de sortie, en dehors des centres de désintoxication qui n'avait pas marché pour eux. J'avais longtemps investigué, durant mes études, auprès de mes collègues et la presse pour les trouver. Lorsqu'ils avaient entendu parler de mon projet, j'avais su que j'avais trouvé les bonnes personnes pour un sevrage optimal. Ils avaient été heureux d'y participer. J'avais été ravie de les avoir auprès de moi. Une psychiatre, seule, ne pouvait pas travailler sans une équipe compétente. J'avais besoin d'eux. Nous formions une équipe solide et soudée.

J'attrapais la clé, coller sous mon bureau, et ouvrais le tiroir fermé à double tour, de mon armoire. J'en sortis un téléphone et le dossier classé de Govern, préparer en amont, au cas où il se déciderait. J'en avais un pour chacun de mes patients. Ceux qui ne s'investissaient pas dans le programme, à aucun moment, se voyaient disparaître de cette armoire. Mes patients étaient des êtres à part entiers. Je ne forçais rien, ni ne parlais de ce programme, à moins qu'ils m'en parlent, eux-mêmes. Celui-ci contenait plusieurs examens médicaux que je l'avais envoyé faire lorsqu'il était devenu mon patient. Ces examens m'étaient indispensables. Il en passerait d'autres, une fois la manœuvre enclenchée mais on n'était jamais trop prudent. Nous devions avoir toutes les variables en mémoire pour ne pas mettre en danger un patient.

Je sortis de mes pensées lorsque mon téléphone sonnait.

- Salut.

- Eh bien ! Tu es de mauvaise humeur ?

- Non. Un patient récalcitrant à me laisser soigner sa fille. Ça m'exaspère ! Je vais signaler cette famille, fulminait-il.

- Tu devrais te calmer et y réfléchir à deux fois. Cherche à comprendre pourquoi il est aussi vindicatif à te laisser faire, plutôt, avant de sauter sur tes grands chevaux, lui conseillais-je.

Gilbert n'était pas le genre d'homme à accepter l'injustice. Il possédait une morale exacerbée qui pouvait le conduire à l'impulsivité. Avec le temps, j'étais devenu son garde-fou. Il soupira.

- Très bien, maugréa-t-il.

- Ça, c'est un bon médecin, me moquais-je.

- La ferme ! retrouva-t-il, quelque peu, le sourire. Bon, tu m'expliques ?

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant