Chapitre 42 : Riley

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Nous étions sur le retour pour l'annexe et, bizarrement, j'en étais content. Voilà, trois mois que je vivais enfermé entre quatre murs et cette sortie m'avait épuisé. Être coupé du monde, aussi brutalement, avait des causes. J'avais perdu ma capacité au relationnel. Je n'en avais, déjà, pas beaucoup avant l'annexe mais à cet instant, cela devait approcher du zéro. Aussi, me faire réintégrer la société par étapes, n'était en rien une mauvaise idée. J'en avais eu pour mon compte. Cela avait été agréable mais je n'aurais pu rester plus longtemps. Il fallait dire que l'annexe était devenue un cocon, une bulle m'appartenant, où je me sentais bien et entouré. Je n'y étais, certes, pas resté suffisamment longtemps pour me transformer en ermite mais j'appréciais ce que cette bâtisse m'avait offert. La stabilité.

Lorsque Stephen se gara devant le bâtiment, je sortis du véhicule et avancer vers la porte. Je devais avouer avoir été déçu que cette première ne se soit pas faite en présence de Roxie. J'aurais aimé qu'elle puisse voir de ses yeux que je m'en sortais plutôt bien, que je bossais durement pour être la personne que je voulais être, pour moi, comme pour elle.

Il fallait me faire une raison. Elle ne travaillait pas seulement à mes côtés. Elle avait d'autres patients qui comptaient sur elle. Je m'étais résigné à la voir débarquer lorsque nous étions entré dans le magasin de fringues.

- Tu n'oublierais pas quelque chose ? Je ne suis pas ton valet, m'interpela Stephen, qui sortait tout juste de sa voiture.

Je me tournais vers lui, un sourcil dresser, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire, avant qu'il ne se dirige vers son coffre. Les vêtements. Je revins sur mes pas et attrapais les trois sacs contenant le commencement de ma nouvelle vie et fit demi-tour.

- Tu es bien pressé ? Tout va bien ? Me questionna-t-il en arrivant à ma hauteur.

- Je suis crevé, me plaignais-je.

- C'est tout à fait normal. Tu vas t'y faire. Ça ira de mieux en mieux avec les jours avec venir. Tu verras.

Je ne pouvais que le croire. J'avais besoin de temps et de me confronter aux mondes pour quitter la bulle que je m'étais construit, à l'annexe. Le monde m'attendait et je voulais faire partie de celui-ci. Je voulais apporter ma pierre à l'édifice. Je voulais une vie normale. Je voulais la vie que la plupart des gens avaient sans l'apprécier. Je saurais l'aimer car je savais ce que c'était de ne pas avoir la chance de ce qui prenait pour acquit.

Lorsque nous pénétrions à l'intérieur, Gilbert et Roxie étaient assis à table, discutant autour de nombreux dossiers. Mon nouvel ami et moi allions à leur rencontre, encombrer par nos achats.

- Salut ! Je vois qu'on réfléchit déjà au prochain sujet, fit remarquer Stephen.

- Monsieur Mancini va bientôt pouvoir retrouver sa vie et Roxie ne semble pas prête à prendre congé pour quelque temps, maugréa le médecin.

- Vous devriez aller ranger vos affaires, monsieur Mancini, me conseilla-t-elle, me donnant l'impression d'être de trop.

Je m'exécutais mais n'allais pas bien loin. Elle avait déjà en tête de reprendre quelqu'un d'autre alors que j'étais encore là. Le pincement que cela me procura était étrange. Elle ne venait pas d'annoncer une nouvelle relation mais un nouveau patient alors pourquoi avais-je la sensation de ne pas compter pour elle, de n'être qu'un parmi tant d'autres ?

Elle avait évité mon regard. Elle s'était seulement contenté de fixer Stephen, d'un air énigmatique. Je voulais savoir ce qui se passait. Une fois dans le couloir, je déposais les sacs à mes pieds et me collais contre le mur afin de ne pas être vu.

- Pourquoi tu as interféré a restaurant ? Sembla-t-elle contrarié.

- Je n'en sais rien, admit mon ami, en soupirant.

- Je sais que aime bien ce patient, Steph, mais tu ne peux pas intervenir. Tu dois le laisser gérer tout seul, lui reprocha Gilbert, me faisant comprendre qu'il y avait anguille sous roche.

Le souvenir du restaurant me laissait un goût amer. Cela ne s'était pas passé comme je l'aurais voulu. Les serveurs avaient été irrespectueux en nous ignorant, une bonne vingtaine de minutes. Le cuisinier n'avait pas été à la hauteur de ce que m'en avait dit Stephen. Le gérant avait été bruyant et vulgaire. Nous n'avions pas passé un bon moment. À plusieurs reprises, il m'avait fallu prendre sur moi pour ne pas aller trouver le propriétaire et lui faire part de mon mécontentement de la façon dont j'en avais l'habitude. Cela était des réflexes dont je devais me débarrasser absolument. J'étais alors sagement resté assis sur ma chaise à subir ce moment qui aurait dû être relaxant et délicieux.

- Je sais bien mais je ne veux pas qu'il gâche tout, vous comprenez ?

- Ton amitié pour lui ne doit pas outrepasser tes fonctions, Stephen, le rappela à l'ordre Roxie, d'une voix plus douce.

Le silence se fit dans la grande salle avant d'être brisé par le médecin.

- Roxie à un patient de longue date qui a éventuellement choisi de participer au programme. Elle voudrait rempiler après Mancini, informa-t-il son collègue.

- Très bien.

- Non, pas très bien, râla-t-il. Cela va faire sept mois que nous travaillions vingt quatre heures sur vingt quatre. Nous avons besoin d'une pause. De prendre du bon temps. De profiter de nos familles et amis. Mon mari me manque et j'aimerais passer du temps avec lui avant qu'il n'aille voir ailleurs.

- Je sais, Gilbert... Je suis désolée de vous avoir demandé autant d'efforts. J'ai tendance à oublier que ce n'est pas parce que je ne vis que pour mon boulot que c'est le cas pour vous. C'est difficile de refuser de leur apporter de l'aide quand ils le demandent...

- Et c'est pour cette raison qu'on t'aime, Rox, mais là, tu m'en demande trop. Je fais une pause après Mancini. J'ai besoin de passer du temps avec Bruce et Ashley. C'est les vacances scolaires et je ne l'ai pas vu, une seule fois, fit-il valoir.

- Tu as raison, céda-t-elle. Pas de nouveau patient de tout l'été. Ça te va ?

- Merci.

- Ne me remercie pas. J'ai l'impression d'être la pire des tantes pour enlever son père à ma petite puce.

Je me dépêchais de récupérer mes sacs et de foncer dans la salle de bain qui m'avait été attribuer lorsque j'entendis une chaise racler sur le sol. Il y avait de l'eau dans le gaz mais ils possédaient une force que je n'avais jamais connue et je les enviais pour cela. Leur amitié était si forte qu'ils en étaient devenus une famille, les uns pour les autres.

J'espérais un jour être accepté par ce groupe fortement lier. Je voulais en faire partie... aux côtés de Roxie... Et je comptais bien le lui faire comprendre avant mon départ... cela attendrait le dernier jour... 

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant