Chapitre 13 : Riley

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Je soulevais les poids sous la supervision de mon coach dans un effort surhumain. Je n'avais pas la tête à l'entraînement. De plus, j'étais défoncé. Il était difficile de se concentrer dans ces conditions mais dans mon délire intoxiqué, j'avais décidé de ne pas sécher mon rendez-vous avec Wally. Il était au courant pour mon addiction. Il l'avait découvert, tout seul, le jour où il m'avait croisé en ville, alors que je me rendais au cabinet de Roxie, alors que je venais de consommer. Cela le contrariait mais il ne faisait jamais aucun commentaire à ce sujet. Excepté ce matin. Il avait gueulé en me voyant dans cet état. Il avait refusé de m'entraîner. Je l'avais alors envoyé foutre et avaient commencé mes exercices, seul. Lorsqu'il m'eut vu galéré, il s'était approché et avait commencé à m'aider malgré sa colère. Néanmoins, je ne pouvais échapper à ses regards assassins. Je m'en foutais. Il pouvait penser ce qu'il voulait de moi. Cela ne me dérangeait pas. Il ne savait rien de moi, ou de ma vie. Il ne savait pas pourquoi j'avais commencé à m'infliger cela, et, je pensais, que s'il le savait, il appellerait les flics et Roxie, pour la mettre en garde. Wally était un bon gars à la vie saine. Marié, père de trois enfants, il prônait la rigueur et le respect des autres et de soi-même. Je devais avouer qu'il était un exemple à suivre mais cela viendrait. Pour cela, je n'avais besoin que d'une personne. Je serais l'homme qu'elle mérite. Pour le moment, elle était la femme qu'il me fallait pour devenir celui qui la méritait.

- C'est bon, repose les poids, m'enjoignait le coach.

- Je peux encore...

- Non ! Tu t'épuises pour rien. Passons à l'exercice suivant.

Il souleva facilement la barre pour me contraindre de la poser. Je me rasseyais, le fusillant du regard. Il m'ignora et s'éloigna vers la machine suivante. Je le suivis après l'avoir copieusement insulté intérieurement. Je n'étais pas suffisamment moi-même pour enclencher une confrontation. Je m'installais à la machine à charge et commençais à tirer. Wally avait déjà installé les poids et de toute évidence, il voulait me faire payer mon manque de sérieux car il avait chargé la machine à cent dix kilos. Je tirais de toutes mes forces mais ne parvenais pas à aller jusqu'au bout.

- Allez ! Fait un effort !

- Si tu enlevais un peu de poids, j'y arriverais, râlais-je.

- Tu as besoin d'éliminer ce qui circule dans ton corps alors ne compte pas sur moi pour te caresser dans le sens du poil. Tu veux t'entraîner quand même... d'accord mais tu vas souffrir.

Cela n'avait pas été des paroles en l'air mais je n'avais rien lâcher durant les deux heures passées en sa compagnie. Il avait tout fait pour me faire craquer. Il n'avait pas été tendre. Cependant, et sans s'en rendre compte, cela m'avait motivé. C'était pour cette raison que j'aimais tant m'entraîner à ses côtés. Il ne me faisait pas de cadeau. Il était simplement là pour me garder en forme malgré mon style de vie. Lorsque j'avais décidé d'entreprendre mon plan et commencer à prendre des drogues dangereuses, je m'étais posé des conditions. Hors de question de devenir un drogué au corps ravagé pour ces substances. Je voulais approcher Roxie, certes, mais il fallait, également, que je lui plaise. Je voulais qu'elle pose sur moi, un regard envieux, dès nos retrouvailles. À première vue, cela n'avait pas été le cas, trop perturbée de me revoir mais je ne perdais pas espoir. D'autant plus, qu'elle s'était battue, bec et ongles, pour moi auprès de ses amis. Je savais que je n'avais fait tout cela pour rien, à ce moment-là. Elle ne ressentait pas ce que j'aurais voulu mais ce n'était pas fini. Du moins, en apparence. Elle voudrait, à l'avenir, de moi. Il fallait seulement que je lui rappelle ses sentiments, si tel était le cas. La séduire ne serait pas un problème. Je savais que j'étais loin d'être repoussé par la gent féminine. Elle finirait par réagir exactement pareil que sa secrétaire.

Après avoir pris une douche et saluer Wally, qui me fit promettre de ne plus jamais venir le trouver dans cet état, je filais à l'entrepôt. J'avais quitté celui-ci, tôt le matin même. J'avais eu un entretien d'embauche. Je manquais de liquide et le type proposait un emploi à mi-temps pour quelques semaines. Je serais chargé de livrer des documents importants. Tout ce qui m'importait était le salaire. C'était très bien payé pour quelques heures de boulot par semaine. J'avais sauté sur l'occasion. Il fallait bien payer mon studio, Wally, Roxie et ma drogue. J'avais pu tenir jusqu'à présent sur mes économies mais il ne me restait plus rien. Je n'aimais franchement pas la laisser seule pour retourner travailler mais cela était nécessaire.

J'avais passé, la veille, l'examen cardiaque qu'elle avait demandé. À mon plus grand soulagement, tout allait bien. J'étais en forme. Digne d'un jeune homme prêt pour un sevrage. Cela n'altérerait pas à mon plan bien ficelé. Elle n'aurait plus aucune raison pour me le refuser. Notre prochain rendez-vous était pour dans trois jours. J'avais hâte de me retrouver, une nouvelle fois, dans son bureau, seul à seule. L'avoir, seulement pour moi. Pouvoir respirer son parfum délicat. Voir ses beaux yeux verts planter dans les miens. Entendre sa voix, légèrement rauque, lorsqu'elle s'adressait à moi, et rien que moi. Regarder son corps se mouvoir lorsqu'elle marche jusqu'à son bureau, lorsqu'elle s'assoit dans son fauteuil. Posséder toute son attention sur ma personne. Dans ces moments-là, elle était toute à moi. C'était si jouissif. Elle n'avait aucune idée de ce qui me trottait dans la tête et cela était pour le mieux, pour le moment. Je ne voulais pas l'effrayer. Elle méritait la douceur et la patience. Elle était bien la seule à pouvoir en bénéficier de ma part.

Depuis l'adolescence je vivais avec une colère latente. Mon passé me hantait chaque seconde de ma vie, excepté lorsque Roxie était dans les parages. Elle était le meilleur médicament qui soit. Lorsque mes yeux se posaient sur elle, j'oubliais tout ce qui n'était pas elle. Plus rien ne pouvait m'anéantir car j'avais devant moi, mon avenir. Celui-ci s'annonçait bien plus beau que ce que j'aurais pu rêver. Il était difficile, par moments, de me sentir à la hauteur de cette femme mais je ne l'abandonnerais jamais aux mains d'un autre pour autant. J'étais entré en contact avec elle. À partir de ce moment, elle était véritablement à moi. Plus aucun homme ne pourrait l'approcher. Je les tuerais. Je les tuerais tous. Roxie était ma femme. Elle était à moi. Elle était ma rédemption, ma lumière, mon futur. J'avais de magnifiques projets pour nous deux. Des projets qui se concrétiseraient. Je la rendrais heureuse. Je ferais de son bonheur, ma priorité. Cela commençait par mon sevrage. J'allais me débarrasser de mon addiction pour elle. J'allais employer un mode de vie plus sain et devenir l'homme qu'elle avait besoin d'avoir à ses côtés. Elle était mon tout. Je serais le sien.

Les soins, apporter à son patient actuel, trainaient en longueur et cela en devenait de plus en plus frustrant. D'après mes observations, l'homme était sorti de la phase la plus difficile depuis un long moment mais elle refusait de le libérer, prétextant qu'il n'était pas assez fort pour résister aux épreuves du temps. Cependant, je commençais à trouver le temps long. Je me foutais de ce type. Je voulais qu'il dégage la place. C'était à mon tour de profiter de sa présence permanente. Cela était si long que je commençais à développer une véritable haine pour cet homme. Il n'avait aucun droit de lui voler des sourires. Cela me revenait de la rendre heureuse. Je combattais mes pulsions violentes à chaque instant. Cela faisait deux foutus mois qu'elle le veillait. Soixante-sept jours. Quinze heures et dix-neuf minutes. Cela était du temps qu'il me volait à ses côtés. Néanmoins, je rongeais mon frein. J'étais si proche du but. Le temps que nous passerions ensemble allait lui ouvrir les yeux. J'en étais persuadé. Elle allait se rendre compte, qu'il y avait six ans, elle avait des sentiments pour moi et qu'ils ne s'étaient pas effacés. Cela allait lui revenir et elle m'accorderait la chance que j'espérais tant. Cela ne pouvait en être autrement.

Cependant, j'avais en tête un autre plan si mes croyances étaient faussées. Un plan beaucoup moins joyeux. Un plan auquel je n'avais aucunement envie de penser. Un plan qui nous ferait du mal, à l'un comme à l'autre...

Il fallait qu'elle réveille ce qui l'avait poussé à me veiller pendant mon coma... il le fallait pour que les débuts de notre couple se passe en douceur...

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant