Chapitre 33 : Riley

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Je n'avais aucunement l'intention de continuer sur cette voie. Elle voulait des réponses qui pourrait la conduire à me révoquer. Il était hors de question que je laisse cela arriver.

- Suis-je un sujet problématique pour vous, monsieur Mancini ? Insista-t-elle.

Son air se fit farouche. Elle avait bien tenté de garder une certaine neutralité émotionnelle mais son masque avait peu à peu glissé sur son visage pour laisser place à la femme. La psychiatre avait disparu depuis un bon moment. À présent, elle semblait déçue, en colère et touchée. Cette troisième m'inspirait bien plus que les précédentes. Je devais jouer sur celle-ci afin de l'endormir et qu'elle abandonne le combat. Je ne bougerais pas de là où j'étais, de toute manière. Je doutais qu'elle fasse appel à la police pour me déloger. Aussi, elle n'aurait pas le choix que de me garder à ses côtés, quoi qu'il arrivait.

- Il faut que je le sache, monsieur Mancini. Ma façon d'aborder votre thérapie se joue sur votre vécu et votre manière de voir les choses, vous comprenez ?

- Contentez-vous de me donner des antidouleurs et de me garder attacher pour que je ne sois pas tenté d'aller chercher une nouvelle dose.

- Cela va de soi mais ce programme va bien plus profondément que ça. Nous traitons le fond, pas que la surface, monsieur Mancini.

- Non. Vous cherchez à fuir. Ce n'est ce que vous faites depuis le début de la semaine. Je ne pensais pas que vous étiez une lâche.

Ses yeux se plissèrent de colère. Ce qu'elle pouvait être belle quand elle était en colère !

- Je vous ai déjà expliqué ce qui s'était passé pour justifier mon absence et vous devriez en être content étant donné que je n'ai aucun compte à vous rendre, se défendit-elle avant de souffler un bon coup pour se calmer. Bien, vous ne voulez pas de transparence et d'honnêteté entre nous afin de poursuivre dans de meilleures conditions... très bien... continuons votre thérapie sans mettre les choses à plat mais je ne peux vous assurer les mêmes résultats que j'ai pu obtenir avec mes précédents patients.

Elle se leva de sa chaise dans l'idée de me quitter. Je tentais, vainement, de lui attraper la main avant qu'elle ne parte. Elle baissa les yeux sur ma main puis releva le regard sur moi, un sourcil dresser. Il ne me tardait pas qu'elle reprenne sa stature de psychiatre. Les émotions transperçaient son visage. C'était agréable de faire face à la véritable Roxie.

- Vous voulez tout savoir... d'accord... mais ça ne va pas vous plaire du tout mais sachez que je ne bougerais pas de là. Vous allez travailler auprès de moi jusqu'à ce que je sois sevré. Je ne vous laisse pas le choix que ce que je m'apprête à vous dire, vous plaise ou non.

Elle se laissa tomber sur sa chaise, le regard satisfait. Elle ne ressentirait pas de la satisfaction après ce qu'elle allait apprendre mais cela était elle qui le voulait.

- Je vous écoute, monsieur Mancini.

- Après mon réveil, les médecins m'ont appris que je n'avais pas toujours été seul. Ils n'ont pas voulu me dire quoi que ce soit sur vous mais j'ai pu soudoyer une infirmière qui a fini par me donner votre nom. Je ne suis pas parti, tout de suite, à votre recherche parce que je devais passer par la rééducation. Il m'a fallu du temps pour retrouver toutes mes capacités afin de quitter définitivement l'hôpital mais votre nom n'a pas cessé de me hanter. Comme vous l'avez dit vous-même, je n'ai pas pour habitude qu'on s'inquiète pour moi. Savoir que vous vous étiez rendu à mon chevet tant de temps, chaque jour m'a rendu curieux. Je devais découvrir pourquoi vous étiez resté auprès de moi. Alors, j'ai cherché. Cela n'a pas pris bien longtemps. J'avais quelques connaissances dans la rue. J'ai quitté Indianapolis pour vous rejoindre. Je devais mettre un visage sur ce nom. Je devais vous voir. Je devais savoir qui était cette jeune femme qui avait fait plus acte de bonté, envers moi, que toutes les personnes qui étaient entré dans ma vie. Je vous ai retrouvé sur le campus. La première fois que je vous ai vu, vous étiez entouré d'un petit groupe d'amis. Vous étiez souriante, des livres sous le bras. Je pouvais enfin constater par moi-même de la personne que vous étiez. Je ne voulais pas entrer dans votre vie et la perturber. Alors, je suis resté à l'écart pour en apprendre plus sur vous. Je vous ai observé de loin jusqu'à découvrir vos activités externe à vos études. Vous aviez tant à cœur d'aider les gens dans le besoin. Peu à peu, j'ai commencer à tout connaître de vous. Cependant, avec le temps, il m'en fallait plus. J'avais envie de vous rencontrer pour de bon mais je ne savais pas comment vous aborder. Je ne voulais pas vous faire peur, ce qui doit être complètement gâché à présent, alors j'ai décidé d'user d'un stratagème qui, je pense que vous l'avez deviné, doit vous effrayer.

- Vous avez commencé le crack...

Je hochais la tête par l'affirmatif.

- Ce n'était peut-être pas le bon moyen mais ça à marcher... tu es là, devant moi et je suis entré dans ta vie, comme je le souhaitais.

Elle se leva brutalement de sa chaise sans me quitter du regard. Ses émotions faisaient rage en elle. Elle regardait autour d'elle, comme pour chercher une porte de sortie. Il y en avait une dans son dos mais elle n'y fit pas attention. Je me relevais du mieux que je le pouvais pour m'asseoir.

- Je ne te veux pas de mal.

- Qu'est-ce que tu me veux alors ? Me demanda-t-elle, anxieuse au point d'en oublier le vouvoiement auquel elle tenait tant.

Je ne pouvais pas répondre à cela. Elle était déjà morte de peur. Je ne pouvais en rajouter.

- Seulement, te remercier pour ce que tu as fait pour moi. Personne n'a jamais fait ça pour moi. Tu as sacrifié une partie de ton adolescence pour moi.

- Il était inutile d'en arriver à de tel extrême pour ça. Tu aurais dû venir me voir. Tu es allé trop loin. Te droguer...

- Assieds-toi, Roxie.

- Tu es obsédé par moi ?

Je fronçais les sourcils. Je savais très bien ce qu'elle avait en tête. Ce type avait empoisonné son existence, même après sa mort.

- Je ne suis pas un danger pour toi.

- Es-tu obséder par moi, Riley ? Redemanda-t-elle, insistant sur chaque mot.

- Je ne le suis pas.

Elle fit deux pas en arrière, faisant grincer sa chaise sur le sol bétonner.

- Putain, dans quel merdier je viens de me foutre ?! Se parla-t-elle, se passant une main sur le visage.

- Je ne suis pas là pour détruire ta carrière.

Elle me jeta un coup d'œil assassin.

- Tu t'es drogué au crack pour moi, Riley. Je t'ai accepté dans ce programme, pensant que tu ne savais rien de moi. Est-ce que tu sais ce que j'encours si cette histoire arrivait aux oreilles du conseil ?

- Rien de plus que s'ils découvraient ce que tu fais ici avec tous les autres avant moi.

Elle se passa les deux mains dans les cheveux. Brillait dans ses yeux une lueur tortueuse.

- J'ai besoin de prendre l'air, me quitta-t-elle précipitamment, optant enfin pour la porte d'entrer de l'entrepôt.

Elle claqua la porte derrière elle, me laissant avec un goût amer dans la bouche et le regret de mettre, peut-être, dévoiler bien trop rapidement. Elle n'était pas prête mais lui mentir n'avait pas été dans mes options, de toute évidence. Cependant, elle n'avait pas exigé à me détacher afin de je parte de l'annexe. Cela était une victoire en soi... du moins, j'espérais que cela demeurerait ainsi lorsqu'elle aurait repris ses esprits et reviendrait...

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant