The spicy benefactress~Tome 1

Chapitre 8 : Roxie

Je restais figé devant cet homme que je ne croyais plus jamais revoir. Il avait changé. Il avait vieilli. Il semblait épuisé. Il n'avait pas cette barbe à l'époque. Je n'avais pas, non plus, pu savoir qu'il possédait ce regard intense. Il ne me lâchait pas du regard dans mon immobilité. Il devait se demander ce qui me prenait mais, durant un instant, j'étais incapable de tout mouvement. J'étais devant un fantôme de mon passé, après tout. J'avais des raisons valables. Les médecins m'avaient, pourtant, affirmé qu'il était, pratiquement, impossible qu'il ne se réveille un jour. J'étais sous le choc. Malgré les changements opérés chez lui, je l'aurais reconnu entre mille. J'avais passé des années à l'observer sous toutes les coutures. J'avais passé des heures et des heures à lui parler dans l'espoir qu'il m'attende et se batte pour sortir de son coma. Aujourd'hui, le voilà devant moi, bien éveillé et dans mon cabinet. Le souvenir de sa toxicomanie me revint en mémoire. De toute évidence après son réveil, il n'avait pas profité de ces années de sommeil pour s'éloigner de la drogue. Incompréhensiblement, cela me déçu. J'avais, peut-être, un peu trop romancé son hypothétique sorite de coma. L'avoir face à moi, me semblait, complètement, fou.

Il fit un pas en avant, lorsque le temps fut un peu trop long et gênant. Je devais passer pour une tarée. Bien sûr, il ne savait rien de tout ce que j'avais partagé avec lui. Il ne me connaissait pas. Cela était étrange de connaître une personne qui ne savait rien de vous.

Je sortis, enfin, de ma torpeur et m'avançais dans la pièce pour lui tendre la main. Définitivement perdu, je ne prenais pas la peine de saluer correctement mes patients avant qu'ils ne soient dans mon bureau, habituellement, mais rien n'avait d'habituel à ce moment-là. Il serra ma main d'une bonne poigne sans jamais me lâcher du regard. J'avais l'impression qu'il faisait, lui aussi, face à un fantôme. Pourtant, j'étais une inconnue pour lui.

Puis le nom du patient que je devais rencontrer me revint en mémoire. Il ne s'agissait pas d'un Riley Mancini, mais d'un certain, Preston Collins. Que cela voulait-il dire ?

- Monsieur Collins ?

Il n'avait toujours pas lâché ma main. Il continuait de la serrer entre les siennes. Perdue, je n'avais pas cherché à la retirer. Lorsque je m'en rendis compte, je la laissais glisser entre ses paumes rugueuses.

- En effet, confirma-t-il d'une voix profonde et éraillé, comme s'il n'avait pas l'habitude d'user de sa voix fréquemment.

Je pris sur moi de passer outre la surprise et repris une attitude professionnelle.

- Veuillez me suivre jusqu'à mon bureau, je vous prie.

Je le devançais et ouvris la porte de mon bureau puis le laissais entrer à l'intérieur, les yeux posés sur son dos massif. Il était le premier patient que je rencontrais possédant une telle carrure. Il ne ressemblait pas à un malade habituel. Il était massif alors que mes autres patents avaient une hygiène de vie désastreuse. Ils étaient soit en surpoids, soit squelettiques. Lui semblait passé ses journées dans une salle de sport. Je savais qu'il existait des drogues utilisées par des athlètes afin de gonfler leurs muscles plus rapidement. Ils se chargeaient en testostérones afin de prendre en masse. Cela devait être sa came. Il était le premier que je rencontrais, si tel était le cas. Il serait ma première expérience. Je les savais, potentiellement, violents, à cause de ses produits. Aussi, s'il s'avérait que cela était la raison de sa visite, il me faudrait être prudente face à lui.

Je l'invitais à prendre place sur le canapé et m'installais dans mon fauteuil, face à lui puis baissais, de nouveau, le regard sur son dossier qui composait les examens que j'avais demandés. Je fus surprise que la drogue, qui coulait dans ses veines, n'avait rien à voir avec des produits dopants mais plutôt le crack. Je relevais le regard sur lui et l'observer à nouveau. Il n'avait strictement rien à voir avec un camé au crack. Son usage m'étonna.