Chapitre 17 : Riley

153 20 0
                                    


Je me maudissais de m'être emporté. Je voulais me montrer sous mes meilleurs jours et voilà que je pète un plomb dans son cabinet. Le sujet abordé était délicat. Je ne supportais pas les souvenirs associés à mon père. Cet homme était un déchet qui n'avait rien à faire dans ma vie. Cela était la plus grande réussite de ma vie. Le sortir de mon existence avait grandement changé les choses... en mieux. Je comptais bien le garder aussi loin possible que moi.

Je la suivais le reste de la journée, passant par un salon de coiffure à sa maison, pour finir dans un bar en compagnie de deux personnes que j'avais pu apercevoir plusieurs fois dans sa vie, auparavant. Katie et Keyron avaient tout l'air d'être très proche de Roxie depuis longtemps. Je n'avais pas eu l'occasion de réellement entendre leur conversation, seulement, leurs prénoms. Ils avaient, néanmoins, semblé très proches lors de leurs rencontres répétées pendant les vacances d'été durant les études de Roxie.

Les trois amis parlaient et riaient ensemble depuis plus d'une heure. Je m'étais installé deux tables plus loin afin qu'elle ne me repère pas. Malgré la musique, je tendais l'oreille pour essayer de capter quelques mots par-ci par-là. J'avais l'espoir qu'elle parle de ce nouveau patient, appartenant à son passé de toute jeune fille. Égoïstement, je voulais que mon retour dans sa vie l'obsède au point de ne plus pouvoir réfléchir à autre chose que moi. Je voulais envahir son esprit jusqu'à ce qu'il n'y ait que ma voix, mon odeur et mon visage dans son esprit. Je voulais la hanter, comme elle me hantait, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus se passer de ma présence auprès d'elle. Je voulais peupler ses rêves les plus inavouables.

Bière à la main et dos à sa table, j'observais la salle éclairée. Les fêtards dansaient, discutaient, s'amusaient, d'autres cherchaient la partenaire idéale pour la nuit. Puis, il y avait ceux qui préféraient se souler jusqu'à rouler sous les tables.

J'étais épuisé. Je n'avais pas dormi depuis trois jours, excepté la micro sieste que j'avais faite à l'annexe, dans mes quartiers. Mes yeux se fermaient, presque, seuls. Je devais m'autoriser une bonne nuit de sommeil. D'autant plus, que je travaillais le lendemain. J'avais trouvé un emploi, à mi-temps, dans le centre en tant que vigile d'un club select. Bien payé, j'avais sauté sur l'occasion. Cela me permettrait de mettre de l'argent de côté et passer le temps que je voulais auprès de mon ange. Cependant, j'attendrais que cette dernière se décide à partir pour retrouver sa belle villa afin de m'assurer qu'elle rentre bien. J'irais, ensuite, me coucher pour un repos bien mérité.

Je tournais la tête, aussi discrètement que possible. J'avais vu sur le dos des deux jeunes femmes. Je pus m'apercevoir que le couple qui était attablé à la table qui nous séparait, était partis. J'hésitais à prendre le risque de me déplacer afin de me rapprocher. La curiosité était un vilain défaut mais j'étais bien trop défoncé pour penser rationnellement. Je me levais lentement et me glissais, rapidement, sur la banquette accolée à celle de Roxie afin que je me retrouve, toujours, dos à elle. Leurs voix furent plus claires. Je m'adossais au dossier, si bien que l'arrière du crâne de la jeune femme pourrait entrer en collision avec le mien au moindre mouvement. Je jouais à un jeu dangereux mais je ne bougeais pas. Je n'en avais rien à faire. Tout ce qui comptait, était la conversation qu'entretenait le trio. Les bras croisés, l'air franchement suspect, je gardais les yeux rivés sur ma bière.

- Et toi, Keyron ? Comment vont tes petits protégés ?

- Ils m'exaspèrent, rigola l'homme. Ils sont géniaux mais les vacances approchent. Ça les rend surexcités. Je ne finis pas une seule journée sans migraine.

- Pauvre garçon, se moqua Katie.

- Tu sembles épanoui malgré tes plaintes, souligna Roxie.

- Plus qu'heureux !

- Allez, Key ! Dis-lui ! Je n'en peux plus de lui cacher une telle chose.

- Me cacher quelque chose, hein ? sembla amuser Roxie.

Après quelques secondes de silence où la tension était palpable, il prit son courage à deux mains.

- J'ai rencontré quelqu'un.

- Vraiment ? Je la connais ? demanda-t-elle, inquisitrice.

- Non. Je l'ai rencontré lors d'un concert. On a accroché.

- Quand est-ce que tu la rencontrés ?

- Il y a cinq mois...

- Quoi ?!

- Je te l'avais dit qu'elle allait mal réagir, déclara Katie.

- Il y a de quoi ! Je sais que je suis tout le temps occupé mais je reste disponible pour vous écouter et me tenir au courant de vos vies. D'ailleurs, Katie ne s'en prive pas alors pourquoi tu n'en fais pas de même ?

Roxie semblait contrarier. Les sourcils froncés, je tendais l'oreille, un peu plus, sur les intonations de sa voix.

- Je ne voulais pas te déranger. Tu sembles si occuper depuis deux ans. Tu n'as même pas pu aller chez le coiffeur avant aujourd'hui, Rox, fit-il valoir, très justement.

- Je sais mais je suis là pour vous deux. Vous êtes ma famille. Je serais toujours là pour vous. Je ne veux rien rater de vos vies. J'aurais bien aimé la rencontrer... comment est-elle ?

- Elle est... commença Katie avant d'être coupé par Keyron.

- Elle s'appelle Mia. Elle a trente ans et est prothésiste dentaire. Elle est gentille, intelligente, drôle et belle... et je suis amoureux d'elle.

À sa déclaration, le silence tomba autour de la table avant que des petits cris aigus vinrent transpercer mes oreilles. De toute évidence, les filles étaient heureuses de la nouvelle.

- Il faut absolument que je la rencontre. Je veux voir qui est la femme qui a réussi à harponner mon petit Key.

- Rhaaa, ça suffit ! grogna-t-il.

- Pas question, bordel ! Tu es amoureux. Je n'y crois pas. C'est incroyable !

- Pas si incroyable que ça...

- Bien sûr que si ! Tu es si difficile en matière de femme. Nous avons dû te présenter une dizaine de femmes et elles possédaient toutes un défaut rédhibitoire pour toi. Cette femme est tombée du ciel, riait Roxie.

- On ne l'attendait plus, surenchérie Katie.

- Arrêtez ! Ne me faites pas honte devant elle. Je tiens à la garder dans ma vie. Vous allez la faire fuir avec vos conneries.

- Je serais sage comme une foutue image, promit Roxie.

- Pour moi, c'est trop tard. Elle sait déjà que je suis folle, rigola Katie.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Keyron.

J'eus un mouvement, par reflexe, afin de connaître les raisons de cette question mais je me repris rapidement.

- Il faut que nous fêtions ça comme il se doit.

- Je ne viens pas de t'annoncer mon prochain mariage, non plus...

- Tu rigoles ? Si c'était le cas, je ne commanderais pas une bouteille. Ce sont des billets d'avion que je rechercherais pour ton enterrement de vie de garçon, plaisanta mon ange.

Les rires fusèrent à la répartie de la jeune femme. Elle semblait réellement heureuse et j'aimais la savoir ainsi. Son rire me parvint avec délice, provoquant une myriade de frisson sur tout mon corps.

Ces derniers mois, je n'avais vu Roxie qu'en pression, le travail au corps. Il était temps qu'elle profite un peu. Cela me faisait plaisir de la voir aussi détendu. D'autant plus que j'en avais besoin, également. L'ambiance était bon enfant et même si je n'assistais pas à la soirée à leur table, j'avais l'impression de faire partie du groupe. Prenant le risque d'être démasqué, je poursuivais la soirée en leur compagnie et leur joyeuse légèreté, en rêvant être assis aux côtés de la femme qui faisait battre mon cœur un peu plus fort...

The spicy benefactress~Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant