NCT Mafia

37

Lucas regardait vers l'horizon depuis le transat posé sur la terrasse. Cela faisait deux semaines qu'ils étaient partis pour la campagne. Les premiers jours, il avait eu du mal à s'accommoder au calme ambiant. Mais maintenant, il en arrivait à l'apprécier. Il sourit légèrement avant de se mettre en position assise sur le bord du transat.

—Lucas ?

Il leva la tête et vit Hendery avancer vers lui avant de s'installer à ses côtés.

—Qu'est-ce que tu veux ? demanda Lucas.

Ils étaient trois à être partis à la campagne mais il ne se côtoyaient que pour les repas, le reste du temps, ils vaquaient à leurs occupations, seuls.

—Quand est-ce qu'on repart ?

—Bientôt. Très bientôt.

Un mois était passé depuis la fusillade et Lucas commençait à faire moins de crises de paniques. Il se sentait apaisé d'avoir enfin rendu hommage à Jaehyun. Deux jours au paravent, ils avaient réalisé un autel en son honneur. Ils avaient disposé un cadre comportant une photo de lui souriant, entouré de rubans noirs et de fleurs blanches, allumés des bâtons d'encens autour et prié. Les membres restés en ville avaient assisté au tout depuis leur salon en appel. Ça avait été une belle cérémonie. A présent, c'était terminé. Lucas se sentait mieux et il souhaitait reprendre son poste.

—Ça va aller ?

Lucas ancra son regard à celui de Hendery et répondit franchement :

—Oui. 

Hendery pouvait sentir la détermination dans les yeux de son ami. Il était de nouveau le Lucas qu'il connaissait et ça lui faisait plaisir de le retrouver.

• • •

Tandis que Lucas vivait de mieux en mieux la mort, Taeyong ne voyait pas les choses du même œil. Avoir fait la fameuse veillée rendait la mort plus réelle que jamais. Tant que ça n'avait pas été fait, tout était en suspend comme si ça n'avait jamais eu lieu. Mais maintenant, il flippait. Jaehyun était mort. Et il devait le remplacer. Prendre la place qui lui revenait de droit du fait de sa naissance. Prendre le rôle qu'on lui avait enseigné toute son enfance. Ce rôle dont il n'avait jamais voulu.

—Toc toc.

Taeyong soupira et se tourna vers la porte où se tenait nul autre que Doyoung.

—Tu sais que le principe c'est de frapper à la porte, et non pas de dire le bruit que ça fait en étant déjà entré.

Doyoung haussa les épaules.

—C'est presque pareil.

—Et pourtant tu n'oserais jamais faire pareil dans la chambre de Johnny et Ten.

Doyoung ouvrit de grands yeux horrifiés.

—Ne parle pas de malheurs ! Je ne veux même pas imaginer ce sur quoi je pourrais tomber.

Il frissonna dramatiquement.

—Bon, il soupira. Soyons sérieux cinq minutes.

Il rejoignit Taeyong sur le lit.

—Parles-moi, Taeyong. Je sais que tu vas mal.

—Parce qu'il y a des membres qui vont bien ?

Doyoung leva les yeux au ciel. Il détestait quand son meilleur ami agissait comme ça.

—Tout le monde est en deuil, certes. Mais ils essayent tous d'avancer malgré la douleur. Même Lucas va mieux. Alors que toi... tu sombres. Et je n'arrive pas à saisir pourquoi. Qu'est-ce qui te retiens d'avancer ? Est-ce que c'est le fait d'être leader ? Je sais que tu ne voulais pas l'être...

Taeyong se laissa tomber en arrière et posa un bras sur sa tête.

—J'ai grandis en sachant qu'un jour je devrais prendre la place de mon père. On m'a toujours dit que je me devais d'être exemplaire car j'allais guider toute la famille à l'avenir. Et je n'étais pas vraiment contre quand j'étais enfant. Mais en grandissant j'ai vu ce que c'était d'être le plus haut. Tu ne peux que tomber d'en haut. Tout le monde dépend de toi. Une erreur de ta part et tout peut s'effondrer. Si un membre meurt, c'est ta faute.

Sa voix s'était brisée sur les derniers mots. Doyoung lui prit la main en douceur. C'était une manière de lui signifier silencieusement qu'il était là, qu'il l'écoutait et qu'il le soutiendrait quoi qu'il arrive.

—J'ai peur, reprit Taeyong. Non, je suis terrifié. Mon père... il... c'est lui le dernier à être...

Il inspira un grand coup avant de poursuivre :

—Il m'a dit : Ne fais pas les mêmes erreurs que moi. Et depuis je n'arrête pas de me demander s'il n'avait pas fait une erreur qui les a faits tous tuer. Et si je faisais la même erreur ? Comment je suis censé vivre avec ça ?

Il tourna la tête vers Doyoung et vit qu'à son instar, il avait les yeux remplis de larmes.

—Excuse-moi, murmura Taeyong. Ça fait peut-être beaucoup. Je n'aurais pas dû...

—Tu n'aurais pas dû quoi ? Me dire ce que tu ressens ?

Doyoung secoua la tête.

—Je suis ton meilleur ami, t'as oublié peut-être ? Je suis là pour toi quoi qu'il arrive. Ne me cache pas ce que tu ressens.

—Alors n'ayons pas de secret l'un pour l'autre.

Doyoung hocha la tête avant de s'allonger contre son ami. Il repensa à la phrase de Hongjoong. Il avait la sensation d'être un imposteur.