Chapitre 4 - Arabella

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— Wow, Ari, la fournée de petits nouveaux vaut carrément le coup, cette année !

Je roule l'un des flyers devant moi en bâton et en frappe le front de Charlotte – la trésorière de l'Association des élèves, ma colocataire et accessoirement, ma meilleure amie.

— Si tu surprenais n'importe quel mec à parler ainsi des filles de première année, tu serais scandalisée, je lui reproche.

— Ils le font tous, qu'est-ce que tu crois ?

— Je ne les ai jamais entendus.

— Parce qu'ils ont bien trop peur de toi pour se risquer à laisser échapper le moindre commentaire en ta présence. Ils tiennent à la vie !

Croyant le sujet clos, je m'approche du parasol qui couvre notre stand afin de le rajuster – le soleil a tourné, et l'ombre ne protège plus notre table. Charlotte revient cependant à la charge :

— Il n'empêche, je sais que tu as des yeux pour voir, toi aussi. Alors s'il te plaît, il me faut le nom du canon avec qui tu discutais tout à l'heure.

Je lâche le parasol et me retourne, confuse. Ce n'est pas mauvaise volonté de ma part, mais je ne vois pas du tout à qui ma meilleure amie fait référence. J'ai vu défiler des étudiants depuis que nous sommes arrivées ici pour assurer l'accueil des nouveaux, mais aucun qui m'ait frappée.

— Grand, brun, les épaules larges ? insiste Charlotte. Il avait des yeux d'un bleu... Mon Dieu, ce bleu ! Il portait un polo blanc. Oh, et je crois vous avoir entendu parler de la réserve de Westside, aussi.

Mes yeux s'écarquillent alors que je réalise à qui correspond la description que ma meilleure amie vient de me faire... puis j'éclate de rire, rattrapée par l'incongruité de la situation.

— Lui ? je lâche. C'était Caliban, c'est tout.

C'est tout ? répète Charlotte. Pardon, Ari, mais là, il va falloir que tu développes.

Je me mords la lèvre, et vérifie que personne n'est à portée d'oreille. Heureusement, le stand est plutôt calme en ce moment, ce qui nous permet de prendre cette pause pour discuter. Un moment de répit bienvenu que nous devons à l'équipe des cheerleaders, actuellement en plein show à une dizaine de mètres de là – elles cherchent à motiver un maximum d'étudiants à participer à leurs sélections. Le moins qu'on puisse dire, c'est que leurs saltos et vrilles sont efficaces pour attirer l'attention générale – y compris celle des autres membres de l'Association des Élèves, qui se sont approchés pour mieux les voir.

— Ari, je ne compte pas te laisser t'en tirer comme ça, me relance Charlotte. Vas-y, crache le morceau. C'est qui, ce Caliban ?

— Juste le petit frère de mon ex, je réponds en haussant les épaules. Dorian, le mec avec qui je suis sortie au lycée.

— Ah oui, le génie des statistiques. Je m'en souviens.

Charlotte me dévisage, attendant manifestement que j'en dise plus. Avec une pointe d'agacement, je lui renvoie :

— Quoi, encore ? Qu'est-ce que tu veux savoir ?

— Rien ! C'est juste que le lycée, c'était il y a une demi-éternité, je te ferais remarquer. C'est de l'histoire ancienne.

— Et donc ?

— Et donc, te rapprocher de ce Caliban ne poserait aucun problème.

My Water HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant