Je croyais que j'étais déjà allé à des fêtes stylées quand j'étais au lycée. Je vais sérieusement devoir réévaluer mes standards.
Toutes celles auxquelles j'ai participé jusque-là suivaient à peu près le même schéma : l'organisateur profitait d'une absence de ses parents – ou bien avait bataillé avec eux histoire de les mettre à la porte pour un week-end – pour inviter une vingtaine d'amis. Avec le bouche à oreille, on était finalement une trentaine à s'entasser entre son salon et son jardin pour la soirée, en allant remplir nos verres dans la cuisine à intervalles réguliers. Une enceinte Bluetooth crachait de la musique depuis un compte Spotify, et il y avait parfois un babyfoot ou un billard près duquel nous nous massions pour enchaîner les parties.
C'était sympa, et j'ai passé de bons moments dans ces soirées-là. Mais les Zeta Beta Tau, eux, ont vu les choses en bien plus grand.
Ça a commencé tout à l'heure, sur le campus, quand James et moi sommes montés dans l'une des navettes qui attendaient au point de rendez-vous que nous avait indiqué Theo. Les organisateurs n'avaient pas récupéré des voitures à droite et à gauche, à l'arrache : non, ils ont loué des mini-bus aux vitres teintées avec leurs chauffeurs, qui donnent à leurs passagers l'impression d'être des VIP. Sièges en cuir, climatisation, porte-gobelets... Déjà là, on a compris que la soirée enverrait du lourd.
Ensuite, on est arrivés sur le lieu de la fête, et on en a pris plein les yeux. Theo nous avait parlé d'un « chalet » ; j'avais imaginé qu'on serait dans la résidence secondaire de la famille d'un des membres de la fraternité. En fait, nous avons découvert une immense baraque de plusieurs centaines de mètres carrés, avec une salle de réception énorme au rez-de-chaussée. À l'extérieur, un terrain herbu descend en pente douce jusqu'au lac ; des lampions le baignent dans une lumière orangée tamisée.
— Même au mariage de ma cousine, le lieu n'était pas aussi classe ! me glisse James, aux anges.
Depuis que nous sommes entrés dans le bâtiment il y a quelques minutes, nous posons sur tout ce qui nous entoure des regards émerveillés : le bar derrière lequel s'activent trois mecs de la fraternité pour servir à boire, une piste de danse, et divers coins avec des banquettes pour ceux qui veulent se poser un peu. Nous avons fait la queue pour récupérer un verre – sans surprise, personne ne nous a demandé notre carte d'identité –, et maintenant, nos bières à la main, nous nous laissons imprégner par l'ambiance incroyable de la soirée.
— On cherche le reste des Dolphins ? je propose à mon meilleur ami.
— Yes, je te suis.
Il ne nous faut pas longtemps pour les repérer : Anton nous adresse de grands signes dès qu'il nous voit depuis l'ilot de trois canapés où il est installé avec Neal, Ernest, Theo ainsi que les six filles de notre promotion. Nous nous frayons un chemin jusqu'à eux, et ils se serrent pour que nous puissions nous caler entre eux.
— Alors, vous êtes à la traîne ? nous lance Helen.
C'est celle des filles avec qui j'ai eu le plus l'occasion de discuter pour l'instant : elle est spécialiste du sprint, comme moi, et le coach Cabrera nous a affectés au même groupe d'entraînement. Elle est en bachelor d'histoire, et elle semble déterminée à apporter les meilleurs temps possibles à l'équipe, en individuel comme en relais.
— Tu vois, Cal', je t'avais dit qu'on serait en retard ! grogne James.
— C'est une fête, il n'y a pas d'horaires ! je tente pour me défendre.
— On commençait quand même à se demander où vous étiez, rétorque Ernest.
— Même moi qui suis venu en vélo, je suis arrivé avant vous, lâche Anton.
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My Water Heart
RomanceLorsque Caliban fait sa rentrée en première année à la WestConn, il s'attend à prendre un nouveau départ : il a été sélectionné pour faire partie des Dolphins, l'équipe de natation de l'université, et a hâte de combiner ses études et sa passion. Pou...