Chapitre 43 : Bryan

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Nous avons donc fait un arrêt à la pension et j'ai remis le chèque rapidement et suis remontée en voiture. J'avais à peine refermé ma portière que Lévy m'a taquinée gentiment en riant.

- Ces officiers... pas fichus de respecter un horaire ! On avait pas dit trente secondes ? Je vous attends depuis quatre minutes ! Un peu plus et je vous laissai là.


J'ai levé les yeux au ciel tentant de paraître exaspérée mais mon large sourire me faisait perdre toute crédibilité. Peu à peu je me rendais compte que plus il me taquinait plus je l'appréciais.  Nous avons repris notre patrouille tranquillement en procédant à une dizaine de contrôles mais aucun ne nous rapporta plus qu'une conduite sans permis. Après une énième tentative ratée nous étions l'un comme l'autre avachis dans nos sièges dans un silence qui en disait long sur notre état de déprime. Mon collègue a tenté de relancer la conversation une fois de plus.

- Dites... Alix... tout à l'heure vous disiez que c'était compliqué avec votre ex mais vous ne m'avez pas dit pourquoi... enfin si vous avez envie d'en parler bien sur.


Je me suis un peu redressée.

- C'est vrai, et bien la première année Bryan était... le petit ami dont n'importe quelle fille pourrait rêver, gentil, prévenant, attentionné, il me comblait de cadeaux et j'étais épanouie sur tous les plans... le seul bémol était son boulot en fait, il y passait beaucoup de temps. Je sortais à peine de l'école de police, j'étais très naïve mais dingue de lui. Les réunions qui s'éternisaient le soir, le fait qu'il ne rentre plus le midi prétextant du boulot alors que je faisais toujours en sorte d'être la pour manger avec lui... rien de tout ça ne m'a choquée, comme je l'ai dit, il ne se désintéressait pas de moi quand il était à la maison bien au contraire... jusqu'au jour où j'ai voulu lui apporter le repas à son bureau pour lui faire une surprise et, pourquoi pas, manger avec lui ce midi là, pour une fois... quand ses collègues ont tout fait pour m'empêcher d'entrer dans son bureau je me suis méfiée... je suis entrée tout de même et il... il était... et bien... en train de... vous avez compris... avec une femme que je ne connaissais pas...


J'ai fait un signe vague pour préciser ma pensées et ai essuyé d'un revers de la main les larmes qui avaient coulé sur mes joues à l'évocation de ce souvenir. Dans les yeux de Ryan je ne lisais plus ce dégoût auquel j'avais été habituée depuis mon arrivée à New York mais une sincère compassion, un brin de colère et une autre étincelle que je n'aurais pas su décrire. Il a murmuré.

- Je vois oui... terrible comme façon de rompre...


J'ai été secouée d'un rire sans joie.

- Si seulement je l'avais quitté après ça. Mais non je ne l'ai pas fait. Et il est devenu horrible, il refusait que je sorte, que j'appelle des amie ou même ma mère, il voulait qu'on parte rejoindre sa sœur et que j'aille bosser avec elle pour qu'elle « m'aie à l'œil », mais je ne savais même pas dans quoi elle bossait sa sœur ! Il disait qu'il la convaincrait de me prendre, que nous serions loin de tous ses gens qui nous « voulaient du mal » et qui « ne souhaitaient qu'une chose : nous voir rompre » mais j'ai toujours refusé, j'étais chez moi à Seattle, ma famille était à Seattle, ma vie était à Seattle... Il m'a rendu la vie impossible mais je l'aimais et j'étais sure qu'il changerait et redeviendrai celui que j'avais toujours connu. Jusqu'au jour où j'ai dit stop, je lui ai dit que je le quittai et que le lendemain je partirai chez ma mère. Le soir quand je suis rentrée, Naya, ma chienne, était au sol avec une plaie ouverte à la patte a cause de cet espèce de cinglé parce que j'avais appelé mon frère en cachette la veille au soir et que ça me « servirait peut être de leçon et m'encouragerait à revoir ma décision ». J'étais terrorisée, j'ai attrapé Naya, tourné les talons et je suis partie sans rien, sans aucun de mes affaires, en faisant abstraction de ses cris et en ignorant ses appels pour passer la nuit chez mon frère. Une semaine après la demande de mutation exceptionnelle que j'avais déposée a été acceptée et j'ai pris le premier avion pour New-York et pour une nouvelle vie. M'éloigner autant de ma famille et de Naya n'a pas été un choix facile mais ma mère et mon frère ont leur vie et leur place à Seattle et contrairement à moi, pas de fiancé à moitié fou. Quand à Naya elle ne supportera plus jamais un tel voyage. La seule qui m'a finalement rejointe hier c'est Orchidée, ma jument. Ma mère me l'a faite venir avec une soit disant surprise...

- Oh, une bonne j'espère ?

- A vous d'en juger après ce que je vous ai dit. Bryan est ici et c'est lui la "surprise".

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