Chapitre 24 : Souvenirs

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Je posai ma tête contre la poitrine du commissaire et écoutai les battements affolés de son cœur après ce moment de stress. Il a fini par me lâcher et a plongé ses yeux dans les miens et me dire d'une voix un peu bouleversée.

- Qu'est ce qu'il nous arrive ce soir Capitaine ?

- Je n'en sais rien.

- Moi non plus, c'est bien ici ?

- Oui, vous voulez rester dîner ?

- Hum d'accord mais à une condition.


J'ai secoué la tête, amusée.

- Laquelle ?

- Appelez moi Luke et laissez le commissaire au poste.

- Ha ha pas de problème mais vous aussi appelez moi simplement Jane.


Il m'a souri et j'ai ouvert la porte de ma maison. Je l'avais héritée de ma grand-mère. Je devais bien l'avouer, je n'aimai pas beaucoup cette maison. J'avais toujours préféré les appartement mais mes parents avaient insisté pour que j'accepte cet héritage. Je m'y étais donc installée mais n'avais réussi à en faire mon refuge, à proprement parler. Nous avons pénétré dans le hall lumineux et presque aussitôt, Nina s'est précipitée vers nous.

- Mlle Jane ! Commissaire ! J'ai entendu des coups de feu j'ai eu tellement peur ! J'ai cru qu'ils étaient revenus pour casser les vitres comme la dernière fois ! Je me suis cachée dans la cave comme vous me l'aviez demandé en cas d'urgence.


Nina a marqué une pause pour reprendre son souffle et a repris d'un presque accusateur.

- Par contre vous auriez pu me prévenir que vous rameniez un invité pour le dîner !


J'ai enlevé ma veste en souriant.

- Ne t'en fais pas, je te connais il y en aura de reste.


Elle a ouvert de grands yeux en voyant mon bandage et a paru se rendre compte que j'étais blessée. Elle s'est tournée vers le commissaire et lui a demandé d'un ton accusateur :

- Qu'est ce qui est arrivé à ma petite ?

- Un petit accident disons, mais ne vous en faites pas elle a vu le docteur Taylor tout va bien il lui faut juste une semaine d'arrêt.

- Je vais appeler Ilona.


Elle est partie vers la cuisine en composant le numéro de mon amie. J'ai souri, amusée. Le commissaire s'est penché vers moi.

- C'est votre mère ?

- Non, mais elle m'a toujours traitée comme sa fille, elle travaillait pour mes parents quand j'étais bébé et s'occupe de moi depuis toujours. Mes parents sont des gens très... occupés. Quand j'ai perdu mes dents de lait, que je suis tombée de vélo, lors de mes remises de diplômes, quand je suis entrée dans la police, c'est elle qui était là pour moi.

- Ça n'a tout de même pas du être simple tous les jours...

- Quand on a connu que ça, ça devient une évidence. Je ne suis pas malheureuse pour un sou. J'ai toujours pu compter sur Nina pour tout. Je crains beaucoup plus le jour où elle ne sera plus là et que je me retrouverai seule. Je déteste la solitude.

- Vous ne serez pas nécessairement seule Jane, d'ici là peut être que vous aurez trouvé quelqu'un... et puis vous avez vos amies.


J'ai souri doucement, n'osant pas lui dire que je ne me mettrai probablement jamais en couple parce que j'étais amoureuse mais que ce n'était pas réciproque. Des sentiments d'une telle force, ça ne se contrôlait pas. Je me suis contentée d'acquiescer vaguement.

- C'est vrai.

- Comme le disait souvent quelqu'un que nous connaissons bien, on est jamais vraiment seul.

- Le sergent chef Mézélion....

- Oui...

Un mélange de nostalgie et d'apaisement m'a envahie à l'évocation de mon ancien référent. En pleine opération avec le SWAT, il avait été pris dans un traquenard avec Vance trois ans auparavant. Deux contre deux. Une chance sur deux de s'en sortir, une chance sur deux d'y laisser la vie. Mézélion était mort, Vance en avait tué un et avait survécu au tir du second contrairement à mon référent. J'étais arrivée quelques secondes après que la balle du second homme touche Vance, avec le commissaire. Il m'avait suffit d'un tir. Un tir, sans réfléchir, sans penser, sans rien ressentir. La seule personne que j'ai tuée en mon âme et conscience dans toute ma vie. Je ne l'ai jamais regretté. Une fois de plus, le commissaire a senti mon émotion et a posé une main sur mon épaule. Nina est revenue en trottinant.

- Ma pauvre Mlle Jane... je ne vais pas pouvoir m'occuper de vous. J'ai servi le dîner et j'ai rajouté un couvert pour le commissaire. Ça me rassure qu'il soit avec vous puisque je pars en Italie...


En effet j'avais presque oublié qu'elle allait passer quelques temps avec sa sœur à Rome.

- Tu devrais y aller d'ailleurs avant de louper ton vol Nina.

- J'y vais... j'ai mal au cœur de vous laisser seule ici... surtout blessée...

- Ne t'en fais pas, dans le pire des cas je demanderai à Ilona de venir me voir.

- Bon... sinon je peux reporter mon départ...

- Non, vraiment vas y tu le mérites et puis ta sœur a besoin de toi.


On avait diagnostiqué un cancer à sa sœur et elle venait d'être hospitalisée. Nina devait être à ses côtés, pas avec moi. Elle m'a serrée dans ses bras, a serré chaleureusement la main du commissaire et a récupéré ses valises avant de passer le pas de la porte me laissant seule avec Luke dans la maison a présent déserte.

- Bon, vous voulez que l'on passe à table commiss... euh Luke ?

- Vous allez vous habituer ha ha ha, je vous suis... Jane.

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