59. « P'tain, ta vie se résume vraiment à moi ? »

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Pour la première fois de ma vie, j'ai un réel coup de pression. Nabil lui, reste stoïque, fixant un point invisible devant lui... Il n'est pas sérieux là ? J'ai dû mal interpréter le truc, ce n'est pas possible autrement.

— Comment ça, s'il valide pas, c'est mort ? Je lui demande, ahurie.

Quelques secondes s'écoulent sans qu'il ne me réponde. Clairement excédée, je le secoue afin de le faire réagir :

— Putain, mais réponds là !

— Pour dire quoi ? Il souffle. Tu m'as compris.

Mon cœur s'élance violemment, me filant le tournis. J'inspire longuement, avant de clarifier la situation :

— Donc t'es clairement en train de me dire que si Tarik n'approuve pas notre relation, t'es prêt à tout arrêter ? Je suis sur le point de vriller. C'est ça ?

— C'est plus complexe que ça... Il se gratte la nuque, la cigarette toujours entre ses lèvres. Et tu t'en doutes, donc ne commence même pas à te taper des films. 

L'envie de le frapper me tente, mais je me ravise en me disant que je dois à tout prix remédier à tout ce bordel avant.

Je garde la violence pour plus tard.

— Putain, mais tu t'entends parler ? Je perds mon sang-froid. Comment je suis censée ne pas me faire de films après ce que tu viens de me balancer à la gueule ? Et toi déjà, comment tu peux être aussi calme et détaché après ça ? Je rugit, prête à lui sauter à la gorge. Ça te fait rien ? Tu t'en tape ?

Je vais pété un câble.

— Eh, recule-t-il un peu surpris de ma réaction. Ça va pas ou quoi, détends-toi, zebi... à croire que j'viens de te larguée, calmes-toi.

Durant l'espace d'une seconde, j'ai une remise en question qui pourrait presque me faire croire que ma réaction est disproportionnée... mais bien sûr que non, la situation me ramène à réalité.

Ma réaction est totalement justifiée.

Donc moi ses propos m'affecte au point d'avoir envie de chialer, alors que lui reste calmement là en train de fumer sa clope, l'air de rien ? S'il y a bien une réaction disproportionnée, c'est la sienne. Je ne veux rien savoir, ce n'est absolument pas NORMAL de réagir comme ça.

Et le fait qu'il me fasse douter de moi-même me conforte encore plus dans l'idée qu'il est culotté et manipulateur.

— Mais vas-y, t'es toujours en train de mal interpréter mes paroles et tu t'étonnes que j'sois pas bavard après. Il me reproche, sur les nerfs lui aussi. Laisse-moi t'expliquer avant de faire ta crise, non ?

Ma crise ?
Ma crise... eh, mais je vais me le faire.

— Oh, miskin, Nabil le vilain p'tit canard ! Non mais dites-moi que je rêve, c'est moi la fautive en plus ? J'interprète mal tes paroles ? Pardon, TOUJOURS mal ? Mais putain, encore faudrait-il que tu parles pour que j'interprètes mal !

Il me regarde tellement de travers.

— Ça sert à r de parler avec toi, j'sais même pas pourquoi j'me prends la tête, décrète-t-il en jetant le mégot de cigarette par la vitre.

Mon sang bouillonne... Et c'est bien la première fois que je ressent autant de colère envers lui, ça me fait presque peur.

— Oh, veuillez m'excusez, monsieur parfait, il est vrai qu'il est vraiment plus utile de dialoguer avec vous, mille excuses.

C'était différent | 𝐏𝐍𝐋  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant