Chapitre 22 : Le Paradis avant l'Enfer

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Mondstadt, maison des Shiota, âge de Mitsune : presque quatre ans

« Ma chérie, qu'est-ce-que tu fais ? »

Je lève la tête et vois ce sourire aimant si faux sur les lèvres de ma génitrice. Mais la moi enfant ne sait pas encore ce qui l'attend. Ici, je ne suis qu'une spectatrice depuis mon propre corps. Je ne peux pas agir, seulement subir.

Mes souvenirs de cette époque sont très flous, enfin dans ma conscience en tout cas. Souvent, ils se mélangent avec ceux que je me forge quand Maman me transforme en petite fille.

Cette époque, où tout allait bien, où ma génitrice était une mère normale. Qu'est-ce-que j'ai bien pu faire de travers pour qu'elle change autant du jour au lendemain ? Elle était si aimante... c'était impossible que ce soit faux, elle n'a pas pu jouer autant la comédie sans se faire griller par mon père ! Le problème vient forcément de moi... mais qu'est-ce-que j'ai raté, avant d'avoir mon alter ?

« Je te dessine Maman. », répond Mini-moi. « Parce que tu es belle, et que tu sauves des gens tout le temps ! Tu aimes ? »

Ce portrait de la femme qui m'a mise au monde n'est évidemment pas une de mes plus grandes réussites par rapport à ce que je suis capable de faire aujourd'hui, mais j'en étais visiblement très fière à l'époque. Même à cet âge, j'avais déjà une technique relativement supérieure à celle des autres enfants, c'est étonnant...

« J'adore ! C'est très ressemblant ! Tu as beaucoup de talent ma chérie ! », sourit Aiko après l'avoir regardé. « Tu viens m'aider à faire la cuisine ? Papa va rentrer d'ici une heure ou deux. On a le temps de lui faire des gaufres, si tu veux. »

« Oh oui !!! Papa adore ça en plus ! »

Sans attendre, Mini-moi débarrasse prestement ses affaires de dessin pour laisser Aiko installer le nécessaire pour cuisiner des gaufres un peu particulières, puisqu'on ajoute dans la pâte une généreuse dose de vin de pissenlit dans lequel on a fait infuser des chrysanthèmes à aubes fraîches, au lieu de rhum ou de fleur d'oranger. Et j'ai visiblement cueilli ces fleurs en rentrant de l'école avec Aiko, à en juger par le petit panier plein de fleurs à aubes rouges posé sur le plan de travail.

Aiko commence donc à pâtisser une fois qu'elle a déposé sur la table tout ce dont elle aura besoin. Elle indique de petites bricoles à faire pour Mini-moi, ce qui semble me ravir vu l'entrain que je mets à réaliser chacune d'elles. J'étais vraiment naïve quand j'étais petite...

« Alors, quand comptes-tu me raconter ta journée ? Tu es restée bien silencieuse sur le chemin du retour, tout va bien ? », s'inquiète Aiko.

« Oui oui Maman. C'est juste qu'il y a un nouveau dans ma classe. Les autres enfants sont vraiment méchants avec lui... »

« Tu sais pourquoi ? »

« Oui... apparemment, il vit avec sa famille et des loups dans le Territoire des Loups... du coup, tout le monde le traite de monstre, de bête, d'animal... ils étaient méchants. Il est différent, mais ça veut rien dire. Papa est différent, mais c'est le meilleur Papa du monde ! »

« C'est vrai. », confirme Aiko. « Tu es allé voir ce petit garçon ? »

« J'ai partagé mon déjeuner avec lui, des enfants d'autres classes avaient jeté le sien dans les toilettes... Maman, pourquoi il y a des gens méchants ? Pourquoi tout le monde ne peut pas être gentil ? »

« Il faut de tout pour faire un monde chérie, et les héros comme ta Maman sont là pour faire en sorte que les gens méchants ne fassent de mal à personne. », dit Aiko sur un ton rassurant.

Tianlong - Tome 2 : L'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant