Celle qu'il n'attendait pas

3. Premiers pas.

- Charlie -

Jeudi 17 novembre 2022 (Abou Dabi)

C'est très étrange, j'ai embarqué à Londres avec mon pull à col roulé et ma grosse doudoune, et me voilà en train d'étouffer et de retirer mes couches de vêtements une par une pour essayer de pouvoir respirer correctement. Erreur de débutante : ne pas anticiper le temps à l'arrivée lors d'un voyage.

Une fois ma valise récupérée, je trouve un taxi qui dieu merci est climatisé, j'indique au chauffeur l'adresse de l'hôtel fournit par Monsieur Evans puis je m'installe sur la banquette pour regarder défiler le paysage. Étonnement lorsque l'on redoute un évènement le temps ne s'écoule pas normalement, il va soit à toute vitesse, soit les secondes semblent durer des heures.

Aujourd'hui c'est l'option numéro 1. J'ai à peine le temps de cligner des yeux que nous sommes déjà arrivés.

L'hôtel est clairement au-dessus de mes standards habituels, je n'ai jamais mis les pieds dans un endroit pareil. Et lorsque je donne mon nom à la réception, je suis réellement étonnée qu'elle trouve ma réservation et me donne la clé de la chambre. Je m'attendais à tout moment à ce qu'elle me rit au nez. Quand je disais que c'était une nouvelle vie qui m'attendait, je n'exagérais pas.

Je ne traine pas, trop angoissée d'être en retard mais je prends tout de même le temps de me changer sinon entre la chaleur et le stress je vais faire une syncope avant même mon premier jour officiel.

Aujourd'hui je dois retrouver la chargée de RP actuelle de Max, c'est à dire la fille de Christian Horner pour me familiariser avec l'équipe, le fonctionnement et accessoirement rencontrer le pilote que je vais devoir gérer toute l'année à venir.

Hannah, c'est son prénom, a essayé de me rassurer en me disant que je verrais qu'il était loin d'être aussi tyrannique ou ingérable qu'on pourrait le penser, n'empêche que j'ai quand même une sacrée pression sur les épaules.

Cependant je suis heureuse de cette initiative et j'avoue qu'elle me permettra d'aborder la saison à venir plus sereinement que si j'avais simplement débarqué dans les bureaux en janvier, complètement perdue sans connaitre personne.

Une fois prête, c'est à dire avec un t-shirt et plus un pull, j'attrape donc mon sac avec les affaire que j'ai trouvé opportun d'emmener et je redescends prendre un nouveau taxi cette fois direction le circuit. Et lorsque j'arrive, nous sommes loin de l'effervescence à laquelle je pouvais m'attendre ou celle que l'on voit sur les images à la télévision, j'arrive au portique qui est presque désert, quelques fans courageux et optimistes sont déjà là mais globalement c'est encore très calme.

Je fouille dans mon sac à main trop rempli en priant ne pas avoir oublié les pass que l'on m'a envoyés pour accéder au circuit, si je dois appeler les grands patrons dès le premier jour cela promet, et comme je n'ai pas encore signé mon contrat, nul doute qu'ils envisageraient de l'annuler. Toutefois je pousse un soupir de soulagement lorsque je le retrouve au fin fond de mon sac, et alors que je tente d'avoir l'air naturel en scannant le pass face au vigile qui semble peu commode, je respire enfin lorsque le bip de validation retentit.

Je passe le tourniquet, et je m'arrête quelques mètres plus loin réalisant enfin l'endroit où je me trouve : à l'intérieur d'un paddock de Formule 1. Je sens un fourmillement dans mon corps, signe de mon excitation et afin de me donner une constance je me remets rapidement en marche. Je laisse vagabonder mon regard partout, clairement éblouie par l'immensité du lieu et j'essaie de me rappeler les paroles d'Hannah au téléphone :

« Tu suis la grande allée, la deuxième grande installation, des murs bleus, deux immenses taureaux : tu ne pourras pas le rater. »

Et en effet, elle a raison : impossible de rater l'hospitalité de l'écurie. Une fois devant celle-ci, je regarde l'heure sur mon portable : nous avons rendez-vous dans dix minutes. Je laisse échapper un nouveau soupir de soulagement en notant que j'ai réussi à arriver à l'heure, et n'osant pas rentrer je décide simplement de l'attendre devant le bâtiment : au moins je suis sûre qu'elle finira par me trouver.