13. Une dangereuse tentation.

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- Charlie -

Samedi 4 mars 2023 (GP de Barhain)

Je me perds contre toute raison dans l'océan hypnotisant de ses yeux et je ne saurais dire combien de temps nous restons là, immobiles, au bord d'un précipice invisible...

Je peux sentir son souffle sur mon visage, mon corps s'embrase littéralement alors qu'il ne me touche même pas et la tension dans la petite pièce est telle que l'air me semble difficilement respirable.

J'essaie de faire appel à toute ma raison car cette soudaine proximité au milieu de toute cette colère est une mauvaise idée, une très mauvaise idée. Nul doute que si nous venions à céder l'un à l'autre les conséquences ne pourraient être que cataclysmiques.

Et pourtant, la tentation semble à cet instant si douce et désirable. Peut être que si l'on s'autorisait à extérioriser cette colère autrement qu'en se détestant ...

« Max » je souffle presque contre ses lèvres.

Je peux voir qu'il lutte autant que moi, et alors que la collision de nos lèvres semble désormais inévitable, je pose mes mains sur son torse avant de reprendre plus haut :

« Va te faire foutre. »

Je le repousse avec force de mes mains, l'effet de surprise me permettant d'avoir facilement le dessus et alors que je pose mes doigts sur la poignée je peux entendre résonner depuis l'autre côté de la porte :

« Verstappen ! Jones ! On vous entend depuis l'autre bout du paddock. »

J'inspire un grand coup pour être certaine de contenir les larmes de colère qui menacent d'apparaître, puis j'ouvre la porte sans un regard en arrière vers Max pour tomber sur Christian qui semble au moins aussi énervé que nous.

« Qu'est-ce qui se passe bon sang ? S'agace-t-il.

- Rien du tout, tout est réglé ne vous en faites pas. »

Je vois bien qu'il analyse les traits de mon visage et qu'il ne me croit pas vraiment, cependant il n'insiste pas et je lui en suis très reconnaissante.

Je l'entends ensuite poser la même question au néerlandais mais je ne prends pas le temps d'attendre sa réponse, je file directement à l'hospitalité, je dépose les enregistrements puis attrape mes affaires avant de sortir du circuit pour prendre un taxi et rentrer à l'hôtel.

...

Cela va faire plusieurs heures que je suis rentrée, j'ai eu le temps de laisser retomber la colère, d'avaler un repas et même de prendre une douche. Et pourtant alors que je sors de celle ci toujours aucune nouvelle ni de Max ni de Carlos, aucun d'eux n'ayant visiblement le bon sens de s'excuser pour leur comportement minable et ridicule de tout à l'heure.

Alors que je resserre le noeud de ma serviette en reposant mon portable sur mon lit, j'entends soudain qu'on toque à la porte. J'espère que ce n'est pas Christian car le moins que l'on puisse dire c'est que je ne suis pas dans une tenue très professionnelle.

Mais alors que j'ouvre la porte je lâche un soupir de soulagement et d'exaspération en même temps en découvrant le pilote qui se trouve sur le pas de celle-ci.

« Qu'est ce que tu veux ? »

Je m'adosse à l'embrasure de la porte et je croise les bras sur ma poitrine signe que je ne suis pas vraiment ouverte à la discussion. De plus, cela me permet au passage de m'assurer que ma serviette ne m'abandonne pas.

« M'excuser. J'ai vraiment agi comme un con tout à l'heure, je suis désolé. »

Je reste impassible, j'apprécie le geste mais je ne peux pas lui laisser croire que c'est si facile.

Celle qu'il n'attendait pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant