37. Dépendance.

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Max -

Samedi 24 juin 2023 (Angleterre)

« Charlie ? »

Je chuchote doucement mais son absence de réponse me confirme ce que je sais déjà, elle s'est endormie. Pourtant je continue de laisser courir mes doigts sur son dos nu alors qu'elle est blottie contre moi. C'est plus fort que moi, c'est comme si j'étais incapable de m'éloigner d'elle ne serait-ce que de quelques centimètres. Comme si cela risquait de lui laisser de temps de réfléchir et de se rendre compte que je ne suis qu'un crétin qui ne la mérite pas.

D'ailleurs j'ai vraiment cru qu'hier elle ne me laisserait pas entrer - elle aurait sûrement eu raison car j'ai vraiment été lâche et con sur ce coup. Je n'ai même pas eu besoin qu'Hannah me botte les fesses pour le réaliser, j'en étais conscient tout le long - c'est d'ailleurs pour ça que je l'ignorais elle aussi même lorsqu'elle a envoyé George essayer d'avoir des informations. Le côté paradoxal c'est que plus je prenais conscience de mon attachement pour la jolie brune qui dort contre moi, plus je ressentais ce besoin stupide de prendre mes distances avec elle.

Le problème c'est que lorsqu'elle m'a envoyé un message lundi, j'étais bien trop heureux de le recevoir. J'avais juste envie de prendre mon portable de l'appeler et de programmer un moyen de se voir lorsque je serais en Angleterre pour aller à l'usine. Au lieu de ça, j'ai arrêté de lui répondre et j'ai demandé son emploi du temps pour être certaine de ne pas être à Milton en même temps qu'elle. Puéril, et scandaleux je sais.

Sauf que plus les jours, les heures et les minutes s'écoulaient plus cette vaine tentative de la faire disparaitre de mon esprit se retournait contre moi. Je ne pensais qu'à elle, c'était indécent. J'étais tout bonnement incapable de penser à autre chose. Sauf que cela ne faisait qu'accentuer ma peur. Personne n'a jamais eu une telle emprise sur moi, et ça ne pouvait pas commencer aujourd'hui. Être dépendant de quelqu'un n'est pas envisageable pour moi. Et pourtant, c'est précisément ce qu'il s'est passé.

Pas dépendant dans un sens toxique ou mauvais, c'est juste que mon humeur dépend d'elle, de sa présence, de son comportement avec moi et des sourires qu'elle m'accorde. C'est ça qui m'effraie, j'ai toujours tout contrôlé dans ma vie, c'est nécessaire pour pouvoir rester calme et serein en toute circonstance parce que je sais que tout ne dépend que de moi. Or depuis que Charlie est entrée dans ma vie, tout est bouleversé.

Et le fait est que j'ai besoin d'elle comme je n'ai jamais eu besoin de personne. Et cela me terrifie.

Comme si les rouages de mon cerveau venaient la perturber, Charlie commencer à s'agiter et alors que je pense qu'elle va se réveiller, elle se contente de remonter la couverture sur elle tout en continuant de dormir paisiblement avant de quitter mes bras préférant désormais son oreiller. 

Ressentant soudain le besoin de m'occuper pour arrêter de tourner en rond et profitant du fait que je puisse m'écarter sans la réveiller, je décide de sortir du lit. J'attrape mon short, mais ne trouvant pas mon t-shirt, je passe par la salle de bain où se trouve ma valise pour un prendre un nouveau avant de me diriger vers la cuisine.

Puisque nous avons trouvé une occupation bien plus agréable que d'aller au restaurant, il va désormais falloir trouver quelque chose à manger ce soir. Alors à la fois pour me rattraper, et pour compenser ce non-rendez-vous je fouille dans les placards pour trouver de quoi nous préparer un bon repas pour dîner. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas la nourriture qui manque, on pourrait recevoir tout le paddock sans manquer de rien.

Ce n'est pas chez moi, alors j'ignore où se trouvent tous les ustensiles et tout ce dont j'ai besoin pour cuisiner. Néanmoins après avoir ouvert tous les placards et tous les tiroirs deux fois j'ai fini par mettre la main sur tout ce dont j'avais besoin, et j'avoue être plutôt fier de moi pour l'instant. Ce n'est pas de la grande gastronomie, mais ça à l'air comestible ce qui me semble déjà être l'essentiel.

Celle qu'il n'attendait pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant