17. Retour en force.

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- Max -

Samedi 15 avril 2023 (Gp de Chine)

« Max. Pôle position. »

Je laisse exploser ma joie dans la radio. Enfin. Il était temps que cette saison débute vraiment.
Alors que je ramène la voiture jusqu'au parc fermé, je me dis que finalement ce week-end qui s'annonçait infernal et que j'appréhendais s'avère en réalité être certainement l'un des meilleurs que l'on ait connu depuis le début de la saison.

L'ambiance dans l'écurie est au beau fixe, aucune prise de tête avec Charlie à signaler, une voiture performante et maintenant la pôle position pour la course de demain. Il n'y a pas à dire, je n'aurais pas pu rêver mieux. Reste à conclure demain et l'on pourra dire que notre saison est vraiment lancée, même si c'est avec trois Grand Prix de retard.

Je descends de la voiture, et une bonne partie de l'équipe se trouve derrière les barrières. Cette pôle position c'est la première de l'équipe, notre première vraie réussite de l'année et toute cette émulation, toute cette joie c'est vraiment revigorant. Outre la satisfaction personnelle, c'est un vrai bonheur de partager des moments comme ceux là.

Le poing levé debout sur la monoplace, j'exulte à nouveau. Puis je descends - sans tomber - et je me précipite vers la barrière, et je serre tout le monde dans mes bras un peu à l'aveugle. Entre mon casque et l'agitation c'est un peu compliqué d'y voir clair. Je m'arrête plus longtemps avec Christian, on échange quelques mots et puis je fais demi-tour pour aller enlever mon casque.

Je réponds aux questions rapidement, récupère le pneu, fais une photo : le protocole habituel. Et pour une fois je l'apprécie, je me prête volontiers au jeu bien trop heureux d'être revenu en haut de la feuille des temps et dans la course à la victoire. Je suis tellement sur mon nuage que même l'idée d'aller répéter la même chose à des dizaines de journalistes ne me donne pas envie de souffler.

C'est Charlie qui va être ravie. Pour une fois je ne serai pas grognon et elle n'aura pas à me rappeler d'être cordial entre chaque interview.

Pourquoi je pense à elle soudainement ? Aucune idée.

Peut être parce que je balaye l'espace autour de moi dans le parc fermé et que je remarque Hannah qui est présente. Elle me fait un signe pour me féliciter mais elle ne s'attarde pas, évidement elle n'a d'yeux que pour le britannique dont la voiture est garée aux côtés de la mienne.

Toutefois je note que Charlie, elle n'est pas présente. Pourtant elle était dans le garage avec les autres, pourquoi n'est-elle pas venue célébrer avec nous ?

À cause de toi abruti, me souffle une voix dans ma tête. Ce n'est pas parce que j'ai décidé de me montrer gentil avec elle depuis trois jours que tout va changer. Je le vois bien, même si elle fait des efforts pour se montrer cordiale elle reste sur ses gardes, certainement qu'elle s'attend à ce que je redevienne un connard d'un moment à l'autre.

Je l'imagine alors toute seule dans le garage, à attendre que l'on est terminé de célébrer en équipe ici et étrangement cette idée ne me plait pas. Je réalise que vouloir la maintenir à l'écart, m'assurer de ne créer aucun lien par peur n'avait aucun sens. Que c'était puéril et égoïste, je ne lui ai même pas laissé une chance : ni avec moi, ni avec l'équipe par ricochet.

Et puis par peur de quoi en plus ? M'attacher pour qu'elle ne finisse par m'abandonner comme Hannah. Si j'étais un peu honnête, je m'avouerais que c'est bien ça le problème. Je ne veux pas créer de liens pour ne pas souffrir, pour ne pas être déconcentré, parce que ce qui compte c'est ma carrière.

Celle qu'il n'attendait pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant