28. Un désastre.

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- Charlie -

Mercredi 14 juin 2023 (GP du Canada)

Est-ce que je m'apprête à faire une connerie ? Certainement.

Pourtant ce n'est pas ça qui m'arrête, bien au contraire. Je sais que c'est puéril et que Max n'a rien fait, il a tout à fait le droit de ne pas vouloir de relation, de toute façon ce n'est pas comme si j'en voulais une non plus. Mais je ne supporte pas l'idée qu'il puisse me rejeter comme ça, pas lui aussi. C'est juste ... trop à gérer.

Et résultat des courses je ne gère plus rien. Surtout maintenant que l'alcool embrume très clairement mon esprit. Je ne sais même plus à combien de verres j'en suis. Et puis de toute façon pour qui se prend-t-il à venir jouer les chaperons jaloux alors que je ne l'intéresse pas ? Ce n'est pas parce que lui ne veut pas de moi que personne ne peut m'avoir, ça c'est dans ses rêves.

Et il peut bien me regarder comme ça avec son regard désapprobateur, ce n'est certainement pas ça qui va m'arrêter. Je plonge mon regard dans le sien que je soutiens quelques secondes, et puis une fois certaine qu'il va pouvoir assister aux conséquences de ces actes, je dirige à nouveau toute mon attention sur mon partenaire de danse. Et l'instant d'après je plaque mes lèvres sur celle de Pierre.

S'il semble un peu surpris par mon geste précipité, ses lèvres suivent le rythme des miennes et rapidement sa langue vient se glisser dans ma bouche. Elles entament un ballet enflammé, et pendant que je continue de l'embrasser langoureusement je sens que ses mains se font se plus en plus aventureuses sur mon corps.

Ce baiser ne ressemble en rien à ceux échangés avec Max, ils n'ont pas la même intensité, aucune étincelle particulière. Non, ce baiser a juste un goût d'alcool mais il n'est pas désagréable pour autant, en tout cas il anesthésie pour un temps ma douleur et ce sentiment de n'être assez pour personne, et c'est tout ce qui compte. À défaut d'être aimée, je me sens désirée et c'est toujours ça de pris.

Ce qui est certain par contre c'est que ma résolution de ne pas mélanger vie privée et vie professionnelle est officiellement la plus grande blague de l'année.

Balayant mes pensées qui commencent à s'égarer, je viens presser mon corps davantage contre celui de Pierre sans cesser l'embrasser. Je peux bien coucher avec lui ce soir, et ensuite nous ferons comme si de rien n'était. De plus, à en juger par la bosse proéminente que je peux sentir contre mon bas ventre, je pense que ses intentions sont similaires aux miennes.

Comme pour me donner raison, Pierre penche sa tête pour venir murmurer au creux de mon oreille :

« Tu ne voudrais pas qu'on aille dans un endroit plus calme ? »

Voilà. Classique et inévitable. Prévisible comme un homme célibataire et bourré en soirée.

Il recommence à m'embrasser en attendant ma réponse, et sans détacher mes lèvres des siennes je glisse ma main dans la sienne m'apprêtant à accepter sa proposition. Coucher avec lui n'est peut être pas l'idée la plus intelligente de l'année mais cela me permettra de ne plus penser à rien, et surtout de ressentir un peu de positif pour une fois.

Sauf qu'au moment où je m'écarte pour lui répondre, je sens qu'un bras passe autour de moi et je me retrouve soudainement à une distance trop grande à mon goût du français tandis qu'une voix tonne entre nous deux.

« D'accord Jones les conneries s'arrêtent là pour ce soir. »

- Max, qu'est-ce qui ...

- Elle est bourrée et complètement perdue, l'interrompt Max. Et toi tu te remets comme tu peux ta rupture récente alors je vous évite juste de faire n'importe quoi. »

Celle qu'il n'attendait pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant