Celle qu'il n'attendait pas

18. Retour à la case départ.

- Charlie -

Jeudi  4 mai 2023 (GP de Miami)

« Max, s'il-te-plaît on peut parler de ce qu'il s'est passé en Chine ?

- On commence par quelle chaîne ? »

Il élude la question, encore et toujours. Déjà lundi dernier après cette fameuse soirée, il m'a ignorée tout le long du vol. J'ai essayé de l'appeler ou de me joindre par messages, mais il ne veut rien entendre.

Ça n'a aucun sens. Qu'est-ce que ça peut bien lui faire soudainement que je couche avec Carlos ? Ce n'est pas comme s'il l'avait découvert ce soir là. Nous nous sommes déjà bien assez pris la tête à cause de cela bien avant. Sa réaction n'a aucun sens.

Tout comme la mienne d'ailleurs. En quoi ça m'intéresse ? S'il veut refaire sa tête de mule et arrêter de me parler c'est son problème. De toute façon c'est bien le principe d'une trêve non ? D'être momentanée. Et puis finalement celle-ci aura tout de même duré un peu plus longtemps que ce que j'avais imaginé.

Je n'insiste donc pas plus, je me contente de soupirer et de le suivre vers le carré médias où nous sommes attendus. Nous revoilà repartis, comme avant, comme si Shanghai n'avait jamais existé.

Samedi 6 mai 2023 (GP de Miami)

Max signe une nouvelle fois la pôle position. Décidément, les choses semblent être enfin lancées pour l'écurie. Si je me réjouis intérieurement je n'accompagne pas l'équipe au parc fermé, il ne doit pas avoir envie de me voir et cela m'étonnerait que l'on ait le droit à un nouveau câlin inattendu cette semaine.

Lorsqu'il revient au garage, il passe devant moi sans m'adresser un mot. Je le suis en soupirant, mais je ne relève pas. Je n'ai pas l'énergie de me battre avec lui, et même si je ne vois pas en quoi il pense qu'il peut m'en vouloir, je préfère ne pas gâcher son moment.

Il fait parfaitement illusion en conférence de presse, et lorsque l'on revient Christian nous félicite même pour les progrès que nous avons fait ensemble. Je me retiens d'éclater d'un rire nerveux, et Max se contente d'une remarque sarcastique que je suis la seule à identifier comme telle.

Alors que je ressors de l'hospitalité un peu plus tard avec toutes mes affaires je constate que le paddock est presque désert. C'est agréable d'être libérée de toute cette agitation et de ne pas devoir surveiller mes moindres faits et gestes par peur que les caméras filment tout. Surtout que quelques pas plus loin, je tombe sur un visage plus que familier.

« Dis-moi princesa, tu as besoin d'un chauffeur pour rentrer ? »

Je souris doucement à Carlos mais très honnêtement depuis que nous sommes arrivés je sens bien que les choses sont différentes. Nous avons beau nous dire que le fait que Max ait débarqué dans ma chambre au milieu de la nuit en Chine n'a rien changé, ce n'est pas tout à fait vrai.

Lui se demande certainement s'il ne se passe pas quelque chose entre moi et le néerlandais, je le vois bien aux questions qu'il m'a posé depuis. Il n'y a pas de sentiments entre nous, cependant notre relation demeure exclusive alors il n'est pas dur de se dire que notre pseudo-rapprochement ne lui a pas vraiment plu.

De mon côté, je n'arrive pas à m'enlever cette réaction de Max de la tête. Et pour une raison qui m'échappe, cela m'énerve qu'il soit en colère après moi alors que je n'ai rien fait de mal. Et puis cette réaction puérile de ne pas vouloir me parler, sérieusement j'ai l'impression d'être de retour à la maternelle. Et cela m'agace.

Comme je disais, les choses avec Carlos sont un peu étranges, seulement, je n'ai pas envie d'attendre un taxi et de mettre cent ans à rentrer. Et puis sa compagnie n'est jamais désagréable alors j'accepte sa proposition.