Celle qu'il n'attendait pas

38. Discrétion.

- Charlie -

Lundi 26 juin 2023 (Angleterre)

« Ça ne va pas paraitre étrange tu es sûr ? »

Je déteste cette idée, la fin de ce week-end magique, sortir de notre bulle et retourner au monde réel. Tout cela me fait peur. Tout était si parfait : juste nous deux, collés l'un à l'autre et heureux. Or, maintenant que nous sommes dans cette voiture vers l'usine toutes mes craintes refont surface. De plus je ne parviens absolument pas à le cacher.

Je l'entends soupirer alors qu'il gare la voiture, et je ne comprends pas tout à fait pourquoi il s'arrête alors que nous ne sommes pas encore arrivés. Sauf que soudain sa main posée jusqu'ici sur ma jambe, vient se placer délicatement sur ma joue. Son regard azur plonge dans le mien, et sans surprise mon cœur s'emballe de façon tout à fait incontrôlée

« Charlie ... »

Nous ne saurons jamais ce qu'il avait l'intention d'ajouter, et je ne saurais dire lequel d'entre nous franchit la distance restante entre nous. Ce que je sais en revanche c'est que ses lèvres caressant les miennes réussissent à faire disparaitre toutes mes peurs. La sensation est délicieuse, même sans évoquer l'envolée de papillons au creux de mon ventre.

« Si on fait ça au milieu du hall, c'est sûr qu'ils vont comprendre. »

Je lève les yeux au ciel face à sa remarque mais je me contente de venir l'embrasser une nouvelle fois tout en laissant mes mains glisser dans ses cheveux. Très honnêtement, je sais que ce n'est pas le moment, ni le lieu mais je n'arrive pas à me détacher de lui. Et la seule chose dont j'ai envie en cet instant c'est de lui dire de faire demi-tour afin que l'on retourne simplement se blottir dans mon lit pour y passer la journée au creux des bras de Max comme hier.

Malheureusement ce n'est pas possible. Et contrairement à moi, Max semble s'en souvenir car il finit par détacher ses lèvres des miennes. Si je ne cache pas ma frustration, cela semble surtout l'amuser. Je le vois à la petite étincelle qui brille dans ses yeux tandis que ses lèvres s'étirent doucement dans un sourire railleur.

« Je ne t'ai pas déjà assez embrassée ce week-end peut être Jones ? »

Son ton séducteur ne m'émeut absolument pas, au contraire d'ailleurs. Parce que si j'ai une grande spécialité dans ma vie c'est de détourner les propos des gens. Une passion réelle et sincère.

« Ah parce que toi tu en as déjà assez donc ? Deux jours et te voilà déjà lassé de moi? »

La scène est sûrement hilarante, je me recule pour m'installer à nouveau confortablement dans le siège de la Honda laissant un Max perplexe ne sachant pas si je suis sincèrement vexée ou non. Le problème c'est qu'il lui suffit de replacer sa main sur mon genou pour que je recommence à sourire niaisement en fixant un point imaginaire par la fenêtre ce qui lui donne rapidement sa réponse.

« Charlie Jones, tu es insupportable. Tu le sais ça ? »

Il dépose un baiser sur ma joue pendant je continue mon cirque toute seule, puis je l'entends rire doucement avant de noter que la voiture se remet en route. Bon autant dire que tout mon cinéma ne sert pas à grand chose car au bout de quelques secondes seulement je craque. Je viens poser ma tête sur son épaule avant de placer à mon tour ma main sur sa jambe.

Le trajet dure encore une dizaine de minutes, et alors que nous arrivons au niveau le parking de l'usine je n'ai toujours pas tranché la question. Doit-on afficher notre relation ou non ? Je sais que j'ai dit que je ne voulais pas me cacher mais ça reste notre lieu de travail, et nous n'en sommes qu'à nos début. Je veux dire si on réfléchit bien, vendredi soir j'étais à deux doigts de lui claquer la porte au nez.