J'étais encore à moitié endormie lorsque nous sommes arrivés à l'aéroport. Le concert avait fini tard et avait été suivi d'un bain de foule que je voulais absolument immortaliser. Je n'avais pu prendre que quelques rares photos, mais c'était le premier, je savais que j'aurais de nouvelles occasions. Nous étions donc rentrés à l'hôtel à deux heures du matin, et je n'avais pas réussi à m'endormir avant trois heures. Les images du concert me revenaient en tête inlassablement, bercées par les musiques que je n'avais écoutées que d'une oreille. J'avais beau chercher dans mes souvenirs, je ne pensais pas avoir déjà passé une aussi bonne soirée que celle-là. Ou alors elle remontait à très longtemps, à l'époque du collège peut-être. Une soirée pyjama avec des copines que j'avais perdues depuis. Mais je savais que ce premier concert, à Berlin, m'avait marquée à vie et que je ne l'oublierais jamais.
Je trainais ma valise sans aucune force, des cernes profondes sous les yeux. L'heure matinale de notre avion pour Bruxelles ne m'aidait pas. Je priais pour pouvoir dormir pendant le vol. Et malgré l'habitude, les garçons non plus ne semblaient pas vraiment apprécier le réveil aux aurores. Même si Niall et Harry trouvaient l'énergie de faire quelques blagues, Zayn se rendormait littéralement sur l'épaule de Liam dont les petits yeux traduisaient la courte nuit. Quant à Louis, il n'avait pas ouvert la bouche depuis le petit déjeuner et il semblait aussi fatigué qu'irrité par ce réveil aux aurores.
En attendant l'embarquement, j'ai allumé mon téléphone. Je ne l'avais pas touché depuis notre arrivée au stade, deux heures avant le concert. J'y ai vu trois appels manqués de Chris et un message vocal. Un peu inquiète, je me suis jetée sur la boîte vocale.
– C'est moi. Pourquoi tu réponds pas ?! Tu es si occupée que ça, à prendre des photos de ces mecs ?! Non mais sérieusement, Tina ! Tu m'as oublié ou quoi ?! Je te demande juste de répondre une fois au téléphone, c'est trop pour toi ? Tu me laisses seul, du jour au lendemain et en plus tu m'ignores... Tu es dégueulasse. Tu es putain d'égoïste, Tina ! Bon, rappelle-moi, bébé.
J'ai supprimé le message, le cœur battant. Il avait eu la même réaction lorsque j'étais sortie avec mes amis du lycée et que je n'avais pas répondu à ses messages dans les vingt-minutes. C'était pour ça que je ne les voyais plus. Chris surréagissait tout le temps. Puis il s'excusait et jurait que ça ne recommencerait pas.
Mais il avait raison. J'étais égoïste d'être partie sans lui, du jour au lendemain. J'étais égoïste de ne pas lui avoir donné de nouvelles. Mais il ne m'en avait pas données non plus. Et je travaillais. Hier soir, je n'avais pas eu un seul instant pour regarder mon téléphone. Et je n'en avais pas non plus l'envie. J'étais si bien avec mon appareil photo et mes modèles... Mais ce bien-être était égoïste quand il se retrouvait tout seul chez nous.
– C'était qui ? a fait une voix derrière moi.
Louis s'était rapproché et me regardait maintenant avec des yeux pleins d'étonnement. Gênée qu'il ait pu entendre ne serait-ce qu'un seul mot, j'ai rangé mon téléphone rapidement en fuyant son regard. Chris criait, Louis aurait pu comprendre sa colère rien qu'au travers de sa voix.
– Personne.
– Un « personne » qui crie que tu es égoïste ?
Je n'ai pas répondu, le regard fixé sur mes pieds. De quoi se mêlait-il ? Ça ne le regardait pas ! Pour me donner une contenance, j'ai replacé mes cheveux derrière mon oreille, priant pour que Louis abandonne. Mais il restait là, à me dévisager, attendant une réponse.
– C'est quelqu'un que tu connais ? a-t-il insisté.
– Oui, ai-je répondu d'une petite voix. C'est... c'est mon copain.
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Up and Away
FanfictionTout, dans la vie de Tina Harris, est fade et sans couleur : un métier de photographe publicitaire qu'elle n'aime qu'à moitié, un petit ami qui l'oppresse, une relation que l'amour a déserté, et surtout, une indifférence à sa propre vie qui la suit...