Chapitre 23

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Le retour à Londres avait un goût de vacances aux yeux du groupe. Même si le programme de leur samedi était chargé, ils allaient pouvoir profiter de leur soirée et du dimanche, et surtout se reposer. Malgré les petites pauses qui leur étaient accordées, ils ne touchaient pas terre et leur enthousiasme permanent ne compensait pas le besoin de sommeil. Moi-même, je commençais à ressentir la fatigue de ce rythme inhumain, mais ce n'était sans doute rien comparé aux cinq piles électriques qui performaient presque un soir sur deux en dansant et chantant pendant des heures. De légères cernes apparaissaient sous les yeux de Niall, et Zayn perdait de son énergie à chaque concert. Il fallait maintenant le trainer hors de son lit pour qu'il arrive à se lever et lui servir deux tasses de café avant qu'il soit réellement opérationnel. Je m'inquiétais un peu pour leur santé en voyant leurs nuits et leurs pauses repas réduire de jour en jour, mais ils étaient adultes, ils savaient ce qu'ils faisaient : du moins, c'est ce que j'essayais de croire.

Malgré tout, Finlay avait planifié une séance d'enregistrement de deux autres chansons de leur nouvel album. Aussitôt arrivés dans la capitale britannique, nous avons retrouvé Lionel et ses collègues, les adorables ingénieurs du son qui travaillaient avec les garçons. Ma dernière entrevue avec eux toujours en travers de la gorge, je n'étais que peu enjouée à l'idée de passer la matinée en leur présence. Ils avaient été si hostiles envers moi lors de notre dernière escale à Londres... Mais cette fois, j'y allais la tête haute, de bien meilleure humeur que la première fois.

– On arrive sur les dernières chansons à enregistrer, a récapitulé l'un des producteurs qui nous avait rejoint. Aujourd'hui, Don't Forget Where You Belong et Right Now, c'est bien ça ?

Les garçons ont hoché la tête. Assis autour de cette table en verre, ils ressemblaient plus à des hommes d'affaires qu'à de jeunes adultes encore parfaitement immatures. Je ne savais pas exactement ce que je faisais là, à assister à leur réunion : dans un coin de la pièce, j'essayais de me faire le plus petit possible pour ne surtout pas les déranger.

– Bien. Il en restera deux, à enregistrer dans les deux semaines à venir.

– Trois, en fait.

Louis avait interrompu l'homme avec un léger sourire au bord des lèvres. Le producteur s'est tourné vers le chanteur avec un regard intrigué.

– Louis... Tu as enfin terminé ?

– Je vous avais demandé une semaine.

– Bien, bien... Tu as les paroles sur toi ?

Louis a sorti une tablette de son sac et l'a tendu à l'homme en costard. Dans un geste discret, il m'a lancé un petit clin d'œil et mes joues se sont empourprées : sur l'écran défilaient les paroles de la chanson qu'il avait apparemment écrite pour moi. Tout le monde autour de cette table le savait. Je n'avais encore aucune idée de ce qu'elle pouvait bien dire, et la savoir entre les mains d'hommes inconnus qui l'avaient critiqué quelques jours plus tôt me mettait profondément mal à l'aise.

Mais le producteur a prêté une grande attention à chaque ligne, dans un silence respectueux, puis il a hoché de la tête.

– Bien. Nous en rediscuterons plus tard si cela te va. Mais je suis plutôt favorable à l'idée d'intégrer cette chanson à l'album Delux.

– Très bien, a acquiescé Louis avec un sourire contenu.

Dans mon coin, j'ai moi-même souri à cette annonce, d'un rictus plus que gêné : les One Direction allaient enregistrer une chanson écrite pour moi. Mais quel délire... Je ne comprenais toujours pas pourquoi Louis avait fait ça, ni pourquoi il ne m'en avait toujours pas dit plus sur cette chanson, avant de la faire lire aux producteurs. J'étais partagée entre un sentiment attendri face à cette attention qu'il avait eu l'écrivant, et la peur de ce que les paroles pourraient révéler.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant