Chapitre 7

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Ma deuxième journée à Londres n'avait rien d'éprouvant non plus. D'après l'emploi du temps donné par Finlay, la journée commençait à treize heures trente, avec l'enregistrement d'une chanson dans un studio au cœur de la ville. Ce programme m'intriguait beaucoup et j'avais hâte de découvrir une nouvelle part de leur quotidien caché d'artistes.

Mais pour le moment, je profitais de ma matinée libre pour me reposer. Je m'étais couchée tard la veille, et mes pensées m'avaient empêchée de dormir. Ma conversation avec Louis m'était revenue en tête. Ce qu'il me disait me semblait de moins en moins déplacé : peut-être que Chris n'avait pas toujours un bon comportement. Surtout la veille. Rien ne justifiait qu'il m'interdisse de sortir. J'avais vingt-trois ans, j'étais parfaitement capable de décider de mes choix et de savoir ce qui était ou non raisonnable pour moi. Mais pourtant, je n'arrivais pas à lui en vouloir. Cela avait toujours été comme ça, ce n'était pas l'avis de Louis Tomlinson qui changerait ma vie.

Je me suis longuement étirée avant de me déplacer vers la salle de bain. Là, j'ai fait couler un bain chaud et mousseux et je m'y suis plongée avec joie. Je ne prenais jamais de temps comme ça à Atlanta. Liam avait raison. Jamais je ne me détendais, jamais je ne m'allongeais avec un bon livre, jamais je ne prenais le temps de me faire plaisir. Du matin au soir, je courrais de l'appartement au studio, du studio au bureau, puis du bureau à l'appartement. Je préparais le repas, nous mangions et j'allais me coucher. Et cela me convenait. Avant que j'arrive ici, où on me demandait de me détendre, de poser un peu mon appareil, où on me proposait des soirées et où on me laissait le temps de me prélasser dans un bain chaud. Et je devais avouer que, même si je n'avais jamais rêvé de la vie de palace, ce style de vie, où rien n'était absolument cadré, me plaisait assez.

En sortant du bain, je me suis enroulée dans un peignoir, j'ai séché mes cheveux et je me suis affalée à plat ventre sur le matelas. Il était à peine dix heures, j'avais encore tout mon temps.

J'ai attrapé mon téléphone. Moi qui n'avais d'habitude jamais le temps pour les réseaux sociaux, j'ai décidé d'y faire un petit tour pour voir les nouvelles de mes amis. C'était Caroline qui m'avait initiée, vivement encouragée par Liz. Mais je travaillais tellement que j'y passais rarement plus de trois minutes par jours.

J'ai fait défiler le fil d'actualité pour découvrir quelques photos de ma meilleure amie au Thibet, dont la plus récente était légendée de sa tristesse à quitter l'Asie. Un peu plus bas, j'ai trouvé des photos d'Oliver, mon beau-frère, de Robert, et d'autres collègues photographes qui poursuivaient leur vie à des milliers de kilomètres. C'était amusant comme les réseaux sociaux avaient cette facilité à me rappeler mon insignifiance dans la vie des autres. S'ils étaient faits pour nous rapprocher, ils me rappeler en réalité la distance qui me séparaient de ceux que j'aimais, et qui ne changeait pourtant rien à leur existence. C'était sans doute la raison pour laquelle je les utilisais si peu : je n'avais pas besoin de ça pour m'en souvenir.

Je suis tombée ensuite sur une vidéo de Chase, un très bon ami de Chris que je connaissais bien, datée d'à peine quelques heures. L'image était sombre ; j'ai d'abord dû plisser les yeux pour distinguer quoi que ce soit. Puis j'ai reconnu une foule animée par une musique électro, et illuminée par des spots de couleurs. Une boîte de nuit.

La caméra a tourné pour montrer un groupe plus proche, de face. J'ai reconnu deux amis de Chris.

Et Chris.

Hier soir, Chris était sorti. Après me l'avoir interdit.

Mon crâne, puis ma poitrine, se sont mis à bouillonner. A bouillonner de colère. Jamais je n'avais ressenti ça, mais il n'y avait aucun doute : j'étais folle de rage.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant